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Son patron, le commissaire Célestin Hennion, surnommait ce lieu « la douane des morts ». Le chef de la Sûreté parisienne lui avait raconté que cette idée lui était venue à l’esprit le jour où, à Venise, suivant le Grand Canal jusqu’à l’Adriatique, il avait découvert la silhouette de la Douane de mer surmontée de sa sphère dorée soutenue par des Atlas.

– Ici, les morts sont comme les marchandises débarquées des navires, lui avait-il expliqué. Ils nous arrivent de partout, souvent dans des conditions pas très claires. On les examine, on les trie, on les identifie, on les garde en quarantaine si nécessaire et, à la fin, on les réexpédie. On les rend à leur famille ou on les envoie à la fosse commune…

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– Tu n’as pas l’habitude, hein ?

– Non…

– Ça se voit. Un conseil : prends toujours de quoi fumer avec toi. N’importe quoi, cigarette, cigare, pipe. Mais que ce soit fort. Y a que comme ça qu’on supporte l’odeur. Même eux font ça.

Il désigna du menton le légiste et ses deux aides.

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– Et à côté du corps, est-ce qu’il y avait des objets, comme une canne, un parapluie, un chapeau ?

Le gardien de la paix réfléchit un instant.

– Canne… Non. Mais un galure, oui. Un chapeau mou, sombre, avec une sorte de bandeau de soie noir. Grand chic ! C’est Albert qui l’a trouvé. Il avait roulé dans le caniveau. On le lui a posé sur le bide quand la voiture de la morgue est venue ramasser le macchabée. Il doit toujours y être, là-bas.

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L’inspecteur Jules Lerouet prit le temps de finir sa cigarette avant de pousser la porte de la morgue. Situé quai de l’Archevêché, à la pointe sud de l’île de la Cité, le bâtiment lui faisait irrésistiblement penser à une petite gare de province avec son pavillon central percé de trois grandes arches et ses deux ailes basses d’une stricte symétrie. Une gare qui avait singulièrement perdu de son animation deux ans plus tôt lorsque le préfet Lépine avait interdit d’exposer les cadavres au public. Cela avait été jusqu’alors un des spectacles les plus courus et les plus indécents de Paris. Badauds, voyeurs, touristes, familles inquiètes et gamins avides de découvrir les secrets de la vie défilaient devant les grands châssis vitrés, à peine tenus à distance par une balustrade en fonte. Les corps y étaient offerts aux regards sur des dalles de pierre légèrement inclinées vers le public. On pouvait en compter jusqu’à six les jours de grande affluence, alignés comme à la parade, nus, une pièce de cuir ou de tissus masquant seulement leurs parties intimes. Accrochés aux murs ou présentés sur des mannequins de couturière, leurs vêtements étaient censés aider à les identifier. Mais l’immense majorité des visiteurs se contentaient d’observer les cadavres. Certains y trouvaient de l’émotion à bon compte, s’apitoyant sur le sort d’hommes et de femmes trop tôt arrachés à la vie. D’autres se rassuraient en contemplant ces épaves ramassées sur le trottoir ou repêchées dans la Seine. Beaucoup venaient aussi pour contempler des corps, dans leur nudité crue, sans avoir à débourser un centime. Le voyeurisme le plus indécent s’affichait là sans que personne n’y trouve à redire. Parfois, une mort mystérieuse, un inconnu d’une étrange beauté ou une retentissante affaire criminelle attirait les foules. Il fallait alors établir un service d’ordre, faire entrer les visiteurs par petits groupes et les presser sans cesse afin qu’ils ne stationnent pas trop longuement devant les vitres. Mais, en général, pauvres hères morts de froid ou d’épuisement, noyés, pendus et autres suicidés constituaient le lot commun de la morgue.

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