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- Ce livre est si beau, si grand ! Je n’aurais jamais dû le lire. On… on revient toujours à son point de départ.
- Je ne comprends pas vraiment ce que vous dites, aujourd’hui, Violette.
- Il y a une vieille, dans mon quartier, qui est partie, qui a voyagé très loin ! Mais elle est revenue et elle vit comme si jamais elle n’était partie. Parce que… sans doute pense-t-elle que sa place est ici, finalement. Si je pars dans un autre livre, madame, je ne crois pas que j’aurai la force de revenir.
Madame Doreloze s’était laissée tomber dans un fauteuil, serrant sur ses genoux le châle, atterrée par une tirade aussi tragique.
- Veuillez m’excuser, madame. Je vois bien que je m’exprime mal. C’est sûr, je n’ai pas l’intelligence de madame de Staël.
- Non, je crois que je comprends. Mais il n’est pas nécessaire que l’amour des romans existe, voyez-vous ? Il nous fait rêver, et même s’il nous fait pleurer, il exalte nos sentiments.
Violette aurait aimé dire à Mme Doreloze qu’il lui semblait envisageable de pleurer en lisant un roman quand après, on revenait dans une réalité douce, baignée de lumière, de conversations charmantes et d’attentions. Quand on pouvait lever les yeux de son livre pour reposer son regard sur un jardin d’agrément, et non sur un utile potager. Mais elle ne tenait pas à ennuyer Mme Doreloze avec son idée qu’il est des personnes qui se doivent de garder un corps et un cœur solides pour résister et supporter bravement les devoirs et les conditions de leurs vies ; qui ne peuvent se permettre de verser des larmes de roman, au risque d’y épuiser leurs forces.
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