Extrait

Seuls sur cette plage sauvage, Lennon et moi savourons quelques secondes de liberté totale. Absolue. Vitale.

Et je réalise que je pourrais passer toute ma vie comme ça. Avec lui. Et celle qui nous relie.

– J’ai repensé à notre conversation tout l’après-midi, murmuré-je en fixant nos pieds.

– Si je suis allé trop vite, trop loin…

Je contemple son beau visage tourné vers l’océan déchaîné.

– Non. C’est exactement ce que j’avais besoin d’entendre, Lennon.

Mon surfeur sourit légèrement, passe la main dans ses cheveux en bataille et ajoute à voix basse :

– Je suis prêt à ouvrir un peu plus la porte.

Ses yeux changeants, énigmatiques, fascinants se plongent dans les miens et j’en frissonne. Je l’interroge du regard, il continue.

– Willow n’a que moi. Aucune autre famille de mon côté.

Il marque une pause avant de reprendre :

– Toi, tu as tant à lui apporter…

Mon cœur s’arrête un instant de battre. Je ne suis pas sûre de comprendre. De réaliser ce qu’il est sur le point de me dire. De me proposer. De m’offrir.

– Elle pourrait rencontrer sa grand-mère, me sourit doucement le roi de mon monde. Et tous les autres qui comptent pour toi et qui font qui tu es. Qui elle est.

Les larmes me montent aux yeux, je les laisse couler et renifle sans aucune retenue. J’ai beau connaître ses qualités de cœur, je ne m’attendais pas à ça de la part de Lennon. À cet acte si généreux. À une confiance si totale.

– Mais tu dois me promettre de ne rien gâcher, précise-t-il. Tu dois toujours faire attention à notre fille, à ce qu’elle ressent. Tous ces bouleversements dans sa vie, ça ne doit pas être facile à encaisser…

Je pleure de plus belle. De sa main droite, il vient doucement saisir mon visage pour l’enfouir dans son cou.

– Respire… souffle-t-il.

J’essaye, ça ne marche pas. Alors mon dieu de la mer me glisse d’une voix tendre :

– On attendra que tu sois prête. J’ai toujours manqué d’une mère, moi. J’aurais tout donné pour qu’elle m’aime comme tu aimes Willow.

– Pourquoi tu es si bon avec moi ? sangloté-je contre sa peau. Pourquoi est-ce que tu ne m’en veux pas de l’avoir abandonnée ?

– Parce que je t’aime, murmure-t-il.

Je crois qu’une heure entière défile sans qu’on ne bouge d’un millimètre, lui et moi.

Et sans que ses mots merveilleux ne me quittent.