Cécile Ladjali

La plume de Cécile Ladjali est envoutante. Elle construit tout un monde en quelques pages et oscille entre malaise et beauté spectaculaire d'un paysage nu. L'horreur et la beauté se croise entre les pages. Tout balance entre cette splendeur pure, ce monde de silence, de sable, de destruction et la violence des personnages, leur réaction. Leur amour. Le sexe aussi, qui prend forme dans le roman dans quelque chose de malsain, de violent mais toujours avec la beauté métaphorique qui caractérise l'auteur.

L'auteur qui est professeur de lettres traite dans son 9è roman d'un sujet qui lui tient à coeur : les mots. Ceux que Léo ne sait plus ni lire ni écrire et que sa voisine Sybille, va tenter de lui faire réapprendre. Le propos est de relater les dégâts psychologiques que ce handicap génère que le jeune homme. J'ai souffert tout au long du texte pour lui à qui rien n'est épargné, entre les parents disparus sans un mot, la grand-mère analphabète, la solitude, la perte de l'amour de sa vie. Je n'ai pu m'y identifier, of course ! mais le peut-on vraiment quand on a accès à la lecture soi-même. L'auteur a une plume particulière, un peu trop "chic" pour le sujet traité peut-être.

Un vibrant appel pour attirer l'attention sur ce fléau qui touche 7 % de personnes en France, dont 51 % travaillent. Une raison de plus pour vous recommander cette lecture qui n'est pas un coup de coeur, mais une lecture "utile" pour parler de cette cause.

Le style épistolaire donne de la dynamique à ce roman; les lettres des 2 personnages nous permettent de faire un bond dans deux époques différentes mais finalement assez proches; on plonge dans le quotidien des soldats dans les tranchées et dans celui d'une jeune femme des années 50, leurs émotions, leurs sentiments, leurs joies et leurs souffrances y sont dépeints dans un style juste et sans pathos, ce qui accroît le caractère crédible du roman.

Une belle histoire prenante et touchante. L'auteur montre les difficultés rencontrées par les personnes illettrées dans notre société.

Le livre est bon en soi. Il est intéressant de se plonger dans l'intériorité d'Emily et la voir plonger dans la noirceur. Mais si je devais faire une critique, je trouve que le fait que les dialogues soient présentés sans marqueurs typographiques rend la lecture bien difficile. Il est dur de savoir qui parle, quand ils s'arrêtent de parler, etc.

Lu en 2016 (année de parution). Je découvrais l'auteure en même temps que ce livre. Une plume parfaitement maîtrisée que j'avais immédiatement appréciée.

Un sujet tabou bien mis en exergue par ce roman contemporain. L'illéttrisme, une sourde latence pour ceux qui en souffrent, un mal invisible, sournois, honteux et discriminatoire. L'on croit pouvoir ruser et détourner le problème, en vain finalement...

Spoiler(cliquez pour révéler)Léo est un jeune homme de vingt ans, qui vit dans le brouillard, "errant" entre les lettres et les chiffres qui aveuglent et assourdissent son quotidien. Déscolarisé lorsqu'il avait treize ans, il a, faute de pratique et d'intérêt, fini par totalement oublier les mots, ceux qu'on lit, ceux qu'on écrit, ceux qu'on comprend, ceux qui rendent les choses et les êtres palpables...

Léo, amputé de deux doigts (après un accident, parce qu'il n'a pas pu/su lire un avertissement) l'est surtout de son histoire. Chez lui, ce n'est pas une question de paresse, de volonté ou de courage, mais de confiance, d'estime, de transmission. Et surtout d'amour, salvateur puis destructeur.

C'est un très beau roman avec une écriture douce et très riche.

C'est un bel éloge à l'adoption, à l'amour que peuvent donner des parents adoptifs.

Il y a un très beau témoignage de l'amour de l'auteur pour sa mère au moment de la maladie et de la mort de celle-ci. Poignant.

Il y a ces démons dus à l'absence de la mère biologique, au vide laissé par cette mère iranienne, abandonnant son enfant à la naissance qui donnent lieu à des rêves noirs, qui empêchent de vivre sereinement sa vie de femme et de mère.

On voit aussi les bienfaits de l'écriture pour surmonter toutes ces difficultés.

Je recommande vraiment la lecture de ce roman autobiographique.

