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Un sanglot noua la gorge de Senna. Malgré tout ce qu’ils avaient traversé ensemble, elle ne l’avait jamais vu pleurer. Mais à présent qu’il craignait de la perdre, il avait laissé transparaître ses émotions. Il l’aimait. Et cet amour lui rendait la tâche à venir à la fois infiniment plus simple et infiniment plus compliquée. Simple, car elle n’était plus seule. Et compliquée car, désormais, elle avait quelque chose à perdre.
Afficher en entierComment t’appelles-tu, mon enfant ?
Sa voix semblait aussi douce et obsédante que le parfum des gâteaux au miel exposés sur l’étal du pâtissier.
— Je ne suis pas une enfant ! Je m’appelle Brusenna.
— Ah, la fille de Sacra ! s’exclama l’inconnue, apparemment soulagée. Je m’en doutais...
Comment peut-elle connaître mon nom ? Et celui de ma mère ? Les oreilles de la jeune fille se mirent à bourdonner sous l’effet d’une angoisse grandissante. Elle parvint malgré tout à rassembler ses achats. Sous ses doigts maladroits, l’épais papier brun, traîné sur le sol aride, se couvrit de terre. La cavalière s’accroupit à côté d’elle, ramassa le dernier paquet, l’épousseta, puis le lui tendit.
— Je m’appelle Coyel. Peux-tu me conduire à ta mère ?
Brusenna sursauta, aussitôt sur le qui-vive. Elle avait été élevée dans le respect de deux règles absolues. La première : ne jamais laisser personne vous entendre chanter. La deuxième : ne jamais montrer à quiconque le chemin de son foyer. Elle se racla la gorge :
— Merci infiniment pour votre aide. Mais je ne peux pas... Je n’ai pas le droit de...
Coyel haussa le sourcil et articula à voix basse, afin de ne pouvoir être entendue que de son interlocutrice :
— Je suis la doyenne des Gardiennes des Quatre Sœurs.
Déroutée, Brusenna cligna des yeux à plusieurs reprises. Ces propos semblaient receler un sens caché, mais elle avait beau se creuser la tête, impossible de comprendre lequel. Elle hésita un long moment avant de balbutier :
— Je suis fille unique. Ma sœur est morte avant ma naissance.
Au regard incrédule que lui jeta la cavalière, la jeune fille comprit qu’elle était passée complètement à côté de la question.
Afficher en entierElle irait jusqu'aux bord du précipice si nécessaire-voir plus.
Afficher en entier[...]
" -Tu ne peux pas rester.
L'île lui était devenue familière au cours des derniers jours, et elle s'était volontairement dirigée vers une grotte dont l'ouverture béait devant elle. La jeune fille s'engouffra dans l'obscurité, Joshen sur les talons.
-Tu penses que je ne peux pas t'aider, Senna, je le sais. Mais tu te trompes.
Elle fit volte-face, les bras croisés sur sa poitrine.
-Tu ne retrouveras jamais l'accès au Refuge. Pas sans l'aide d'une sorcière. Ferme les yeux.
-Je ne te laisserai pas.
-Monte dans cette barque, Joshen.
-Non, je...
Sans lui laisser le temps de finir, Senna se mit à chanter."
[...]
Afficher en entierUne puissante colère embrasa la poitrine de Brusenna avant de s’éteindre, presque aussitôt, comme un feu de paille. Peu importait qu’elle ait déjà payé son dû à Bommer… Peu importait qu’il mente… Elle ne pouvait rien prouver et sa parole ne valait pas grand-chose aux yeux des villageois. Elle tira donc une upice de son escarcelle pour le tendre au marchand.
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