Extraits

L'esprit de Morgan galopait en exultant. Merde, se dit-il, jamais D.H Lawrence n'aurait pu inventer ou mettre plus habilement en scène cet épisode : la violence, le sang, le mâle agressif, la femelle admirative - l'air lui-même vibrait d'animalité pure.

Dans l'anthologie de ses désastres personnels, il ne parvenait pas à se rappeler une soirée aussi traumatisante et dévastatrice et pourtant si cruellement proche de la perfection.

A présent, étendu, il se demanda s'il se serait montré aussi délicat et réticent sans les horribles gonocoques dont il était l'hôte.

L'idée puérile lui vint que s'il restait assez longtemps simplement assis sans bouger, s'il ne dérangeait personne, s'il n'attirait pas l'attention sur lui, tous les abominables traumatismes qui ravageaient actuellement sa vie finiraient par se lasser et s'éloigner en grondant, comme une armée en maraude en route pour aller saccager le village suivant.

Comme Rome, Nkongsamba était bâtie sur sept collines, mais toute ressemblance s'arrêtait là. Elle ne ressemblait à rien d'autre qu'à une flaque de vomi déposée par quelque ivrogne sur la pelouse mal entretenue de quelque riche résidence.

Like Rome, Nkongsamba was built on seven hills, but there all similarity ended. It resembled nothing so much as a giant pool of crapulous vomit on somebody's expensive unmown lawn.

Morgan détestait le spectacle de ces petits genoux gras passant chacun une tête de nouveau-né chauve et ridée entre l'ourlet du short et le haut des chaussettes.

En y resongeant, il confessait à regret qu'il avait été grossier, boudeur, brutal, égoïste, déplaisant, hypocrite, lâche, prétentieux, fasciste, etc., etc. Une journée à peu près normale. Mais ..., se dit-il. Oui, mais. Etait-il tellement différent des autres dans ce pays de merde, dans ce vaste monde grouillant ?

Unique, non ? L'Afrique. Cette chaleur ... la vie ...tout est si différent. Nous ne pourrons jamais changer ça.

Je ne me sens pas capable de survivre à un seul hiver britannique.

L'amour embrasa son cœur comme le feu une nappe de napalm: un amour stupide, un amour irrationnel d'ivrogne sans beaucoup de rapport ave l'Amour avec un grand A.