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Ensuite, Mayimbé respira un grand coup, pensa à Karine âgée de dix ans venant en robe blanche l’embrasser le matin à la bijouterie, faillit pleurer à cette évocation, et déclara d’un seul trait : « En plus, c’est le beau-fils de mon patron. Tu sais qu’il s’agit d’un homme noble dans son cœur et dans ses sentiments, qui m’a donné le poste le plus important de sa bijoute-rie. Il est tellement peu raciste mon patron, que main-tenant j’ai les clés du coffre-fort où il y a des centaines de millions de bijoux. »
Mayimbé n’en revenait pas d’avoir pu prononcer ces phrases. Comme quoi…
Elle enchaîna : « Et ton prisonnier, c’est dès lors le mari de Karine, ma petite fille. Tu sais, je t’ai souvent montré des photos d’elle à la bijouterie et elle était ve-nue une fois chez nous voir notre mère. Il n’est pas pos-sible qu’il arrive quoi que ce soit à elle, à son mari ou à ses enfants. C’est compris ? »
Afficher en entierLa Mère supérieure nous raccompagne jusqu’à la porte de son bureau. Pour détendre l’atmosphère, je lui demande aimablement :
— Avez-vous plus d’hommes ou de femmes parmi les jeunes qui s’inscrivent à ce cours ?
— Nous avons plus de parrains blancs qui viennent inscrire leurs filleules noires, que de marraines noires qui viennent inscrire leurs filleuls blancs, si c’est ce que vous voulez savoir.
Dupe ou pas dupe ? J’ai ma réponse.
Afficher en entierAngie n’est pas là. Sa tante m’informe qu’elle est sûrement descendue au verger. Je déclare que je con-nais le chemin et j’y trottine. Mon idée est de sur-prendre Angie sur « ses terres ».
Arrivé sur place, je m’accroupis.
Il me faut un peu de temps pour repérer Angie. Elle s’est en effet, endormie dans l’herbe, au pied d’un manguier. Je remarque son corps alangui, entouré d’un pagne. Elle semble en plein sommeil. Je décide de m’approcher furtivement. Angie se retourne alors d’un mouvement brusque tout en continuant à dormir, comme elle le fait chaque nuit qu’elle passe avec moi, ce qui me réveille à chaque fois. Mais cette fois-ci, ce n’est pas moi qu’elle dérange.
Quelque chose se met à bouger tout près d’Angie. Je ne discerne pas bien ce que c’est. Quand, tout à coup, s’élève au-dessus des herbes la tête d’un serpent.
Ce doit être un python ou un boa. Je vois cette tête énorme se dresser et onduler. Je vois l’œil blanc-jaune qui semble signifier « mais elle va pas s’arrêter de bou-ger ! » comme je le marmonne chaque nuit. Le python-boa m’a repéré. Je soupire pour bien montrer que je partage son exaspération. Il me lorgne longuement avant de s’échapper lentement, dans un bruit de soie.
Au revoir serpent, mon frère d’insomnie.
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