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— Je meurs de faim, avoua Lavinia. Sais-tu ce que ce méprisable Sterling m’a dit au petit déjeuner ?

— Si tu cessais de le harceler, il te laisserait sans doute tranquille, fit remarquer Willa.

— Il a dit que j’avais un double menton !

— J’en doute. D’abord, il ne t’insulterait pas, ensuite, c’est faux.

— Ce sont ses termes exacts, je t’assure. Il m’a reproché de dévorer comme un ogre et a assuré que d’ici la semaine prochaine j’aurais un double menton.

— Qu’avais-tu dit pour le provoquer ?

Lavinia dirigea sa jument vers la grille de l’auberge.

— Je lui ai simplement fait remarquer que s’il mangeait tout le bacon empilé dans son assiette, il finirait par ressembler à un gros pudding. J’ai dit « si », alors qu’il m’a pour ainsi dire traitée de grosse vache.

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Au cours de ces cinq dernières années, il avait découvert mille et une merveilles : une gigantesque baleine blanche, la Grande Muraille de Chine, les aurores boréales…

Et aujourd’hui, Mlle Willa Ffynche.

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— Ainsi donc, Lavinia est une de mes oies ?

Willa faillit faire une remarque, puis se ravisa.

— Laissez-moi deviner, dit Alaric avec une résignation feinte. Après m'avoir rencontré, son adoration pour moi s'en est ressentie.

— Je détesterais le formuler ainsi, répondit Willa, incapable de réprimer un sourire. Disons juste qu'elle est peut-être moins encline à trouver votre nez parfait.

Sans la quitter des yeux, il frotta le nez en question d'un air songeur. Comme elle était entrain de le découvrir, l'intérêt que lui portait Alaric était comme le brandy: brûlant et enivrant. Il se moquait comme d'une guigne de ce que les femmes pensaient de son nez, ou de toute autre partie de son corps.

— Je devrai voler au secours de Lavinia, dit-elle.

— Ce n'est pas votre amie qui a besoin d'aide. Plutôt le mien.

Sous leur yeux, Lavinia décocha une dernière flèche empoisonnée et tourna les talons, le menton haut.

Parth Sterling les rejoignit, furieux et nullement décontenancé.

— Cette femme est une vraie plaie et une...

Il jeta un coup d’œil à Willa, et ravala le nom d'oiseau qu'il avait sur le bout de la langue.

— Félicitations, sourit-elle. Vous êtes le premier gentleman de la saison à découvrir la véritable Lavinia.

— Qui voudrait une telle chose ? maugréa-t-il. Je plains celui qui épousera cette harpie. Il découvrira son malheur pendant la nuit de noces, le pauvre bougre.

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— Depuis la disparition d'Horatius, mon imagination me montre volontiers un monde avec des trous à la place des gens que j'aime, continua-t-il. Ma belle-mère pourrait mourir en couches ; Betsy, succomber à la scarlatine ; North, se noyer dans l'alcool.

— Improbable, mais je comprends.

— Quand j'imagine votre mort, ce n'est pas juste un trou dans le tissu de ma vie, Willa. C'est le tissu tout entier.

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— Votre bouche me rend fou. Chaque fois que je la regarde, j'ai envie de vous embrasser jusqu'à ce qu'elle vire au rouge rubis, comme maintenant. Cette bouche, j'ai envie qu'elle m'embrase, se referme sur moi, crie de plaisir... J'ai envie qu'elle aime.

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Roberts avait enfin compris que ses interlocutrices étaient aussi intelligentes que lui, sinon davantage. Il se pencha pour répondre à Lavinia, ce faisant, sa manche effleura le bras nu de Willa.

Les instincts primitifs avaient sauvé la vie d'Alaric à plus d'une occasion. La fuite faisait partie des plus irrépressibles. Et des plus indispensables. Celui qui s'empara de lui à cet instant était tout aussi irrépressible. Indispensable, peut-être moins, surtout en société.

Il fixa Roberts jusqu'à ce que ce dernier remarque son regard insistant... et s'écarte vivement de Willa comme si Alaric lui brandissait une torcherons le nez.

Pas forcément indispensable, mais efficace cependant.

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