Extraits

L’alarme bienvenue de mon téléphone vient de retentir et me distrait de la lecture d’un soporifique bouquin sur l’Intelligence Artificielle conseillé par un enseignant. J’ai 24 ans et je suis étudiante en fin de 1ère année de MBA à l’IAE Paris-Sorbonne, mon professeur en sociologie des entreprises veut me rencontrer très rapidement.

Installée à la bibliothèque, dans un fauteuil un peu défoncé, je souffle d’inquiétude et mon cœur s’emballe un peu. Je regarde mon téléphone, il est 16 heures et j’ai cours dans une heure. Je rappelle aussitôt le secrétariat afin de fixer un rendez-vous, pourquoi pas aujourd’hui en fin de journée si Mr Schneider est disponible car nous sommes vendredi et peut-être souhaite-t-il quitter tôt le campus ?

Monsieur Schneider répond qu’il me recevra à 19 heures 30 après l’amphi de 17 heures dans son bureau. Je suis vraiment tracassée car je n’ai pas l’habitude d’être convoquée, bien que très gaie et souriante, je n’ai rien de flamboyant. Je suis une étudiante calme, assidue, régulière et mes résultats sont satisfaisants. La seule raison que j’imagine justifier une convocation est le mémoire à rendre à la rentrée pour clôturer la matière cette année. Je dois faire une suggestion de sujet rapidement or c’est la panne sèche. Je n’étais intéressée par aucun des sujets d’étude proposés par les enseignants, je les trouvais trop communs, j’espérais un peu d’originalité mais voilà, bien fait pour moi, je manque singulièrement d’inspiration pour amener un travail qui n’a pas déjà été fouillé et décortiqué.

J’espère pouvoir bénéficier d’un petit sursis pour faire une proposition intéressante, même si j’ai conscience que le temps passe vite et que les vacances d’été commenceront dans à peine plus d’un mois. J’ai validé tous mes partiels, mon année est quasiment acquise car il ne reste que ce fichu mémoire à rendre en septembre et à soutenir au plus tard en novembre.

Mr Schneider répond à mon petit coup sur la porte de son bureau. Je rentre dans ce local pompeusement appelé bureau, sentant la poussière et encombré de documents et de livres en me demandant comment il fait pour s’y retrouver, moi qui ait besoin d’un environnement ordonné pour me concentrer. Mr Schneider est un petit bonhomme un peu rond, empathique, qui se targue de connaitre ses élèves plus qu’ils ne l’imaginent et de les pousser à se dévoiler et à dépasser leurs limites, surtout quand ils n’en n’ont pas envie.

- Bonsoir Monsieur, vous souhaitiez me voir ? dis-je impressionnée malgré moi.

- Bonsoir Sybille, posez ces dossiers sur le coin du bureau et assoyez vous. C’est formidable que vous ayez pu répondre aussi vite à mon texto. Je n’ai pas encore reçu votre proposition de sujet de recherche … à moins d’une erreur de ma part ?

- Non effectivement, j’avoue être un peu embarrassée, j’aimerais étudier une organisation sortant de l’ordinaire comme je vous l’avais dit, mais à par ça, les pistes que j’ai trouvée ne me passionnent pas ou ne comportent pas tous les volets, organisationnels, humains comme économiques à travailler. Je voudrais vous demander un petit sursis, au maximum d’une quinzaine de jours pour vous communiquer des propositions.

- Justement Sybille, j’y ai réfléchi et j’aurais quelque chose à vous soumettre, c’est inédit et je pense que ce sujet peut en plus, vous faire sortir de votre zone de confort.