Commentaires sur ses livres

La vie est un long fil où l’humain passe son temps à se jouer de l’équilibre. Équilibre qui peut être destin. Qui peut être secret. Et, paraît-il, cela commence dès que l’être pointe le bout de son nez dans une vie qu’il n’a pas choisie. C’est ce que pense Lanny, habitant du bayou, en Louisiane. Humain bizarre, reflet de la faune humanoïde de cette région. De l’humour? Ce brave garçon en a à revendre. Du bagou? Aussi. Sans oublier les monstres dont il ne parle qu’à son frère jumeau Roly, qui, lui aussi, a le sien. La vie? Il la connaît bien, Lanny. C’est une nullité. Une inexistence dont parlent tous ceux qui se croient bien-pensants mais qui ignorent qu’il ne le sont pas.

La plume. Cette plume de l’auteur ! Du rêve. Du cauchemar. De la poésie. Rien que ça. Chaque mot, chaque phrase, envoie le lecteur dans un rêve, dans un monde qui, bien qu’il soit parfois (souvent) glauque, lui laisse des éclats de rire. Des perles de rire très fines, comme les bulles qui éclatent dans les eaux faisandées du bayou. Le passé, le présent, le futur sont exactement la même chose. Pas de quoi fouetter un chat. Juste un peu encombrants. C’est tout. Le récit devient un vrai régal par le choix des mots. Lanny nous raconte le monde. Son monde. Ses horreurs. Ses misères. Son bayou. Ses mots présentent l’horreur naturelle de l’humain. Pour peu qu’il prenne le temps de se remémorer. C’est un délice de lecture qui se savoure mot à mot.

Que de beauté, de poésie, dans le soubassement de l’humanité. Imaginez-vous lisant les pensées de Hannibal Lecter. L’innocence et l’humour en plus. Oui, je dis bien innocence. Ils l’ont tous été à un moment de leur enfance. Peut-être. Pas si sûr. Cette vie se lie à l’histoire bourbeuse de l’Amérique. Une histoire inénarrable. Trop moche. Trop criminelle. Comme la vie des êtres du bayou. Ainsi va la vie. Il n’y a que les bien-pensants pour pousser des cris d’orfraie. Finalement, la vie n’est pas modifiée. Selon Lanny, sa vie n’est que le reflet de ce qu’il avait en lui dès sa naissance. Peu importe où est allée se réfugier leur mère. Elle a emporté bien des choses dans ses valises qui n’avaient rien à voir avec les fringues.

Toutes les familles ont leurs secrets. leur bizarrerie. Elles ont ce genre de "truc" qui fait tiquer sans que l'on sache pourquoi. Quand Stan nous présente la sienne, nous sommes pris entre la compassion et le fou rire. Il faut avouer qu'elle est particulière. C'est une famille qui semble figée dans son histoire, indifférente au temps qui passe. Aussi, quand Stan ne se sent pas à l'aise dans sa vie, nous le comprenons sans peine.
Avec un langage coloré, Stan nous présente sa vie vaseuse, hypothétique. Une vie où le rêve vire rapidement au cauchemar. Une vie où tout est incertain, même les êtres. Une vie où ses angoisses deviennent réelles et l'accompagnent à chaque pas. Peu à peu, il perd pied. Lentement. Inéluctablement. Des sursauts, l'instinct de survie se manifestent de temps en temps. Discrètement. Doucement. Sans pour autant s'imposer. Stan a t-il vraiment envie de s'en sortir? Si oui, comment y arrivera t-il? Ira t-il au bout de ses recherches?
Avant que les ombres s'enfuient nous invitent à accompagner un homme désespérément à la recherche de lui-même. A la recherche du désir de vivre. A la recherche d'une bouée à laquelle il pourra s'accrocher avec désespoir. Avec force. Un homme qui se sent aller à la dérive et qui souhaite s'ancrer quelque part dans sa vie. Dans la vie. Avant que les ombres s'enfuient.

Le commentaire de Nathalie :
Ce roman fut pour moi un beau défi, car pour être honnête par bout, je me suis sentie à travers les chapitres et les personnages, mais grâce à l'humour et la folie de l'auteur ou du personnage principal, j'ai fini par appréciée l'histoire.
Nous suivons le Dr. Stanislas Voegtensperger, ORL, qui part à ce qui nous semble être une thérapie, une recherche de sa vie présente et passée.
Il nous amène voyager à travers son arbre généalogique avec ses ancêtres qui lui rendent visitent pour l'aider à y voir plus clair dans sa lignée. Quel est le vrai du faux. Qui est qui? Et d'où vient-il vraiment ? On survole ses années d'études médicales, son seul ami et les femmes de sa vie, surtout une certaine Anne.
On vit, par procuration, son mode de vie au travail avec ses confrères et son patron.
Mais surtout, on essaie de comprendre sa pensée, sa logique et sa quête.
Chapitre après chapitre. Un monde différent nous attend.
Des fantômes, des vivants et des souvenirs refont surface sur un air d'acouphène.
Être médecin n'est pas synonyme de perfection, de santé parfaite.
L'auteur nous transporte dans un univers fragile grâce à une très belle plume fluide, surréaliste parfois teintée d'un certain humour.http://lesmilleetunlivreslm.over-blog.com/2019/05/avant-que-les-ombres-s-enfuient-frederic-surgan-editions-5-sens-par-nathalie-courchesne.html

Laissez vous porter par l’écriture de ce livre. C’est très drôle, très noir et très novateur. Une recherche du temps perdu à la Céline si l’on veut se trouver des repères!

Très bonne surprise que ce premier roman. il faut s'accrocher un peu à l'histoire, à l'enquête du personnage sur la disparition de deux personnes en particulier de sa famille... voire sur la sienne propre... L'humour, grinçant voire féroce, est omniprésent et l'écriture véritablement tonique et originale. A découvrir!
Une blogueuse vient d'ailleurs de le chroniquer: http://lesmilleetunlivreslm.over-blog.com