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Description de l'éditeur (Gallimard) :
Dans ce livre, paru en 1975 aux Éditions Denoël/Les Lettres Nouvelles, collection dirigée par Maurice Nadeau, le roman paru en feuilleton alterne, chapitre après chapitre, avec «une autobiographie : le récit fragmentaire d'une vie d'enfant pendant la guerre». Nadeau, qui en dépit des réactions négatives de lecteurs continuait à faire confiance à Perec, témoigne : «Il fit [du feuilleton] un livre où l'histoire de son camp de concentration olympique s'enlaçait avec ses propres souvenirs d'enfance, ouvrage savant et émouvant, peut-être celui où il a mis le plus de lui-même».
Démêler des fils «inextricablement enchevêtrés» et dans le même temps renouer les fils rompus, tel est le défi que W ou Le souvenir d'enfance lance au lecteur.
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Il y a dans ce livre deux textes simplement alternés ; il pourrait presque sembler qu'ils n'ont rien en commun, mais ils sont pourtant inextricablement enchevêtrés, comme si aucun d'eux ne pouvait exister seul, somme si de leur rencontre seule, de cette lumière lointaine qu'ils jettent l'un sur l'autre, pouvait se révéler ce qui n'est jamais tout à fait dit dans l'un, jamais tout à fait dit dans l'autre, mais seulement dans leur fragile intersection.
L'un de ces textes appartient tout entier à l'imaginaire : c'est un roman d'aventures, la reconstitution, arbitraire mais minutieuse, d'un fantasme enfantin évoquant une cité régie par l'idéal olympique. L'autre texte est une autobiographie : le récit fragmentaire d'une vie d'enfant pendant la guerre, un récit pauvre d'exploits et de souvenirs, fait de bribes éparses, d'absences, d'oublis, de doutes, d'hypothèses, d'anecdotes maigres. Le récit d'aventures, à côté, a quelque chose de grandiose, ou peut-être de suspect. Car il commence par raconter une histoire et, d'un seul coup, se lance dans une autre : dans cette rupture, cette cassure qui suspend le récit autour d'on ne sait quelle attente, se trouve le lieu initial d'où est sorti ce livre, ces points de suspension auxquels se sont accrochés les fils rompus de l'enfance et la trame de l'écriture.
Afficher en entierJe ne retrouverai jamais dans mon ressassement même que l'ultime reflet d'une parole absente à l'écriture, le scandale de leur silence et de mon silence : l'écriture est le souvenir de leur mort et l'affirmation de ma vie.
Georges Perec remonte le cours asséché de son enfance. Longue marche dans le lit désormais inutile d'une existence à jamais évaporée. Pourtant, aussi disloquées soient-elles, les bribes, une fois rassemblées, finissent par faire sens. Et c'est l'identité organique de Perec qu'elles signifient. Sans doute, fouillant sa mémoire et les vieilles photographies, le choc eût été trop violent, trop enivrant l'encens du passé. Alors l'écrivain mêle la fiction au réel. Petite histoire savamment entrelacée, récit d'aventures qui ne prend sens qu'en regard de l'autre, qui, elle-même, s'appuie sur la première pour exister.
On connaît le Perec des Choses, celui de l'Oulipo (Un homme qui dort, La Disparition, Alphabets), mais peut-être moins celui qui avance "démasqué", ose fouiller, comme tout autobiographe, les méandres de ce silence que chacun porte en soi et qui nous recèle. --Laure Anciel
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