Extraits

Les clients se succédèrent, les questions aussi, les ouvrages à emballer, les rencontres amusantes avec des obsédés de livres érotiques. Je compris aussi que la librairie de Fabien était un lieu de rencontre, le rayon gay était notamment le théâtre d’échanges de regards sans équivoques. Paul me le confirma quand il vint m’apporter un sandwich pour faire une petite pause avec moi. Il me raconta les petites histoires de la librairie. Les heures défilèrent, il fallait répondre aux appels, préparer des commandes pour des habitués, certains habitant à l’étranger, déballer des cartons… J’allais bientôt fermer et je profitai d’un peu de tranquillité pour faire la seule chose vraiment essentielle de la journée : vérifier mes mails.

Aucune réponse d’Adrien. Ce n’était pas étonnant. Il avait certainement bien d’autres choses à faire que de m’écrire. J'en profitai pour le chercher sur Internet afin d'en savoir un peu plus sur lui et ses mystères. J’appris qu’il était né en Argentine, à Buenos Aires, que son père était marchand d’art et que sa mère s’était suicidée. Il avait été marié avec une réalisatrice de films, mais sur la plupart des photos, il était accompagné de son éditrice, la fameuse Camille Pasoli. Les derniers clients allaient et venaient. Il était temps de fermer. Mais j’avais du mal à partir. Je lisais les articles les plus longs le concernant, scrutais chaque photo jusqu’au moment où ma boîte mail indiqua « nouveau message ».