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Un arbre ressemble à un peuple, plus qu’à une personne. Il s’implante avec effort, il s’enracine en secret. S’il résiste, alors commencent les générations de feuilles. Alors, tout autour, la terre l’accueille et le pousse vers le haut. La terre a un désir de hauteur, de ciel. Elle pousse les continents à la collision pour dresser des crêtes. Elle se frotte autour des racines pour se répandre dans l’air par le bois. Et si elle est faite de désert, elle s’élève en poussière. La poussière est une voile, elle émigré, elle franchit la mer. Le sirocco l’apporte d’Afrique, elle vole des épices aux marchés et en assaisonne la pluie. Le monde, quel « maestro »
Afficher en entierJe m’en vais dans le champ avec un jeune pommier à planter. Je le pose par terre, je le tourne, je regarde ses branches à peine ébauchées prendre leur place dans l’espace qui les entoure. Un arbre a besoin de deux choses : de substance sous terre et de beauté extérieure. Ce sont-des créatures concrètes mais poussées par une force d’élégance. La beauté qui leur est nécessaire c’est du vent, de la lumière, des grillons, des fourmis et une visée d’étoiles vers lesquelles pointer la formule des branches
Afficher en entierOui, dis-je, un ouvrier a la peau foncée sur le visage, la nuque, les mains : le reste c’est de la villégiature.
Afficher en entierLes livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se déplacer avec les passants qui les emporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usés par les malheurs, fourrés dans un poêle en hiver, déchirés par les enfants pour en faire des petits bateaux, bref ils devraient mourir n’importe comment sauf d’ennui et de propriété privée, condamnés à vie à l’étagère.
Afficher en entierJe lis des vieux livres parce que les pages tournées de nombreuses fois et marquées par les doigts ont plus de poids pour les yeux, parce que chaque exemplaire d'un livre peut appartenir à plusieurs vies. Les livres devraient rester sans surveillance dans les endroits publics pour se déplacer avec les passants qui les apporteraient un moment avec eux, puis ils devraient mourir comme eux, usés par les malheurs, contaminés, noyés. en tombant d'un pont avec les suicidés, fourrés dans un poêle l'hiver, déchirés par les enfants pour en faire des petits bateaux, bref ils devraient mourir n'importe comment sauf d'ennui et de propriété privée, condamnés à vie à
l’étagère
Afficher en entierNous apprenons des alphabets et nous ne savons pas lire les arbres. Les chênes sont des romans, les pins des grammaires, les vignes sont des psaumes, les plantes grimpantes des proverbes, les sapins sont des plaidoiries, les cyprès des accusations, le romarin est une chanson, le laurier une prophétie.
Afficher en entierJe prends le livre ouvert à la pliure, je me remets à son rythme, à la respiration d'un autre qui raconte. Si moi aussi je suis un autre, c'est parce que les livres, plus que les années et les voyages, changent les hommes.
Afficher en entierIl existe une grande variété de bouche, dit-elle, des bouches gouttières où grondent salive et bavardages, des bouches marsupiales qui abritent toujours un petit qui dort, des bouches enveloppes fermées, jamais expédiées.
Afficher en entierMoi, à vingt ans, j'ignore les étreintes et je décide d'attendre. J'attends la créature qui m'est attribuée. Je suis attentif, j'apprends à parcourir en un instant les visages d'une foule. Certaines méthodes enseignent la lecture rapide des livres, moi j'apprends à lire une foule au vol.
Afficher en entierJe pense aux gens du Sud pleins de malheurs, gâtés par la mort qui nous détache par mottes, qui en glisse des vivants par milliers dans son sac, aussitôt attrapés. L'amour alors est un échange de fortes étreintes, un besoin de noeud. Et au bout de chaque étreinte, au bout de cette paix donnée, il reste le non-dit d'un adieu endurci.
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