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La femme haussa les yeux au ciel, exaspérée. Elle remarqua le nuage de poussière qui se dirigeait doucement vers une habitation turquoise en bordure du chemin en se disant que cela devait être bien malcommode de vivre si près de la route. En souhaitant que leur maison soit située plus près du fleuve, Marjolaine ferma les yeux pour humer l’odeur de la mer. Tout lui plaisait dans ce premier contact avec son nouvel environnement. Au début de février, ils avaient planifié se rendre au moins une fois sur l’île avant de s’y installer pour de bon. Malheureusement, la fin de semaine de leur visite prévue, la température s’était adoucie, obligeant la municipalité à fermer le pont de glace. Par la suite, il leur avait été difficile de s’absenter de leur travail tous les deux au même moment. Déçue, la jeune femme s’en était donc remise au destin. Elle murmura à l’oreille de Philippe:

— On va être heureux ici, mon amour.

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Chavirée par la beauté des maisons colorées, Marjolaine avait à peine écouté le discours du cousin, de toute manière. Elle prit la main de son époux en lui souriant paisiblement. La vie serait belle ici, elle en était convaincue. Son père avait les yeux fermés et laissait le soleil caresser son visage ridé. Philippe, quant à lui, retrouvait avec joie l’air pur, le vent du large et la plénitude qui se dégageait des paysages bucoliques. Entourée de champs encore jaunâtres en cette période de l’année, l’île était le paradis des moutons et des vaches qui broutaient l’herbe dans les prés sans même lever la tête au passage du véhicule qui roulait pourtant en soulevant un nuage de poussière dans son sillage. Tout le long du chemin bordé de cornouillers rouges, les nouveaux arrivants remarquèrent d’étranges petits bâtiments étroits construits en hauteur. Leurs murs étaient faits de planches verticales et recouverts d’un toit de bardeaux de cèdre, matés par le temps.

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Paul avait pris l’habitude, depuis quelques années, de baptiser les objets chers à son cœur. Cette lubie faisait sourire et l’homme appréciait les bonnes blagues. Alors en plus de Gaston, il y avait Léo son rasoir électrique, Dorothée sa radio portative et plein d’autres encore. Au début, sa fille avait bien tenté de le dissuader de persister dans cette habitude, mais l’entêtement de son père l’avait convaincue d’arrêter d’essayer. Avec ses outils à peu près inutilisés depuis des décennies, à sa retraite, Paul s’était mis en tête de réparer tout ce qui clochait dans leurs appartements.

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Outre sa maison grise aux volets rouges, Gaspard Caron possédait deux terres au nord sur lesquelles il ne pouvait cependant rien construire. Tout autour de l’Île Verte, les crans – ces ensembles de rochers rougeâtres qui se défaisaient en galets – offraient une vue incomparable, mais ce paysage escarpé ne favorisait guère l’érection de bâtiments. Et, quoi qu’en pense Adrien Ouimet, la culture de ce sol était quasi impossible. Le gros maire continua à marmonner, ses pieds quittant momentanément le plancher de bois chaque fois que sa chaise berçante basculait vers l’arrière. Parfois, la solitude lui pesait, même s’il n’avait jamais regretté son divorce d’avec la mère de ses enfants. Il n’y avait pas de rancœur entre les anciens époux, tout simplement des rêves qui différaient. Les deux enfants du couple, Marc-André et Liliane, avaient quatorze et treize ans au moment de la séparation. Gaspard voulait rester vivre sur la terre familiale de l’Île Verte, alors que son ex-femme souhaitait retourner dans la grande ville où ils s’étaient connus, des décennies plus tôt. La décision s’était prise sans dispute, même si Marc-André avait catégoriquement rejeté l’idée de suivre sa mère et sa sœur. Il commençait son histoire d’amour avec Marie-Laure et ne désirait surtout pas vivre ailleurs. Il avait cette île dans le sang! Gaspard n’avait jamais refait sa vie, préférant prendre soin de son fils et de ses terres, tout en accueillant sa fille chez lui plusieurs fois par année jusqu’à son mariage, l’année dernière. Depuis l’automne, Liliane n’avait pas mis les pieds sur l’île, embarrassée par une grossesse difficile qui nuisait à ses déplacements. Il aurait bien aimé lui faire cadeau de la maison rouge de son frère pour la naissance de son premier enfant.

