Commentaire de babyreader

Je tiens avant toutes choses à remercier Delenn Harper qui a accepté de m’envoyer son roman en service de presse.

Un pays celtique est une œuvre se composant de trois livres : Le Grand Hiver, Le Printemps Languissant et La Luminosité de l'Été. Présenté comme un roman de fantasy, il n’y a pourtant aucune trace de magie ou de créatures fantastiques à proprement parlé. Ici, nous sommes plutôt face à un roman que je qualifierai d’« apprentissage » ou de « développement personnel » basé sur la culture et les mythes celtes.

Nous y faisons la connaissance de Lania, une jeune femme d'origine bretonne qui un matin reçoit une lettre pour intégrer une mystérieuse école dans le but de devenir une Prophétesse d'Avalon ; un petit côté Harry Potter qui s’arrête assez rapidement. Nous allons la suivre pendant près d'un an dans son apprentissage où Lania va alterner entre ses cours et sa vie quotidienne à Paris et mettre en application les enseignements qu'elle reçoit. Ces enseignements vont lui permettre d’apprendre à surmonter les traumatismes qu'elle a subi dans sa vie. Elle s'engage alors dans un véritable combat intérieur (encadré par des dialogues très riches et développés au fil des saisons, des phases de la lune, etc).

La majorité des dialogues est menée par les professeurs de Lania qui nous offre, par le biais de longs monologues, ce que je qualifierai des cours magistraux. J'ai trouvé ça parfois trop lourd et j'ai eu la sensation de lire un manuel. Ce qui je l’avoue m’a fait par moment décrocher du récit et m’a même poussé à sauter quelques-unes des explications. Il était également difficile de se souvenir du commencement d’un discours une fois arrivé à la fin de celui-ci, et je n'ai pas toujours compris ce que certains des enseignements étaient censés apportés à Lania.

Je regrette également le fait que les passages concernant notre héroïne avec ses proches soient aussi narratifs, cela ne les mettaient pas en avant et ne m’a donc pas permis de m’attacher davantage à Lania. En effet, outre ses combats intérieurs qui nous permettent de rentrer profondément dans ses pensées et de la connaître en profondeur, je n’ai pas réussi à m’attacher à ce personnage en tant que tel.

Cependant, je dois bien avouer avoir appris plein de nouvelles choses extrêmement intéressante - je ne suis pas certaine de bien tout garder en tête, mais Delenn Harper exploite la quasi-totalité des nations celtes en réunissant les irlandais, les bretons, les écossais, les gallois.... elle met également en avant les nombreuses similitudes que chacun possède ainsi que leurs divergences (comme les langues celtes qui diffèrent selon les endroits). Cependant j'aurais quand même bien aimé que le côté culturel soit aussi davantage approfondi car on reste un peu sur notre faim. Je suis pourtant sûre et certaine que l'autrice a effectué bon nombre de recherches pour ce roman, et même si on ne peut pas tout mettre (augmentant sinon considérablement le nombre de pages), quelques ajustements auraient sûrement permis de développer ce point.

Les principes et les valeurs mis en avant dans ce roman sont d'ordre personnel. Personnellement, je n'adhère pas du tout à certain de ces préceptes comme par exemple soigner les maux par le biais quasiment unique de l'homéopathie et d'herbes ce qui me semble fou... Et puis parlons du sujet de la pilule contraceptive... Nos ancêtres se sont battues pour pouvoir avoir le droit à la contraception et la pilule donne un droit de regard au femme sur le fait de désirer, ou non, avoir des enfants. L'enseignante de Lania met en avant le fait que la pillule impose un cycle non-naturel et compare le sang des menstruations sous pilule à un sang qui est malade... Ce raisonnement se base sur l'idée patriarcale que les hommes peuvent ainsi contrôler le corps des femmes. Je ne suis absolument pas d'accord avec ces propos-là. En tant que femme, aujourd'hui, je prends la pilule car c’est un choix qui m'est propre, et non parce qu'un homme m'a dit de la prendre.

Par ailleurs, si l'enseignement que reçoit Lania a aussi pour but de prôner le féminisme, j'ai de sérieux doute quant à un échange entre elle et une de ses enseignantes où il semblerait être inenvisageable que Lania n'ait pas ou ne souhaite pas avoir des enfants... C'est un peu deux poids, deux mesures et j'ai eu l'impression qu'en fin de compte, notre héroïne ne sera pas davantage plus libre qu'elle ne l'a été auparavant...

Une romance a également pointé le bout de son nez, et elle aurait pu être intéressante si elle avait été davantage développée. Surtout que nos deux personnages semblaient être prédestinés l'un à l'autre, d’après ce qui est dit. Or, on ne le ressent absolument pas, les émotions ne sont pas retranscrites. Il y a beaucoup de distance entre les personnages et le lecteur, et c'est ce qui, de mon point de vue, manque le plus. Surtout qu'il s'agit d'un texte qui se veut fictif, l’auteure aurait donc pu jouer sur ce point, pour se permettre de développer plus les échanges et nous permettre ainsi de mieux comprendre et ressentir les émotions des deux personnages...

Je ressors donc assez mitigé par ma lecture. Il est évident que je ne m'attendais absolument pas à vivre une quête qui se veut à ce point spirituelle, malgré le hashtag qui nous en informe. J'aurais plutôt pensé à quelque chose de plus nuancé. Et le fait que ce roman soit présenté comme un roman de fantasy, laisse à penser qu’il y aura de l’action etc... ce qui nous donne avant même le début de notre lecture des attentes biaisées. En effet, ce qui semble être recherché ici, c'est l'introspection de soi. Et encore, pour se faire il faut adhérer aux valeurs transmises par ce récit (fictif ou non). Néanmoins, je ne peux que féliciter et saluer tout le travail fourni par Delenn Harper, qui a fait tout son possible pour nous offrir une œuvre complète et qui se veut riche en informations.