Extraits

Il enlève sa montre et l'observe. Je me demande combien de temps s'est écoulé. Des minutes. Une heure, peut-être.

On dirait des jours, une éternité. C'est impossible d'imaginer que le monde autour de nous a poursuivi son rythme normal.

[SPOILER]Ça pourrait être n'importe quel premier jour de semestre, à la façon dont les voitures convergent sur la route en direction de l'école. À la façon dont les élèves affluent. La lune brille dans le ciel nocturne dégagé, illuminant le champ autour de nous.

De nous tous.

Élèves et professeurs. Oportunity.

Spoiler(cliquez pour révéler)Mais nous ne sommes pas au complet. Quand nous nous prenons les mains, nous avons tous conscience des trente-neuf morts. Des vingt-cinq à l'hôpital.

Tant de gens perdus. Tant de gens brisés.

J'ignore ce à quoi je m'attendais. Peut-être à le voir ligoté à sa chaise, un chiffon dans la bouche comme dans les films, ses yeux sauvages et son front en sueur à force de tenter de défaire ses liens. Il serait furieux, mais reconnaissant une fois libéré de ses entraves.

Au lieu de quoi il est assis, contre l'un des placards. Ses mains sont ligotées avec un collier de serrage si serré que ses doigts sont devenus noirs. D'autres colliers entourent son cou, et il est bâillonné. Ses yeux sont vides ; son visage a la même couleur que ses mains. Des éraflures sanguinolentes marquent son cou, comme s'il avait tenté d'arracher le plastique à mains nues.

J'ai à peine le temps de détourner le regard avant Spoiler(cliquez pour révéler) qu'un autre coup de feu fasse voler la matinée en éclats et que Kevin s'effondre.

Spoiler(cliquez pour révéler)Je perds et reprends connaissance. C'est une bonne chose, car, durant ces moments, je n'ai pas à me demander qi je suis, qui je suis censée être. Je n'ai pas envie de voir le monde, ce monde que Ty à créé puis quitté.

A la mort de Mme Browne, Ty a été furieux contre ceux qui tentaient de l'aider. Il refusait de manger la nourriture qu'on lui apportait, montrait les dents face à notre compassion. Pourtant la ville lui a pardonné son chagrin. Jusqu'à ce que M. Browne noie sa peine dans l'alcool et Tyler la sienne dans la haine. [...] La ville a cessé d'essayer de les ramener dans son giron.

Et nous les avons perdus.

Je n'avais jamais remarqué que le courage était si terrifiant.

Tu ne peux pas toujours ceux que tu aimes avec toi. Tu ne peux pas toujours faire ta vie à un endroit. Le monde a été fait pour changer. Mais tant que tu chéris les souvenirs et que tu en crées de nouveaux en chemin, peu importe où tu te trouves, tu seras toujours chez toi.

Il cherche ses mots.

- Je...

Je hoche la tête.

- Je sais.

Rien n'arrive jamais ici ;

Atour de nous, les gens râlent et se demandent pourquoi nous mettons tellement de temps à sortir, mais j'ai envie de prolonger encore un peu l'intercours.