Extraits

À midi pile, heure affichée par l’émetteur-récepteur radio de Cabel, ils allument chacun leur ordinateur. Janie soupire. En d’autres circonstances, elle aurait obtenu un « A » – c’est en maths qu’elle est la meilleure, et ça l’accable d’autant plus.

Cabel, sensible à son désarroi, évite de pousser un cri de joie face à la rangée de A qu’il a obtenus. Il se sent responsable de cette chute malencontreuse qui avait envoyé Janie à l’hôpital durant la semaine des examens.

Ils éteignent simultanément leurs ordinateurs. Non qu’ils aient l’esprit de compétition. Pas du tout…

Bon, d’accord, ils l’ont.

Il s’assied sur son lit et chasse les mèches qui encombrent sa figure.

– Bonjour. La porte d’entrée était ouverte. La nuit a été dure, Hannagan ? Ou tu n’es pas encore remise ?

Elle roule sur le côté et aperçoit une assiette d’œufs brouillés et de tartines, s’illumine et s’en empare.

– Tu es le meilleur petit ami secret que j’aie jamais eu.

Chassant vite cette pensée, elle plaque ses lèvres chaudes contre son cou, passe la main sous son tee-shirt et explore de nouveau sa peau rugueuse. En effleurant les cicatrices de son ventre et de sa poitrine, elle sait qu'il éprouve la même chose qu'elle, parfois - l'impression qu'on va le rejeter à cause de ce qu'il a vécu. ça peut peut-être vraiment durer entre nous, se dit Janie. Un mariage de paumés.

Les doigts de Cabel glissent lentement de son épaule à sa hanche. Puis il retire son tee-shirt et le jette au sol. Plaqué contre elle, il chuchote :

- C'est un peu mieux comme ça.

- Seulement un peu?

Le crépuscule hivernal envahit la pièce. Janie déboutonne lentement sa chemise.

Cabel la regarde, désemparé. Il ferme les yeux un instant et déglutit.

Elle détache son soutien-gorge et soutient son regard.

- Cabel?

- Oui, bredouille-t-il.

- J'aimerais que tu me caresses, déclare-t-elle en prenant sa main pour la guider. D'accord?

- Mon Dieu!

source site "dans notre petite bulle"

Nous avons le pouvoir d’influer sur l’inconscient des autres.

Grâce à nous, des unions ont été sauvées.

Des liens se sont renoués.

Des matchs de sport ont été gagnés.

Des gens ont vécu avec confiance et non avec crainte.

Car notre don parvient à motiver les autres, et leur donne de l’élan pour changer leurs rêves d’échec sans qu’ils sachent que nous les y aidons.

Ceci est un travail très gratifiant lorsqu’on le fait bien.

Joie

Vous en avez déjà éprouvé, je suppose. Autrement, ça viendra.

Avec le temps se succéderont les succès comme les échecs. Vos plus grands succès en tant que capteur de rêves ne seront accomplis qu’après de longues années.

Et quand Luke Drake, le receveur favori de l’équipe de football du lycée, s’était assoupi sur les tapis de gymnastique après être arrivé au vestiaire totalement ivre, Janie s’était écriée : « Assez ! » Puis elle avait demandé à Cabel de le réveiller et de l’empêcher de se rendormir.

Luke a tendance à rêver de lui-même, et il est très fier de son corps lorsqu’il est nu. Cabel l’a vu dans les douches, après l’entraînement.

– Luke en rajoute dans ses rêves, avait-il remarqué en écoutant la description de Janie.

Janie pique un sprint, empruntant un itinéraire spécial pour se rendre chez Cabel. Elle ne veut pas se faire remarquer par quelqu’un de son lycée. Mais ce qui la rassure, c’est que personne au lycée Fieldridge ne se soucie de ceux qui vivent dans les quartiers pauvres de la ville. Malgré cela, elle préfère ne jamais laisser sa voiture devant la maison de Cabel. Shay Wilder pourrait passer dans la rue car elle est toujours attirée par Cabel. Et elle ignore que c’est lui qui a fait coffrer son père pour trafic de drogue. C’est assez comique. Non, pas vraiment.

Janie passe par la porte du fond, désormais. Elle a une clé qui lui permet d’entrer sans déranger Cabel, au cas où il serait déjà couché. Depuis qu’elle ne travaille plus à la maison de retraite, elle a davantage de temps à lui consacrer.

Leur couple est différent de ceux des adolescents de leur âge. Quand tout va bien entre eux, c’est magique.

Elle ferme la porte derrière elle, retire ses chaussures et se demande où il est. Elle avance sur la pointe des pieds, au cas où il ferait une sieste, mais elle ne le voit nulle part au rez-de-chaussée. Elle ouvre la porte du sous-sol dont la lumière est allumée. Elle descend et s’arrête sur la dernière marche pour l’observer. Le contempler.

Elle retire son sweater, l’abandonne sur la marche, et s’étire les bras, le dos, les jambes, le long d’une poutre. Elle aussi veut devenir sexy et athlétique. Elle laisse ses cheveux tomber sur son visage en poursuivant ses assouplissements.

Janie aime bien les cours d'éducation physique depuis que Cabel l'a poussée à faire de la musculation. Elle pourrait néanmoins s'en passer car elle suit maintenant deux fois par semaine d'autodéfense. Cabel l'a laisser s’entraîner sur lui, quelques fois, jusqu'à ce quelle l'ait brutalement jeté au sol.

- Pourquoi ne peux-tu pas être la seule chose protégée dans ma vie ?

Janie se dégage et lui sourit avec tendresse.

- Parce qu'être en sûreté est plein d'ennui, Cabel.

– Martha ne m’a jamais parlé de vous. Elle cherchait avec acharnement une remplaçante. Il y a des années, il y a eu d’autres capteurs de rêves, comme elle, mais ils ne sont plus de ce monde. Elle ne devait pas vous connaître depuis longtemps ?

– Non. J’ai été happée par un de ses rêves à la maison de retraite. Elle me parlait dans ce rêve, mais c’est seulement après son décès que j’ai pris conscience que c’était pour me tester et m’enseigner des choses. Je n’avais pas remarqué qu’elle était différente des autres rêveurs.

– Je pense que si Martha a vécu jusqu’à un âge aussi avancé, c’est uniquement parce qu’elle était déterminée à trouver une remplaçante. Vous.