Lu en 2016. J'avais déjà été conquise par "Illettré" de Cécile Ladjali, son roman paru en 2015. Mauvaise langue est un essai très intéressant, mais également très pointu, qui résonne comme un plaidoyer pour la langue française : un témoignage vibrant d'une enseignante passionnée, n'ayant de cesse de transmettre son amour de la langue française, face aux "barbarismes" actuels qui menacent le berceau de notre culture !

Un témoignage étayé de références classiques et modernes, philosophiques, littéraires, scientifiques et sociologiques. Un récit émaillé également d'échanges avec ses élèves (lycéens, étudiants), dont des missives dans l'épilogue intitulé "l'art de la conversation". Un langage qu'elle fait apprivoiser par ses élèves à travers l'apprentissage des textes classiques, la poésie, le théâtre, les faits historiques. Une approche de la langue pouvant asseoir leur identité propre, leur donner confiance en l'avenir...

Je tenais en premier lieu à remercier les éditions Thierry Magnier et Netgalley pour le partenariat dont ils m’ont accepté la sollicitation. C’est aujourd’hui, en ce 18 octobre, que ce roman est publié. Je vous laisse donc avec mon avis sur ce livre.

En choisissant ce roman je savais que ce roman me sortirais de ma zone de confort. Et je ne me suis pas trompé. Cela a été une bonne lecture mais j’ai quand même été un peu déçue.

Le point positif c’est que j’ai pu m’identifier au personnage par plusieurs aspects. Le personnage principal d’Hugo a été adopté étant bébé et se pose des questions sur ses origines, là d’où il vient, ses parents biologiques. C’est similaire à ma propre histoire sur quelques points et cela a facilité l’identification au personnage de Hugo.

Dans ce roman on parle de la quête d’identité, de la recherche de ses origines. Ce sont des sujets assez originaux dans la littérature jeunesse. Toutefois j’ai trouvé que l’autrice a assez mal exploité le sujet. Ce dernier est traité seulement en surface, l’histoire n’est pas assez profonde ni assez longue. Le roman ne compte que 112 pages et cela reste peu pour un sujet comme celui-ci. J’aurais aimé que ce soit moins rapide et plus profond. Tout s’enchaine en surface.

On comprend les émotions que ce soit des parents d’Hugo, que celles d’Hugo lui même toutefois ce n’est pas ce à quoi je m’attendais en commençant ce livre. L’écriture de l’autrice reste tout de même fluide et assez rapide à lire.

En bref ce fut une bonne lecture malgré que le roman soit trop court pour un gros sujet original. Il méritait plus de pages, plus de profondeur.

Salut Hugo, je suis ravie de t'avoir rencontré.

T'as quatorze ans et je trouve que tu as beaucoup d'émotions à vivre et à digérer. C'est déjà pas facile lorsqu'on est enfant ou adulte, alors je n'ose même pas imaginer ce que tu vis à 14 ans.

Je suis très admirative parce que tu vis les événements avec beaucoup de lucidité et de maturité.

J'aime tes questionnements, tes révoltes, tes silences, tes incompréhensions. Ca me replonge dans ma propre adolescence.

Mais toi, tu as une couche en plus à gérer par rapport à moi. Tu t'appelles aussi Walid et si, pour moi, ce prénom ouvre la porte à tous les rêves et tous les exotismes bienfaisants, je comprends qu'il soit pour toi un poids, un boulet, une inconnue. Il te manque des racines. Tu as un pied sur deux continents et l'équilibre est difficile à trouver.

Je comprends ton besoin de rechercher ton identité, d'avoir des réponses, de te différencier des autres tout en ayant besoin d'eux plus que jamais.

Mais crois-moi, tes bases sont solides. Les moments les plus difficiles, tu les affrontes à l'instant. Plus tard, ce sera plus simple- Parce que le soleil de la terre où tu es né illuminera et colorera ton quotidien de toute sa splendeur.

Tu seras riche de tes deux origines et le tiraillement entre les deux sera apaisé. Tu seras un homme debout ! Parce que tu n'as pas eu peur d'affronter tes peurs.

La répétition est un roman sur l'attachement, sur la recherche d'identité, sur la famille, sur l'adoption, sur l'adolescence et ses mystères. Cécile Ladjali manie les mots avec talent et finesse, avec douceur et force. C'était ma première découverte de cette auteure. Il y en aura certainement d'autres.

Ce livre rejoindra la bibliothèque de l'école où j'enseigne. J'espère qu'il ravira de nombreux jeunes du même âge qu'Hugo.