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Elle ouvrit la portière, s’assit au volant en pestant contre l’air froid, son blouson déchiré, son lit vide, et cette voiture qui refusait de démarrer.

Elle essaya encore, et encore, mais la voiture était raide morte. Et c’est à ce moment précis que sonna ce maudit téléphone.

— Oui, répondit-elle sans même vérifier le numéro.

— C’est Henrik. Il y a eu un nouveau meurtre. Tu es où ?

— Chez moi, ma foutue voiture refuse de démarrer.

— Relax, Mia. Écoute, je suis là dans dix minutes.

— Et où on va ?

— À Borg, du côté de Klinga. Apparemment, c’est pas joli à voir

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— Non, la chambre était fermée de l’extérieur. Et c’était ça qui était bizarre. Maman ne fermait jamais…

Aida déglutit et inspira par le nez.

— … et puis j’ai entendu Sara à l’intérieur et j’ai ouvert la porte. En fait, elle aurait dû être à la maternelle. En la voyant, j’ai compris qu’il s’était passé

quelque chose et j’ai essayé de lui parler, de la tenir, tout ça. Puis je suis allée dans le séjour, et c’était là que maman… C’était là qu’elle était.

— Votre maman était-elle seule dans l’appartement quand vous êtes rentrée ? demanda Mia.

— Sara était là.

— Oui, mais à part elle, y avait-il quelqu’un dans l’appartement ?

— Non, je vous l’aurais dit.

Henrik se prit le front et réfléchit.

— Votre maman était grièvement blessée, dit-il.

— Oui.

À présent, les lèvres d’Aida tremblaient.

— Je me suis approchée d’elle, mais je ne savais pas quoi faire. Elle me regardait et il y avait du sang sur elle, partout, et ses mains… ses mains

étaient…

Aida porta la main à sa bouche pour réprimer un haut-le-cœur.

— A-t-elle dit quelque chose ?

Aida hoqueta derrière sa main, mais ne put finalement pas se retenir. Elle se leva en hâte et quitta la cuisine.

— J-je vais la chercher ? demanda Maria, qui était apparue à la porte.

— Non, dit Henrik. En revanche, nous aurions besoin de vous parler, à

vous et aussi à Sara.

Le silence se fit un instant, puis elle dit :

— Non.

— Non ?

Henrik haussa les sourcils, se sentant désarçonné par cette réponse.

— V-vous pouvez me parler, m-mais pas à Sara, dit Maria.

— Mais il nous faut lui parler, dit Mia. Vous bousillez notre enquête si vous ne nous laissez pas le faire. Vous ne voulez pas savoir qui a assassiné

votre fille, hein ?

— M-mais Sara est si petite.

— Nous avons du personnel spécialisé dans l’audition des enfants, dit

Henrik.

— J-je comprends, mais non…

Maria secoua la tête.

— Allez, quoi, insista Mia. Pourquoi ne pouvons-nous pas lui parler ?

Henrik se passa la main dans les cheveux.

— Nous respectons le fait que vous cherchiez à protéger Sara, dit-il, mais, dans le cas présent, il est très important que nous puissions lui parler.

— J-je v-vais y réfléchir.

— Très bien, dit-il, et sachez bien que tout ce que nous voulons, c’est trouver qui a fait ça à Shirin.

— M-moi aussi.

— Vous-même, avez-vous une idée de qui cela pourrait être ?

— N-non, non, mais celui qui…

Maria leva les yeux au plafond en marmonnant quelque chose d’inaudible.

— Pardon, que dites-vous ?

— J-j’ai dit que celui qui a fait ça à m-ma f-fille brûlera en enfer.

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Philip Engström appuyait ses mains sur le plan de travail noir dans la salle du personnel aux urgences de Norrköping. Une fenêtre ouverte laissait entrer un peu d’air frais printanier. Il se servit une tasse de café à la machine et s’y réchauffa les mains, avant de traverser la pièce pour se couler au fond d’un des canapés.

Il lui restait encore une heure avant la fin de son service, mais il avait déjà très envie de fermer les yeux, de pouvoir s’assoupir un moment, ne serait-ce que quelques minutes.

Il savait qu’il n’aurait pas dû y songer, mais il avait besoin de se ressaisir après les événements stressants de la nuit et, soudain, il avait piqué du nez, englouti par le sommeil, et avait rêvé d’une cascade qui tombait en tourbillonnant.

Il entendit alors quelqu’un l’appeler, au loin, sursauta, tâtonna sur la table en renversant son café.

— Mais enfin, Philip !

— Salut, Sandra, dit-il, mal réveillé.

Sandra Gustafsson était à deux mètres de lui, une main sur la taille. Elle était blonde, avec des yeux aussi verts que leurs blouses. Elle était ambulancière urgentiste, la dernière d’une longue série de recrues récentes. Elle était compétente, travaillait dur, tout en se souciant de ses collègues.

— Toujours fatigué ?

— Pas du tout, dit Philip en se levant pour éponger le café renversé avec une quantité inutile d’essuie-tout, avant de se rasseoir sur le canapé.

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