Extraits

- Tu dois l'éviter à tout prix, George, dit Jo.

- Non, au contraire, elle devrait boire un verre avec lui et lui demander de la laisser tranquille, objecte Clem. Et emmener quelqu'un de menaçant avec elle.

- Du genre toi ?

- Je pensais plutôt à quelqu'un qui soit capable de lui casser le bras et de le lui faire manger.

- Toi, donc.

- Tu devrais aller voir un psy. ça aide, sincèrement.

- C'est vrai ?

- J'en ai vu une. Ma psy utilisait une analogie pour évoquer une relation compliquée avec la personne qui est partie, celle de la plaie propre contre la plaie sale. La plaie propre est une blessure dont la cicatrisation est plus facile. Lorsque c'est une plaie après explosion d'éclats d'obus il y a des infections, des coupures secondaires. Cela met plus longtemps à guérir et ça ne guérit pas de la même façon. Il faut accepter le fait que les dégâts sont différents.

C'est le dernier facteur qui contribue à la désolation existentielle qu'est mon passage à la trentaine. Dans la vingtaine, je pensais que j'étais une chenille, que j'allais devenir chrysalide, puis me transformer en papillon. La fille en manteau rose au maquillage qui coule, aux racines qui ont besoin d'une couleur, assise dans un bus de nuit avec une portion de frites, après un service horrible où on lui a demandé si ses seins sont faux... Elle n'était pas ce que j'allais être. Elle était un début d'histoire formidable.

Parfois, parce qu'on voulait que certaines personnes s'occupent de nous et qu'elles ne l'ont pas fait, on ne prend pas soin de nous-mêmes. Délibérément. On se venge d'elles en se négligeant.

Autrement dit, tout le contraire du précepte de Clem.

- On fait ça par vengeance ? avais-je demandé.

- Peut-être par vengeance, peut-être à cause d'un désir caché d'embrasser un échec pour lequel tu penses être programmée, de toute façon.

Bizarrement, le pire, c’est lorsque j’annonce mon départ à Kitty. Elle pleure.— Tu étais comme une sœur pour moi, dit-elle en me serrant dans ses bras.

— Je continuerai à venir, on se verra encore.

— Oui, mais ça ne sera pas pareil. J’ai l’impression d’avoir tellement appris avec toi.

— C’est vrai ?

— Oui. C’est toi qui m’as expliqué que les abats étaient des morceaux de viande. Moi, je croyais que les gens parlaient de manger le groupe qui chantait Mamma Mia.

— On restera amies, je te le promets. Quand je me fais des amis, c’est pour la vie.

Spoiler(cliquez pour révéler) Je me demandais ... maintenant qu'on a tiré le passé au clair ... je me demandais si je pouvais à nouveau faire parti de ton présent. [...] Je suis en train de te demander si je peux t'inviter à dîner un de ces soirs. [...] Ce que je me demande, en vrai, c'est si, toi aussi, tu espères que c'est un de ces premiers rendez-vous qui se transformeront en jours et en nuits, pas juste parce qu'on se désire, mais parce qu'on ne supporte pas d'être séparés l'un de l'autre. [...] Quand je dis "dîner", ce que je me demande, c'est si tu aimerais que je t'arrache à nouveau ton t-shirt, et pas parce qu'il est couvert d'urine de strip-teaseur. [...] Je me demande si tu si tu aimerais qu'on passe tellement de temps l'un chez l'autre que, tôt ou tard, ça semble logique de vire ensemble. [...] Je me demandais si tu aimerais avoir quelqu'un qui t'aide à remonter la fermeture de ta robe avant une sortie. Si tu aimerais avoir quelqu'un à appeler en cas de problème. Si tu voulais avoir quelqu'un à qui envoyer un texto pour qu'il achète des fish and chips quand tu as la flemme de préparer un vrai repas. Je me demandais si tu aimerais avoir quelqu'un de ton côté quand tu rends visite à ta famille, quelqu'un qui leur dirait la chance qu'ils ont de t'avoir. Si tu aimerais avoir quelqu'un qui va t'acheter des médicaments quand tu as la grippe. Je me demandais si, au cas où ce merdeux de comique t'approcherait à moins de 10 mètres, je pouvais lui coller mon poing sur la gueule. Pour être honnête, si je le croise, je le ferai sûrement, que je sois ton petit ami ou pas, parce que c'est un connard de première, qu'il le mérite, et qu'aucun tribunal ne me condamnerait pour ça. [...] Je me demandais, Georgina, si tu pouvais t'imaginer être à nouveau amoureuse de moi, comme je le suis de toi. Et, étant donné que tu es la meilleure chose qui me soit arrivée, si tu voulais bien me laisser une chance d'être le meilleur pour toi aussi.

Je jetai un coup d’oeil en direction de Lucas, pour lui assurer que ce n’était rien, bien sûr. Il me répondit avec le même regard exactement que lorsque je m’étais assise à côté de lui la première fois.

« Tu vas me faire mal à quel point ? »

Par la porte de la cuisine entrouverte, j'ai vu un chef cuistot, qui ressemblait à un Bee Gees mort, en train de se gratter les bijoux de famille, alors je suis parti avant qu'il ne m'infligent le plat principal.

Peut-être que toutes ces années où il a été ignoré et marginalisé, à l'école, ont fait naître en lui un profond ressentiment, et qu'il décime à présent les beautés de l'Île d’émeraude, affichant son mépris, une fois sa conquête terminée.

Je souris en l'imaginant en couverture d'un de ces romans à l'eau de rose : chemise ouverte, ses bras musclés enserrant une damoiselle entêtée et tenace dans une étreinte écrasante. La Fiancée pure du tenancier irlandais.