Ajouter un extrait
Liste des extraits
Nathaël et Marc partirent dans des considérations comptables tellement techniques que les deux autres prirent leurs verres, les derniers feuilletés, et battirent en retraite vers la cuisine où traînaient encore les emballages de leur dîner. Jans posa son verre et commença à plier les cartons avant de les jeter dans la poubelle destinée au recyclage.
— Tu en es où avec ton M. Macaron ? interrogea-t-il à voix basse.
— C’est génial et compliqué à la fois, soupira Chris, appuyé contre le plan de travail.
— Ah bon, pourquoi ? Vous avez l’air bien ensemble. Si tu veux mon avis, il a complètement craqué pour toi.
— Ce n’est pas si simple.
— À cause de son fils.
— Ouais. C’est un chouette gamin, mais sa présence complique tout. Je ne l’avais pas vu depuis dimanche matin.
— Tu serais vraiment prêt à le quitter pour ça ? Tu aurais la famille dont tu rêvais. Bon, son fils est déjà grand, mais vous pouvez encore avoir de beaux moments à trois.
— Je n’en sais rien… Il reste une semaine et demie avant la fin des travaux, une semaine et demie pour savoir si je veux vraiment m’engager dans cette relation avec le père, et le fils.
— Et le Saint-Esprit. Amen.
— T’es con ! rit Chris.
— Arrête de dresser un bouclier de fausses excuses pour te protéger et ouvre-leur ton coeur. Qui sait ? Tu pourrais être heureux.
Marc venait vers eux.
— Qu’est-ce que vous complotez tous les deux ? les accusa-t-il en se coulant contre son homme comme un chat câlin.
— Rien, répondit Chris.
— En fait, si, moi j’ai comploté contre Nathaël, annonça Jans.
Afficher en entier— Mon grand poussin, alors, qui a connu son premier échec sentimental.
— On appelle ça un râteau, p’pa.
— Tu sais qu’il va falloir que nous ayons LA conversation.
— Oh non, pitié, pas ça ! geignit Vivian.
— Tu n’y échapperas pas.
Nathaël n’était pas à l’aise, il n’était absolument pas prêt à aborder l’amour et la sexualité avec son fils – un bébé hier encore – mais c’était son devoir. Vivian baissa la tête, remonta ses lunettes sur son nez, mais ses joues écarlates trahissaient la même gêne que son père.
— Chapitre un, entama Nathaël, l’amour et ses préférences. Tu n’es pas sans savoir qu’on peut aimer les filles, mais aussi…
— Oui oui, c’est bon, je crois que j’ai compris le chapitre sur l’homosexualité. Au suivant ! rigola son fils.
— Oui, bon… alors, passons au chapitre deux : le préservatif.
— Et c’est quoi le chapitre trois ?
— Le consentement.
— Vas-y, je t’écoute…
Nathaël se lança dans ses explications à propos des maladies sexuellement transmissibles et des grossesses non désirées.
— Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée et je ne regrette rien, mais j’aurais préféré que tu naisses quelques années plus tard.
— J’ai compris : mettre une capote pour ne pas avoir une MST, bébé
inclus. Dernier chapitre ?
— Ne prends pas tout ça à la légère, Vi.
— J’ai déjà eu des cours là-dessus, tu sais.
— Je sais aussi qu’à mon époque, ils m’étaient un peu passés au-dessus de la tête, je ne me sentais pas concerné.
— Et c’est à cause d’un problème de préservatif que je suis né ?
— Oui. Nous n’en avions plus, or ta mère ne prenait plus sa contraception en attendant d’en trouver une autre qui lui convenait mieux. J’ai cru qu’en me retirant avant la fin, nous serions sauvés… Ne jamais croire en ses réflexes !
Il n’en revenait pas de dire une chose pareille.
— Donc, passons au dernier chapitre… On ne colle pas sa bouche sur celle des autres sans leur demander s’ils sont d’accord. Et on ne met pas son… « outil » où l’on veut, pas sans s’assurer que son ou sa partenaire le veut aussi.
Nathaël réalisa que Chris avait exactement fait le contraire, et que cela ne lui avait pas déplu.
— Compris ! rit Vivian, cherchant à dissimuler son embarras de parler d’utiliser son « outil » avec son père.
Afficher en entier