Toutes les séries de Gilles Rochier
Tous les livres de Gilles Rochier
"On était une bande, égaré dans un quartier flambant neuf au début des années 70. Des terrains vagues, des bois, les routes pas encore finies d’être goudronnées. On faisait nos 400 coups. Il y avait les “plus grands” qui nous pourchassaient en mobylettes, pour nous en faire baver dans la forêt. On se chamaillait aussi avec les gamins des cités voisines. On se passait entre nous une compil K7 qu’on écoutait en boucle sur un gros poste. Il y avait des lieux qui avaient une aura de mystère, comme ce trou d’eau noire, dont on disait qu’il avait été formé par un avion venu se crasher. Il y avait aussi cet arrêt de bus qui nous terrifiait : la journée c’était notre point de départ vers le monde, vers Paris, mais le soir, surtout les derniers jours du mois, aucun d’entre nous n’y aurait jamais mis les pieds. La misère pousse à bien des extrémités et la rumeur voulait que pour boucler les fins de mois trop courtes, certaines femmes de la cité y passaient le soir... “Ta mère la pute”, faut pas croire, c’est pas sorti de nulle part comme expression.
Et puis il y a eu cette histoire avec la K7... et là, ça s’est mal passé."
"Qu’est-ce que tu fais ?
Tu vas comprendre. Regarde.
Oui... Quoi ?
Bah !! Tu vois pas là ? La cicatrice.
Si si, je la vois. Et alors ?
Alors... je sais pas. Je sais plus pourquoi j’ai ça."
Quand le môme Gaborit revient dans sa ville natale, quittée quelques années plus tôt suite à un drame routier, les langues se délient. Une histoire provinciale vue uniquement par l'intermédiaire du bouche à oreille. Chaque habitant donne son avis et, petit à petit, les langues se délient, les détails s'apprennent, les interprétations foisonnent et les esprit s'échauffent, jusqu'au dénouement final, tragique et magistral ! Une oeuvre d'un scénariste au sommet de sa maturité narrative, servie par le dessin fourmillant d'un dessinateur généreux. Les pages fourmillantes de Daniel Casanave transforment le lecteur en un voyeur des coulisses d'une petite ville de province, spectateur par procuration d'une histoire de village qui prendra une dimension tragique. Gilles Rochier montre ici un talent d'observateur des âmes, doublé d'une âme de dialoguiste dans la veine d'Audiard .
Vie et survie dans la petite couronne.
Loin des gros titres anxiogènes des médias et des banlieues qui brûlent, selon certains politiques, si on allait écouter ceux qui y vivent ; suivre les traces de ces pères de famille, entre les courses, les gamins à conduire au sport et les déménagements nocturnes. Ils ont bien grandi les gamins de TMLP (Ta mère la pute, paru en 2011), aujourd'hui ce sont les pères et les grands frères de la communauté. Et s'il y a toujours un crétin qui vend du shit dans le hall de l'immeuble, ils ont une solution pour lui pourrir le business. Et même s’ils font des crises de rage face aux petits caïds, Ils n'oublient pas qu'il y a plus important, comme payer la cantine des gosses. Les gamins sont maintenant des tontons presque assagis, ceux qui veillent que ça ne parte pas en vrille à la moindre connerie. Presque aussi surpris que nous, ils constatent que la garderie a remplacé la garde à vue dans leurs agendas. Le temps a passé sur toute une génération.
À la suite de TMLP (les années d'enfances) puis de Temps mort (en jeunes adultes dans la spirale de la crise sociale), Gilles Rochier replonge dans la chair de son milieu et brosse, avec La petite couronne, le portrait de sa génération, à l'aube de la cinquantaine, de l'expérience plein les poches - y a de la place - et toujours plus d’amour dans les yeux.
Une nouvelle édition de Temps mort vient accompagner la sortie de La petite couronne, son nouvel opus urbain.
(Source : 6 pieds sous terre)
Second volume de la collection Asterozoa, consacrée au dessin contemporain, En attendant est une collaboration entre deux auteurs de bande dessinée aux univers singuliers et pas forcément complémentaires. l'ensemble est re-mélangé à la manière d’un cut-up qui construit de nouveaux rapports entre textes et dessins, un nouveau fil de pensée, une matière qui raconte des instants du monde et des fragments de vie.
Mars 2006 : ma boîte ferme. Fatigue, dépression. Plus d'envie. Me voilà dans le vide. Je dessine. Je retrouve mes potes, laissés sur le bord de la route du chomdu. Graver ce moment de rien. Voir que l'on est devenu des adultes avec toujours 16 piges dans la tête. Faire un temps mort…
Après les événements, l'instrument devient son unique moyen d'expression. Il souffle sans vraiment jouer, il ne fait pas de la musique mais plutôt des sons qui agacent, questionnent son entourage, à commencer par Kader, son ami de toujours... Dans la veine autofictionnelle de certains de ses précédents livres (TMLP, La Petite couronne, En roue libre), Gilles Rochier témoigne d'un abattement, d'une sidération que nous avons tous en partage : que dire, que faire, et comment, après un événement aussi saisissant qu'un attentat ? La réponse de ce livre, d'une radicalité en apparence absurde, est donnée par un auteur à part de la bande dessinée contemporaine.
Ils sont cinq à recevoir le même courrier, cinq à être liés par le passé. Anciens membres d’un orchestre philharmonique, les voici amenés à se réunir pour une représentation très spéciale. Il est temps pour eux de ressortir leurs instruments, « ceux du fond qu’on entend pas » : grosse caisse, congas, guimbarde, gong... Notre groupe de percussionnistes s’attelle à un voyage très mouvementé où ils devront dépoussiérer leur art, tour à tour ébranlés par les échos d’un passé chaotique et sombre. Mais, comme on peut se le dire pour se rassurer : « t’inquiète ». Dans cet ambitieux récit choral, sorte de cadavre exquis à 10 mains, les styles singuliers de Guillaume Bouzard, B-gnet, Fabcaro, Fabrice Erre et Gilles Rochier, pour la plupart abondamment nourris d’autofiction, s’entremêlent dans un tempo au tissage serré. Chacun y va de sa note pour jouer une symphonie à la tonalité absurde. Avec Rochier en ligne de basse, cocktail explosif d'intrigues et d'humour, T'inquiète offre au lecteur un récit expérimental complètement délirant, un pur ovni.