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Martin composa à nouveau le numéro de fixe de
Bramerton Street et, comme les fois précédentes, renonça à confirmer son appel dès qu’il vit la série de chiffres s’afficher sur l’écran de son mobile. Kate avait téléphoné la veille, alors qu’il errait à travers les Black
Mountains du pays de Galles. Elle lui avait laissé un message qui l’avait rendu perplexe. Machinalement, il appuya sur la touche pour le réécouter: «Martin, c’est moi… J’espère que tout se passe bien pour toi. Ça fait deux mois maintenant. Donne-moi des nouvelles! À
Londres, il pleut. Enfin, c’est la routine… (rire étouffé) le grand bordel habituel quoi!». Puis, avant le déclic de fin, il croyait entendre d’une voix à peine audible:
«Tu me manques, Peterson…»
À moins qu’il n’ait voulu l’entendre. À moins qu’il n’ait imaginé cette phrase qu’il redoutait et espérait tout à la fois.
Afficher en entierLaura se retourna vers la sinistre façade du château de Dunvegan. Le fief de la famille Mac Leod dressait sa masse imposante et ses tours crénelées vers le ciel noir. Il se détachait à peine du manteau de la nuit et semblait, à lui seul, jeter un défi à la mer toute proche. La veille, la neige s’était mise à tomber
à larges flocons, recouvrant les paysages alentour d’une mince pellicule blanche qui s’accrochait obstinément au sol des Highlands.
Laura détourna les yeux de cette vision fantomatique.
La tête lui tournait et, dans sa bouche, le velouté du whisky avait pris une saveur amère.
Devant elle, les silhouettes d’Angela et de Tracy avançaient comme dans un film projeté au ralenti.
Leurs voix et leurs rires se perdaient dans le silence minéral qui paraissait sourdre des vieilles pierres.
À travers une bourre de coton, Laura entendit pourtant Angela qui grasseyait :
— Eh !… T’as vu l’heure mon chat ? 10 heures…
Même une poule trouverait qu’il est trop tôt pour aller se pieuter !
Laura trébucha sur le sol durci, sentit des cailloux rouler sous ses pieds, juste au-dessous de la neige.
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