Extraits

Nick : Bordel de merde, mec, faut qu’tu m’aides !

Devon : Qu’est-ce que t’as foutu ?

Nick : Tu te souviens que mon père m’avais trouvé ce taf avant la fac pour que je « grandisse et file droit » ?

Devon : Ouais…

Nick : Y a un mec au boulot, j’ai envie de lui faire des choses. Avec ma langue et ma queue.

Devon : Mec. Je voulais pas savoir ça.

Nick : Si je le suce au boulot, je vais me faire virer, t’es d’accord ?

Devon : Mec…

Jai Hazenbrook est dément. Déjà, y a son nom. Si Nick cherchait à ramener l’Anneau Unique à la montagne du Destin, Jai Hazenbrook aurait carrément été cet elfe sexy comme un dieu moulé dans un pantalon en cuir et qui peut tirer dans le testicule gauche d’un orc à une centaine de mètres de distance. Alors que Nick, bien sûr, aurait été le petit mec aux pieds poilus qui aime la bière, les feux d’artifices et les seconds petits déjeuners.

— J’vais… murmure Nick à son oreille, le souffle chaud et rapide. Ses doigts tirent sur le bas du t-shirt de Jai.

— J’vais chercher tes tatouages.

Jai approuve d’un son de gorge, en levant les bras pour permettre à Nick de lui retirer son vêtement. Le col se coince sous sa mâchoire, puis cède soudain, et en ouvrant les yeux, Jai voit Nick jeter le t-shirt au sol. Puis ce dernier le repousse contre le dossier, comme s’il essayait de grimper sur ses genoux ou…

Oh, OK. C’est exactement ce qu’il essaye de faire. Jai se détend, et Nick enfourche ses cuisses. Le jean frotte contre le jean. Jai pose ses mains sur les hanches de Nick, parce que c’est Nick. D’une seconde à l’autre, il va sans doute foutre les pieds dans le plat et tuer l’ambiance. Il se cambre et Jai raffermit sa prise, juste au cas où. Puis il se penche vers lui, une main reposant contre son torse. Il se mord la lèvre, alors que ses doigts tremblent légèrement contre sa peau.

— Alors, euh, rien ici, dit-il, les joues rosissant.

— Non, rien ici.

Nick émet un son étranglé qui ressemble à un rire, puis il glisse ses mains tremblantes sur son torse. Jai ne parvient pas à se rappeler la dernière fois qu’il a été touché avec autant d’hésitation. Il enlace ses doigts à ceux de Nick, pressant plus fermement sa main contre son torse.

Nick descend la main un peu plus bas.

Jai entend un son bourdonnant dans sa tête.

Non, ce n’est pas dans sa tête : Nick se redresse subitement pour fouiller dans la poche de son jean, sort son téléphone et fixe l’écran.

— Eh merde.

Jai hausse un sourcil.

— Y a un souci ?

Nick soupire.

— Juste un SMS de ma mère qui me dit qu’ils se sont pris une pizza ce soir avec mon père.

Jai fronce les sourcils.

— Ce qui signifie qu’ils sont allés à Pizza Perfecto, qu’ils ont vu Devon au boulot et constaté que je ne suis clairement pas chez lui, parce que pourquoi serais-je chez lui alors qu’il est au boulot ? Ce qui veut dire que je suis grillé.

— Grillé pour quoi ?

— Eh bien, c’est pas que je suis privé de sortie, commence Nick, avant de se rendre compte du regard que lui lance Jai. J’ai bien dix-huit ans, je te jure ! C’est ce qui est marqué sur mon permis de conduire. C’est juste que « tant que tu vis sous mon toit, tu suivras mes règles, jeune homme ». Je veux dire, ils ont plutôt bien réagi pour la perte du boulot mais je ne leur ai pas vraiment dit que je traînais avec toi, ni avec personne. Sauf Devon, mais avec lui on aurait vraiment fait que ça. Je crois qu’ils pensent que s’ils me laissent sortir de la maison sans chaperon, je vais me débrouiller pour me jeter tête la première dans le donjon SM du premier tordu qui passe.

— Mais ça dérange pas que tu finisses dans une cave pourrie ?

Nick lui donne un coup dans l’épaule.

— C’est une chouette cave. Enfin bref, pour faire court, je suis censé prouver que je peux me tenir et non – il agite la main – faire ça. Nous. Toi.

La confusion de Jai doit se lire sur son visage.

Nick descend de ses cuisses et s’échoue sur le canapé à côté de lui. Il agite ses doigts dans l’air, leur faisant adopter de drôles d’angles.

— Ils me traitent toujours comme un gosse, même si légalement je ne le suis plus, mais je ne peux pas vraiment leur en vouloir. Je ne leur ai pas montré autre chose. Je veux dire, je me sens toujours comme un gosse, et la plupart du temps ça me va. L’adulterie c’est surfait.

Grover Constructions se tient sur Second Street, partageant son parking avec un dentiste. Depuis son bureau, Nick profite pleinement de la vue d'enfants en pleurs traînés par leurs parents jusqu'au cabinet du dentiste. Ça a un petit côté agréable, lorsqu'il se fait vraiment chier et qu'il a déjà compté une douzaine de fois les agrafes de son agrafeuse, de se dire que certains ont une journée pire que la sienne.