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Alors l’homme, toujours amoureux fou de sa grande épouse, après plus de quinze ans, avait vu les autres insulaires quitter pour les chantiers avec un pincement d’inquiétude au fond du cœur. Comment ferait-il vivre sa famille s’il ne trouvait pas d’emploi sur la petite île? Il avait parlé de sa préoccupation aux membres de son entourage, en espérant que son père, Gaspard, qui était aussi le maire de l’Île Verte, puisse l’aider grâce à ses relations. Marc-André avait donc été bien heureux de la proposition de Conrad Dionne de s’occuper des chalands au quai. Il pourrait ainsi rester près de la maison, tout en touchant un revenu fixe. Mais Marie-Laure ne l’avait pas vu du même œil!

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Avant que son costaud mari ne puisse réagir, la porte claqua sur ses gonds. Le blond aux boucles frisées soupira avec désolation. Il ferait tout pour rendre sa femme heureuse. Lorsqu’il n’avait encore que ses deux aînés, le couple avait prévu avoir toute une ribambelle d’enfants. À l’époque, Marie-Laure était rieuse, maternelle, et ne pouvait passer une soirée sans relater avec entrain les bons coups de Marion et d’Éloi. Puis, ils avaient eu Jules, avec ses silences, ses absences… La trentenaire avait changé et ne parlait plus d’avoir un autre bébé. Leur petit dernier avait beau avoir déjà quatre ans, il ne balbutiait que quelques mots, souvent incompréhensibles. «De toute manière, songeait Marc-André, la plupart du temps, il veut rien savoir de nous.» Le garçonnet vivait dans un monde à part, dans une espèce de bulle que peu de gens arrivaient à percer.

— C’est toujours bien pas de ma faute! marmonna le pauvre homme. Il faut que je fasse rentrer de l’argent pour l’hiver si on veut avoir de quoi manger! Elle pense peut-être qu’on va vivre avec le petit chèque d’allocation familiale qu’on reçoit chaque mois!

Marc-André s’appuya contre le comptoir de bois de la cuisine en regardant au loin le chaland de Conrad Dionne qui ramenait sur le continent des touristes venus passer la journée sur l’Île Verte. C’était sûrement le dernier transport de la journée, car la marée baissait. La discussion houleuse entre lui et son épouse concernait un nouveau travail qu’on lui avait proposé. Le matin même, l’homme avait accepté de s’occuper des déchargements de la marchandise au quai. Marc-André n’avait pas terminé ses études et, avec une deuxième secondaire, c’était difficile de trouver un emploi payant, surtout dans ce coin de pays.

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En scrutant le fleuve Saint-Laurent par la fenêtre, Marie-Laure Marchand évitait le regard insistant de son mari, Marc-André Caron. Ce dernier s’approcha derrière elle et voulut l’enlacer avec tendresse. Mais la grande femme châtaine ne se sentait pas très affectueuse. Sans se retourner, elle fit connaître le fond de sa pensée:

— Tu m’avais promis, marmonna-t-elle entre ses lèvres.

— Je le sais, Marie, mais j’ai pas tellement le choix. C’est ça ou je traverse de l’autre bord pour me trouver de l’ouvrage. Si tu préfères que je parte tout l’été…

La femme secoua vivement sa tête de gauche à droite, faisant valser sa longue tresse entre ses omoplates.

— Tu le sais que je veux plus que tu partes pendant des mois. Avec Marion et Éloi, ça allait, mais depuis qu’on a le petit…

Il y avait beaucoup de non-dits entre les époux. Un malaise s’installa dans la grande cuisine. Les fenêtres entrouvertes laissaient pénétrer une douce brise saline. Les cris de joie de leurs deux aînés, qui couraient dans le champ près de la grange, ne réussirent pas à détendre l’atmosphère. Marie-Laure s’avança vers la porte de la maison jaune, avec l’idée de sortir quelques minutes pour fumer une cigarette et se calmer un peu. Ses yeux las se posèrent sur la face généralement enjouée de Marc-André. Elle hésita sur le seuil. Savait-il à quel point l’anxiété la minait? Depuis quelques mois, chaque jour passé auprès de leur fils Jules était un combat. Mais le bon vivant préférait croire que son plus jeune enfant n’avait qu’un simple retard de langage. La colère contenue dans la voix de sa femme peina Marc-André.

— Fais ce que tu veux! lui lança-t-elle. De toute façon, d’une manière ou d’une autre, je vais encore me retrouver toute seule une bonne partie de l’été, si j’ai bien compris. Je vais prendre l’air!

Avant que son costaud mari ne puisse réagir, la porte claqua sur ses gonds.

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