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Extrait ajouté par NicolaK 2023-05-07T10:52:08+02:00

Les nuages ont disparu. Benedikt Böhm et un de ses amis américains nous suivent, empruntant nos traces. À quatre, nous gagnerons du temps et de l’énergie. Nous partons en pleine nuit. Cette fois, il y a du monde : les expéditions ont eu le temps de s’acclimater. Nous grimpons sans arrêt, droit vers le col. Mais le vent, d’une puissance colossale, nous cloue à la pente. Des tourbillons creusent la neige, raclent la roche, nous giflent constamment. C’est de la folie, la montagne est furieuse, dirait-on, elle hurle. Des plaques de neige immenses se forment. Beaux édredons blancs, pièges mortels. Pas question de s’aventurer là-dessus. Une libellule ferait tout craquer.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-05-07T10:51:35+02:00

La balade est silencieuse ; le lieu, toujours aussi impressionnant. C’est poignant. La neige est sale. Un piolet rouillé se dresse entre les pierres. Köbi déchiffre les noms gravés. Depuis la dernière fois, en trois ans, la liste s’est allongée : les onze noms d’août 2008 sont là. Une Italienne, Michele Fait, est tombée à skis l’année suivante. Un Bulgare, Petar Unzhiev, est mort d’un œdème. Un Tchèque, Veslav Chrzaszcz, a eu une crise cardiaque. Un Hongrois, László Varkonyi, est tombé dans une crevasse. Un Anglais, Peter Kinloch, est décédé d’épuisement… Plus de deux cent cinquante personnes sont mortes sur les flancs de l’Everest. Si on ajoute les autres pics, la liste se multiplie par dix… L’un a décroché, l’autre a cassé ses crampons, un tiers a simplement disparu. Le K2 est une tueuse. Ce ne sont pas seulement des hommes et des femmes qui meurent, ce sont des espoirs, des efforts, des rêves.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-05-07T10:49:34+02:00

En Suisse, les eaux du Léman sont calmes.

Trop calmes pour moi.

Je repars pour l’Himalaya.

J’ai le sentiment d’avoir laissé quelque chose en plan. Je n’aime pas ce goût d’inachevé, je vais conclure mon pari. Il me reste à gravir le Broad Peak et le K2, pas question d’abandonner. Ce n’est pas dans mes gènes.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-05-07T10:48:04+02:00

Ce sommet est notre prochain défi. Un grand challenge pour les himalayistes. Le premier à avoir réussi l’ascension du Broad Peak, en style alpin, s’appelle Marcus Schmuck. Un Autrichien. En 1957. La montagne, 8 047 mètres, aussi nommée K3, est caractérisée par un sommet épaté, large, comme écrasé, couronné de trois pointes. À première vue, l’ensemble est peu menaçant. Mais il ne faut pas s’y tromper : le Broad Peak, avec son pré-sommet et sa cuvette précédant l’ascension finale, épuise les hommes. Physiquement et moralement. Cette montagne te nargue, te défie avec ce creux géant qui te casse les jambes au moment de remonter. Dans le milieu des himalayistes, on ne tourne pas autour du pot. On l’appelle « la Salope ».

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-05-07T10:46:56+02:00

Ce vent qui souffle depuis l’aube, dans la même direction, me sauve. Grâce à lui, je vais retrouver la pente. Je sais d’où il vient, le blizzard, je sais où il tape dans la pente. Ce matin, quand j’ai regardé le sommet, ma joue droite a été giflée par une brassée d’aiguilles de glace. Il suffit que je tourne mon visage en fonction de ce vent glacial pour connaître ma direction. Je ferme les yeux. Je me concentre sur mes sensations. Je rattrape Fred. Je désigne un point sur la droite.

— Par là.

— Tu crois ?

— Sûr.

