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« – Il paraît que les opposés s’attirent.

A peine ai-je prononcé ces quelques mots, que j’ai envie de les rattraper et de les enfoncer tout au fond de ma gorge pour être certain qu’ils ne ressortent jamais. Je me sens tellement ridicule d’avoir dit ça.

Je ne sais même pas pourquoi je l’ai dit, d’ailleurs.

J’ai oublié le coup de la langue à tourner sept fois.

Du coup, Isaac m’observe d’un drôle d’air, un sourcil haussé et un sourire vaguement moqueur au coin des lèvres. Je me concentre encore sur cette fichue tache de rousseur sur l’arête de son nez. Ainsi, j’évite son regard perçant qui me scrute.

Finalement, il hausse les épaules, attrape nos deux verres désormais vides, et se lève pour les déposer dans l’évier.

– Il paraît, oui, lance-t-il en me tournant le dos. »

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- Je voulais juste te dire que…

Sa voix est si sérieuse. J’ai l’impression qu’il est consumé par le même feu que moi. Je sens mes jambes flageoler sous mon corps. Je ne suis pas sûr qu’elles vont me porter encore longtemps.

- Je suis vraiment heureux de t’avoir comme ami.

Gabin le soufflé, acte 2.

- Mais tu te fous de ma gueule, c’est pas possible ?

Je porte ma main à ma bouche en constatant que ma conscience vient encore une fois de parler à ma place. Mes joues deviennent rouges et je bredouille quelques mots incompréhensibles avant de reprendre mes esprits.

- Je ne te parle pas d’amitié, là, continué-je.

La bombe est lancée.

Je m’attends à ce qu’il recule, me laisse au bord de cette falaise.

Au moins, si j’ai des envies suicidaires, je serai au bon endroit…

Pourtant, en face de moi, les lèvres d’Isaac se pincent. Soudain, j’entends son rire s’envoler très haut dans le ciel.

Ce rire que j’aime tant.

- Il n’y a rien de drôle… répliqué je, l’air bougon.

- Si tu savais… dit-il entre deux éclats de rire.

Cette fois, je ne comprends plus rien. Je ne vois pas ce qui peut le mettre dans un tel état d’hilarité. Un peu plus, et j’en serais vexé.

- Si je savais quoi ?

Le regard de mon collègue se fait malicieux, presque aguicheur.

- Tu as raison, Gabin. Je me fous de toi.

Alerte, mes neurones n’arrivent plus à se connecter, je comprends que dalle !

- Je ne… baragouiné-je.

- Depuis tout à l’heure au bar… Tu n’as pas remarqué que j’insistais particulièrement sur le mot « amitié » ?

Ne me dites pas que… !

Je perds la tête. Je l’aperçois faire quelques pas vers moi, réduisant considérablement la distance entre nos deux corps.

- Je cherche à te faire tourner en bourrique, Gabin Rossignol.

Sa voix rauque est une caresse. Son regard sonne comme une promesse.

- Je ne t’ai pas emmené ici pour te dire à quel point je suis heureux de t’avoir comme ami.

Est-ce que sa main vient vraiment de se poser sur ma joue ?

Est-ce que son pouce est en train de me caresser la pommette avec une tendresse dont je ne l’aurais jamais pensé capable ?

Je défaille. Mes pupilles fixent les siennes avec incompréhension. J’ai l’impression d’être dans un épisode de Game Of Thrones quand tu ne sais plus à quelle famille appartient un personnage.

- Je suis heureux de t’avoir, souffle-t-il. Tout court.

Gangnam style n’est plus la chanson adaptée pour décrire ce qui se passe actuellement dans ma tête. Ça ressemblerait plutôt à Jingle Bells Rock. Oui, en plein été. Avec les carillons, les clochettes et les chœurs en prime.

- Putain, je ne comprends rien, je te jure.

C’est la seule chose que je suis capable de dire. Il m’a pris de court, ce con.

- Je sais ce qui te tracasse depuis plus d’une semaine, avoue-t-il. Je sais aussi ce que tu t’apprêtais à me dire, le soir de la fête.

Un sourire mélancolique s’empare de mes lèvres. Ma main se pose sur la sienne qui ne quitte pas ma joue. Nos regards s’accrochent. Je ressens une vague de désir m’envahir. Cette fois, j’en suis sûr, ses lèvres m’appellent.

- Mais comment as-tu su ?

- Oh, s’il te plaît Gabin, râle-t-il. Pour une fois dans ta vie, écoute-moi et tais-toi !

Un léger rire sort de ma bouche. J’ai compris. Les questions viendront plus tard.

- Mais je… commencé-je, malgré moi.

Sa main glisse sur ma joue afin que son index se retrouve sur mes lèvres pour me faire taire. Ce contact me fait frémir.

- Je dois vraiment te le demander ? me questionne-t-il d’un air taquin.

Honnêtement, j’ai envie de l’entendre me supplier. Ce sera sa punition pour m’avoir fait languir.

Il s’approche un peu plus encore, frôle ma joue avec la sienne pour venir susurrer quelques mots à mon oreille.

Des mots que je n’oublierai jamais.

- Tais-toi, Gabin Rossignol, souffle Isaac. Et embrasse-moi.

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