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Trop aisé également de faire voter des lois d’urgence au Parlement, en réaction à un émouvant fait divers ! Il est moins spectaculaire, en effet, d’affecter des femmes et des hommes pour suivre les adultes placés en libération conditionnelle ou sous contrôle judiciaire, ou encore condamnés à des peines d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve. Il est tout aussi peu médiatique d’en prévoir pour accompagner des enfants sur le plan social et pénal… Il faut parfois plusieurs mois avant qu’un éducateur ne soit désigné pour ce travail !

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La découverte du Contrat social m’a fait comprendre le droit, celle de De l’esprit des lois m’a donné l’envie d’être juge.

Une magistrate ou un magistrat restera toujours, à mes yeux, un acteur du contrat social, au service d’une loi conçue pour être l’expression de la volonté générale. La loi est aussi cet outil qui rend possible la vie en société. Dans une démocratie comme la nôtre, elle doit faire une large part à l’égalité.

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Extrait ajouté par tekyla 2021-07-05T19:55:26+02:00

1987. Lyon.

J’ai vingt-trois ans.

On dit alors que je ressemble à Karen Cheryl.

J’aime le ski, la planche à la voile et le tennis. Véronique Sanson, Michel Berger. Chopin et ses préludes.

Mais aussi Jean-Jacques Rousseau, le promeneur solitaire, l’inventeur du « contrat social ».

Et je réalise ce matin, alors que je presse la dixième sonnette en dix minutes, que c’est bien sans doute la « faute à Rousseau » si je me trouve là, aujourd’hui, dans cette prison, le nez pointé entre les grilles de la grosse porte du bâtiment H. Impatiente, agacée par la lenteur et la lourdeur qui « plombent » ces lieux, impassible sous les regards moqueurs ou méfiants de certains surveillants que ma jeunesse paraît déranger. Soucieuse d’aller rencontrer en à peine trois heures les quinze détenus qui m’ont demandé audience.

Mais fière d’être enfin juge, d’avoir choisi la magistrature. Telle est ma vocation, je pense. Suscitée dès mon plus jeune âge par l’apprentissage du partage. Directeur de l’école dans un petit village de la Bresse, mon père se levait chaque matin avant 6 heures pour remplir les poêles, corriger les cahiers et préparer les leçons. Dès que je l’entendais dans l’escalier, je descendais le rejoindre au fond de la salle de classe et m’asseyais à une table d’écolier. Je restais là sans bouger jusqu’au réveil de ma mère vers 8 heures. C’était un moment de douceur. De calme. J’étais tout près de mon père. Nous ne nous parlions pas. Il était là, écrivait des mots, traçait des lignes sur le grand tableau noir. Je regardais, lisais tout. Et je découvrais ainsi chaque matin la phrase qu’il inscrivait comme une formule d’accueil pour ses élèves. Il l’empruntait souvent à Alain, Victor Hugo ou Jules Vallès. Parfois, c’était lui qui l’inventait. Cette phrase était à la fois un enseignement moral et une incitation à la réflexion. Je crois que le mot « tolérance » est celui que mon père a le plus souvent cité. Il répétait également la formule « respect des autres ».

Voilà comment j’ai appris à rechercher toujours ce qui peut contribuer à mieux vivre ensemble, au-delà des différences, et à travailler à une résolution pacifique des conflits. La lecture à l’université des œuvres de Rousseau et de Montesquieu m’a ensuite révélé le sens et l’importance de la loi au sein de la société. J’ai acquis la conviction que je devais être magistrat. Dire le droit, c’est travailler au respect du contrat qui nous lie les uns et les autres, servir ce pacte essentiel qui nous protège de l’agression que constituent toutes les violences. Nous rendons la justice au nom du peuple français, en application de lois votées par les représentants qu’il s’est choisis. N’est-ce pas une noble fonction démocratique ?

En ce matin de janvier 1987, je suis donc fière d’être ce juge de l’application des peines, un JAP, chargé de garantir les libertés au sein des prisons de notre pays. Un juge qui a pour mission de considérer chaque détenu comme un individu et d’aménager sa peine pour l’aider à se réinsérer dans la société.

Ce qui ne m’empêche pas d’être déjà attristée que ma fonction soit si souvent suspectée de « démolir » les décisions longuement élaborées par les tribunaux correctionnels ou les cours d’assises, et de favoriser une « érosion » des peines. C’est un juge qui « inquiète », alors que le procureur1 « rassure », ainsi que me l’a expliqué un directeur de maison d’arrêt lorsque j’étais auditrice de justice. Voilà donc un juge qui relâcherait de manière inconsidérée de dangereux criminels ?

Jeune femme à qui la vie a plutôt souri, je découvre la réalité quotidienne de la prison et la surpopulation carcérale. À Lyon, en 1987 : quatre détenus dans une cellule de dix mètres carrés. Lits superposés. Matelas à même le sol. Une écœurante cuvette de toilettes à l’entrée. Un lavabo ébréché et encrassé.

Promiscuité insupportable. Manque d’hygiène. Tension inévitable. Face à cette situation, le directeur régional de l’administration pénitentiaire et le procureur général près la cour d’appel* nous incitent même, en un torride été, à attribuer de manière anticipée des réductions de peine aux détenus afin de libérer de l’espace. Comment ne pas comprendre cette mesure dictée par un impératif évident de sécurité et de salubrité publiques ? C’est en prison que l’on trouve le plus grand nombre de personnes illettrées et sans diplôme. La prison, lieu de toutes les souffrances… De toutes les propagations : la tuberculose sévit dix fois plus qu’à l’extérieur, le virus HIV et les hépatites C touchent particulièrement les détenus… De toutes les dépendances : dans les prisons d’Europe, selon les estimations, au moins 75 % des personnes incarcérées avaient un problème de toxicomanie ou d’alcoolisme au moment de leur arrestation… De tous les troubles : près de la moitié des détenus ont besoin d’un suivi psychologique ou psychiatrique, alors que, la plupart du temps, aucune permanence de soins n’est assurée – sur les 188 établissements existants, seuls 26 d’entre eux sont dotés d’un service médico-psychologique… De la mort aussi : les suicides sont de plus en plus nombreux dans les prisons françaises. Plus de cent en 2015.

La population carcérale n’a pourtant cessé de croître tout au long de ces dernières années. Les établissements pénitentiaires ont aujourd’hui un taux d’occupation de 116 %2. En mars 2012, 66 000 personnes3 sont détenues alors que les prisons ne disposent que de 58 000 places. Cette inflation n’est pas liée à l’état de la délinquance. Si les prisons se remplissent, ce n’est pas parce que la criminalité augmente. Depuis trente ans, cette dernière demeure, en effet, stable, oscillant autour de 60 pour 1 000 habitants.

Qui ignore pourtant que la prison peut être l’école du crime ? Plusieurs études4 démontrent que 63 % des détenus risquent d’être de nouveau condamnés dans les cinq années suivant leur sortie de prison, lorsqu’ils ont effectué leur peine dans son intégralité. En revanche, ils ne sont que 39 % parmi ceux qui ont bénéficié d’une libération anticipée, sous la forme d’une libération conditionnelle. Cet aménagement qui peut intervenir à mi-peine, ou aux deux tiers en cas de récidive légale, peut être prononcé par le juge ou le tribunal de l’application des peines, lorsque le détenu justifie de garanties de réinsertion, comme un projet de travail ou de formation, un hébergement stable, une vie de famille, la mise en place d’un suivi psychologique à l’extérieur, ...

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