Extrait

— Monsieur Connelly ? Et monsieur Connelly ?

Patrick sursauta au son de cette voix. Elle était profonde, masculine, et parfaite. Il semblait qu’elle vibrait d’une espèce d’harmonique secrète qui faisait écho dans tout son corps, ramenant sa queue à la vie en un instant. Qui qu’il soit, quoi qu’il ait pu dire, il avait la voix la plus sexy que Patrick ait jamais entendue. Avec sa peau bronzée, ses cheveux bruns épais et ses yeux foncés, presque gris-bleu, l’homme dans la voiture était merveilleusement beau.

Patrick n’avait pas eu l’intention de le fixer, mais l’homme restait assis sans bouger, en le regardant droit dans les yeux, avec un petit sourire détaché, magnifique. Alors même que son traître de corps commençait à réagir à cette vue, se faisant de plus en plus dur et tendu, Patrick sut qu’il devait faire quelque chose. Il croisa les jambes, espérant que Jay ne remarquerait pas à quel point il était mal à l’aise.

— Oui, qu’est-ce que vous voulez ?

Le sourire de l’homme vacilla et s’évanouit, ses prunelles se rétrécirent. Son expression passa d’amicale à dure et professionnelle en un instant.

— Monsieur Connelly, je suis Ken, le conseiller de probation de votre fils. J’ai cru comprendre que vous avez eu des ennuis en venant ici ce matin, alors j’ai pensé vous ramener chez vous. Montez.

— Pourquoi est-ce qu’on a besoin d’un chauffeur, déjà ? demanda Jay.

— Parce que.

Dans la voiture, Ken se mit à glousser.

— Ton père est tombé en plein milieu d’une agression ce matin. Il a sauvé un enfant de ton âge, mais il a dû venir faire une déposition.

Jay se ragaillardit un peu.

— Oh. C’est pour ça que tu étais en retard ?

Patrick déglutit difficilement et se força à détourner le regard du nouveau conseiller de probation de son fils.

— Plus ou moins, oui.

— Je pensais que tu me laissais attendre pour me donner une leçon. Encore une fois.

— Non. Ça n’a pas marché la dernière fois, alors je ne vois pas pourquoi ça marcherait maintenant.

Il sentait encore les yeux du conseiller sur lui, et ça commençait à le rendre nerveux. Patrick changea encore de position, essayant de forcer son pantalon à passer à la taille supérieure par la simple force de son esprit.

— C’est ce qu’on fait quand on est intelligent. On apprend de ses échecs. On ne les répète pas éternellement en espérant que les choses changeront d’une façon ou d’une autre si on recommence.

— Ouais, ouais.

— Allez, montez dans la voiture, répéta Ken.