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Soit Annie contrariait John, qui était un chic type, soit elle se contrariait elle-même en allant s’asseoir près d’Austen. Pourquoi n’écopait-elle jamais des dilemmes les plus simples ? Et voilà qu’elle allait à nouveau être meurtrie…
— Bonjour.
La jeune femme ne s’était pas aperçue qu’elle n’était pas la dernière à monter dans le bus. Une voix douce au creux de son oreille la fit avancer d’un pas et s’asseoir aussitôt sur un siège vide à l’avant avec une grimace à l’intention de John, pour lui montrer qu’elle s’asseyait au plus vite et l’inciter à ne pas mal le prendre.
Mais le nouvel arrivant se glissa sur le siège à côté d’elle.
Annie ne put s’empêcher de le dévisager d’un air incrédule. Pourquoi avait-il choisi cette place alors qu’il restait des sièges vides près d’Austen ? Avec les « cool » de la bande ?
Une paire d’yeux rieurs d’un bleu limpide se posa sur elle.
— Anne Elliot, j’ai comme l’impression que vous m’ignorez, déclara Will Elliot.
Qu’est-ce que… ? D’accord, Will avait probablement raison. Mais il passait tout son temps en compagnie du père d’Annie et d’Immy.
— Est-ce parce que je suis le mouton noir de la famille ? demanda-t-il.
Annie éclata de rire.
Will avait prononcé ces mots avec la voix de son père et l’air de sainte-nitouche d’Immy lorsque celle-ci voulait quelque chose. Une imitation troublante.
Annie sentit ses épaules se décontracter lorsque le rire la secoua, emportant un peu de sa tension au passage.
Afficher en entierIls étaient toujours aussi bien assortis l’un à l’autre. Leurs doigts s’entremêlaient parfaitement, comme les pièces d’un puzzle. Annie sentait la chaleur d’Austen se fondre dans la sienne. Comment tenir la main de la bonne personne pouvait-il constituer une expérience plus intense que le sexe avec une autre?
Afficher en entier— L’amour ne se mesure ni dans le temps ni dans l’espace, poursuivit-elle. Je crois qu’il est régi par des lois différentes. Ce qui représente quelques secondes dans la vraie vie peut durer un temps incommensurable aux yeux d’un amoureux, et quand on perd cet amour, ce temps peut devenir une éternité.
Afficher en entier— En fait, Annie, est-ce que je peux te poser une question ? demanda-t-il en se détournant de la fenêtre pour la regarder.
— Bien sûr.
— Combien de temps met-on à surmonter la perte d’un être aimé ?
Comment avait-il su ? Annie sentit tout son corps se raidir. Ne regarde pas Austen, se dit-elle. Ne le regarde pas.
Harry était-il au courant ? L’étaient-ils tous ?
Parce que même si elle était désormais prête à avancer, Annie n’avait pas surmonté la perte d’Austen. Loin de là. Elle ne la surmonterait jamais.
Oh, elle progresserait, mais comme le disait John Donne, ce serait avec le cœur percé.
— Je ne crois pas qu’on puisse établir un calendrier pour ce genre de choses, répondit-elle. Parfois, on ne surmonte jamais vraiment la perte, mais on avance et on aime peut-être d’autres personnes différemment. Chaque amour varie selon la personne aimée.
Afficher en entierAnnie aurait pu répliquer que Lyme Regis, ou Lyme, le nom sous lequel était connue la ville de l'époque, ne figurait pas dans Orgueil et Préjugés mais dans Persuasion; mais personne ne lui avait demandé son avis. Et si elle se souvenait d'avoir avoué à Austen que Persuasion était l'un de ses romans favoris, elle ne prétendrait pas qu'il s'agissait d'autre chose que d'une coïncidence.
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