Ajouter un extrait
Liste des extraits
Jacinthe se mit à applaudir lentement et, comme si le tueur lui faisait face, elle dit en ricanant :
– Presque dix jours entre le premier et le deuxième meurtre, pis là, un troisième en moins de quarante-huit heures. Ouin, y se lâche lousse, le graffiteux !
Le sergent-détective acquiesça. L’assassin semblait gagner en confiance, ce qui n’était guère rassurant pour la suite. S’avançant, Victor donna une petite tape compatissante sur l’épaule du médecin légiste. Avec les années, il avait cerné le tempérament de Berger et savait quel levier actionner pour obtenir des résultats rapides: l’homme aimait qu’on reconnaisse qu’il était débordé.
– Effectivement, c’est la deuxième victime en quelques heures. Ça commence à t’en faire pas mal, Jacob.
Afficher en entierLaissez-moi vous raconter une petite histoire. C’est un bon père de famille. Il a une gentille conjointe qui l’aime, des enfants, un bon boulot, une jolie maison, une belle voiture. Tout est parfait, sauf que, dans sa tête, il pense sans cesse à baiser toutes ces jolies filles qu’il croise dans la rue. Il les désire au point que ça occupe chacune de ses pensées, au point qu’il est envahi d’idées délirantes. Tenez, dans ses fantasmes, il imagine que tout à coup le monde autour de lui s’immobilise, que les passants se gent et qu’il peut alors choisir les filles dont il a envie pour satisfaire sur-le-champ ses plus vils désirs et ensuite en disposer comme des objets jetables. Petit à petit, il en devient obnubilé: vous savez, chaque fois que notre bon père de famille parle à une fille, il se persuade qu’elle s’intéresse à lui. Après un moment, il est certain qu’elles s’intéressent toutes à lui. Et puis, un jour, il n’en peut plus, de toute cette souffrance: il se met à en suivre une en voiture. Convaincu qu’il ne lui fera rien, il se contente de l’observer et de se masturber. Mais, ce soir-là, une pulsion plus forte que toutes les autres l’envahit et le force à sortir de la voiture. Tout lui semble irréel : la qualité de l’air, la réverbération des sons, l’éclat de la lumière.
Afficher en entierOn est parfois dépassé par sa propre vie. Le jour où tu laisseras tes propres valeurs se substituer aux faits, lâche ton job. Sinon, ça te rongera de l’intérieur…
Afficher en entierIl n'y a pas d'émotion plus pure, plus vraie que la peur. On ne peut la confondre avec aucun autre état.
Afficher en entierLe but recherché par tout individu dans son développement est le plaisir. Or, la faillite de la société est de laisser croire que cet homme est une exception alors que c’est exactement le contraire.
Afficher en entierElle leva les yeux de son livre quand il entra dans la pièce et lui sourit, et il sut que ce sourire le rattachait au reste du monde.
Afficher en entierIl savait que l’on finit toujours par extraire quelque chose du vide. Et que lorsqu’on ferme les paupières et que les images se mettent à défiler, des ombres peuvent surgir des ténèbres, se matérialiser.
Afficher en entierLe monde d’aujourd’hui a trop peur des mots. On édulcore, on rogne, on polit, on lisse. Et à la fin, toutes les différences s’aplanissent, la vanille goûte la merde, on ne dit plus rien. On balance du vide, on ment à répétition tandis qu’à l’intérieur, dans sa chair, on ressent autre chose. Pour que la vie en société soit possible, on dit le contraire de ce qu’on pense.
Afficher en entierL’éthique est trop exigeante, elle se soucie trop peu du moi : elle édicte un commandement sans se demander s’il est possible de l’observer. Tant que la vertu ne trouvera pas sa récompense sur cette terre, l’éthique prêchera en vain.
Afficher en entierLes notions de bien et de mal telles que la civilisation les conçoit ne sont pas deux points opposés à chaque bout d’un spectre. Ce sont deux courbes qui se rejoignent pour former un cercle parfait. Acceptez d’être qui vous êtes. Acceptez qu’il soit dans la normalité des choses qu’il y ait des prédateurs et des victimes.
Afficher en entier