Il me laisse prendre la tête. Je me fie à mon instinct. Depuis mon enfance, j’ai le sens de l’espace, du terrain. D’un coup, je fais corps avec les éléments. Je suis le vent, le froid…

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-05-07T10:46:20+02:00

En très haute montagne, je l’apprends, le temps est vécu avec une amplitude qui n’a rien à voir avec notre perception habituelle. En bas, dans les villes, on dit qu’on n’a jamais de temps. Tout cela parce qu’on ne veut pas le prendre. Au-delà de 7 500 mètres, le temps, c’est ta vie. Ton cerveau ralentit, le temps avec, et tu vois ta vie qui passe, seconde après seconde. Le temps, tu le prends à pleines mains, tu le savoures comme ton bien le plus précieux. Il ne se disperse pas, se concentre, s’homogénéise, t’enveloppant dans un espace de sérénité.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-05-07T10:45:38+02:00

Fred attaque. Il fait vingt pas quand la montagne s’ébranle avec un chuintement. Où s’abriter ? La frontale de Fred tournoie, puis oscille. Visiblement, il court. Comment fait-il, à cette altitude ? Il parvient jusqu’à nous, et s’écroule en haletant. Sur la pente, rien n’a changé. Pas d’avalanche, rien. La plaque à vent n’a pas cédé, elle s’est simplement tassée. L’air emprisonné s’est échappé, provoquant ce chuintement effrayant. La pente, en fait, vient de se stabiliser.

— J’ai eu chaud, dit Fred.

Vu la température, c’est une façon de parler.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-05-07T10:44:10+02:00

La montagne, au-delà de 7 000, n’est pas une place pour aider l’autre. Quand on a des problèmes, à cette altitude, on est vraiment seul. Avec ce premier 8 000, j’ai compris qu’on ne peut pas aider quelqu’un qui ne le souhaite pas. Ou encore porter assistance à quelqu’un qui refuse de s’aider lui-même. On ne peut pas aider une personne contre son gré ou porter à bout de bras une personne qui devient dépendante de l’aide qu’on lui apporte. J’ai retenu cette leçon pour mes autres ascensions et, au-delà, pour ma vie de tous les jours. En continuant à vouloir donner un coup de main, j’allais payer de ma vie. Je me suis éloigné de cette négativité. Je n’ai pas d’autre choix que de rester positif.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-05-07T10:42:56+02:00

Je comprends. Je n’oublierai pas. J’ai pris une leçon importante, une leçon d’existence : dans la vie, pour faire quelque chose qui sorte de l’ordinaire, on doit mettre sa tête plus haut que les autres ; mais en levant la tête, on ramasse des vents, on s’expose, on affronte la critique, la jalousie, la méchanceté. Il faut accepter de vivre tout cela. Et c’est bien ainsi. Contrairement au dicton, ce n’est pas en vivant caché qu’on vit heureux…

J’ai appris un mot : canopée.

Et je sais, grâce à papy, comment naissent les bébés.

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Extrait ajouté par NicolaK 2023-05-07T10:41:31+02:00

Mon esprit flotte. Je me sens ailleurs, loin, très loin. Je suis Peter Pan, et je vole au-dessus des séracs, des glaciers, des à-pics… L’instinct de survie est là, pourtant, tapi quelque part en moi. Il entre en jeu. « Fous le camp ! »… Cette petite voix est lointaine, assourdie, peu alarmante. Puis, une pensée brutale m’envahit : où se trouve le camp de base ? Quelque part derrière moi, en bas. Je tente de bouger mais rien ne se passe. La mécanique est bloquée. Mon corps reste figé. Je me houspille : « Marche ! »

Rien.

« Marche ! »

Toujours rien.

Je suis pétrifié. Une statue de glace. Puis, sans que je sache si c’est moi qui commande ou si c’est un marionnettiste extérieur, ma jambe se lève. Je ne lui ai rien demandé, à ma jambe, pourtant. Mon corps ne m’obéit plus. Je fais un pas. Puis un autre. Je m’approche du vide.

C’est l’alerte rouge. Le décalage entre ma pensée et ma réaction musculaire est trop important. Le temps que mon cerveau donne l’ordre, que mes membres bougent, que le signal du mouvement revienne, ce temps qui devrait être de l’ordre de la milliseconde s’est étiré comme du chewing-gum. L’arc réflexe, qui, en temps normal, est de 70 millisecondes, est d’une demi-seconde, maintenant. L’information traitée par le cerveau, au lieu de progresser à la vitesse de la lumière, se traîne sur les chemins de traverse. Le rebord de la montagne s’approche. Mes pieds sont indépendants de ma volonté, ils avancent. Je vais basculer dans le vide.

« Arrête ! Stop ! »

L’ordre est violent, impératif. Mes jambes bougent quand même. L’abîme est sous mes pieds.

« Arrête, arrête, arrête ! »

Ma volonté n’a aucun effet. Mon corps est entré en rébellion. J’avance encore.

Et puis, aussi soudainement que j’ai commencé à marcher, je m’arrête.

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