Tous les livres de Hamit Bozarslan
1915. Les Arméniens, parfaitement intégrés à l Empire ottoman, sont systématiquement exterminés par les radicaux du gouvernement unioniste. Bilan : 1,3 million de victimes. Le XXe siècle des génocides a débuté. Au printemps 1915, la population arménienne ottomane est victime d un génocide arrestations massives, déportations et massacres soigneusement planifié et exécuté par le parti au pouvoir à l époque, le comité Union et Progrès. Longtemps contesté, le génocide des Arméniens ne fait plus aucun doute, mais souffre d une méconnaissance publique qui découle d un long oubli de l événement durant une bonne partie du XXe siècle, du négationnisme de l État turc qui répand le soupçon sur le travail des historiens et du désintérêt de l opinion publique européenne trop éloignée. Pour le comprendre, accéder à sa connaissance précise et saisir ses enjeux actuels, trois historiens ont uni leur force pour concevoir, cent ans après, la première synthèse de grande ampleur sur le premier génocide du XXe siècle.
Né au XIIIe siècle, l'Empire ottoman s'étend des portes de Vienne au Yémen, de l'Algérie à l'Irak. «Homme malade» de l'Europe, il s'effondre en 1923 et cède la place à la république de Mustafa Kemal. Aujourd'hui, la Turquie est une puissance émergente avec laquelle il faut compter. L'Empire ottoman connaît plusieurs siècles de conquêtes territoriales, notamment celle de Constantinople en 1453 par le sultan Mehmed II. Le règne de Suleyman le Magnifique parachève cet empire universel. Sa longévité, plus de 600 ans, est une exception dans le monde musulman. Au début du XIXe siècle, il tente de se réformer : absolutisme éclairé, règne autocratique d'Abdülhamid II, révolution jeune-turque de 1908. Après une décennie de guerre, marquée par la tragédie arménienne, un régime autoritaire, celui de Mustafa Kemal, voit le jour. A la lumière de ces sept siècles d'histoire, Hamit Bozarslan donne à comprendre la Turquie contemporaine, candidate à l'Union européenne.
En bref
Le décryptage de la pensée politique du premier grand historien arabo-musulman, Ibn Khaldûn.
Le livre
En relisant l'ouvre d'Ibn Khaldûn, penseur politique du XIVe siècle, Hamit Bozarslan en fait ressortir toute l'actualité et la justesse d'analyse. L'affaiblissement et la chute des régimes de Ben Ali et de Moubarak ne trouvent-ils pas une explication dans ce qu'Ibn Khaldûn décrit comme l'inévitable " routinisation " du pouvoir, troisième et dernière phase du cycle de toute domination ?
En retraçant l'histoire passionnante des califats, des dynasties musulmanes, des rapports entre diverses tribus, Ibn Khaldûn construit une véritable " théorie du pouvoir " basée sur la mise en évidence de cycles et de contradictions. La domination d'un groupe, selon Khaldûn, ne peut durer plus de trois dynasties ; le luxe et la tyrannie conduisent nécessairement à la chute des forces au pouvoir et la puissance fondatrice d'une cité, souvent brutale, engendre d'autres ambitions de puissance qui, si elles ne lui sont pas toujours fatales, ne la placent pas moins continuellement sur la brèche.
L'étude claire et intelligente de Hamit Bozarslan sur un penseur d'une envergure non moindre qu'un Machiavel et une pensée qui n'a pas fini d'être actuelle.
L'auteur
Docteur en histoire et en sciences politiques, directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales, Hamit Bozarslan est notamment l'auteur de Histoire de la Turquie de l'Empire à nos jours (Tallandier, 2013) et Sociologie politique du Moyen-Orient (La Découverte, 2011). Ses études actuelles portent sur la sociologie politique et historique du Moyen-Orient.
L’anti-démocratie est-elle le nouveau visage de l’avenir ? Les régimes iranien, russe et turc aimeraient sans doute le faire accroire.
Derrière une façade démocratique, tous trois donnent à voir une même fuite en avant. Culte d’un chef infaillible investi d’une « mission historique » ; « pureté » de la nation trop longtemps humiliée et volonté de revanche face à un Occident corrupteur ; mobilisations de la religion ; organisation d’un État parallèle fondé sur les liens personnels, la corruption et l’accaparement des ressources ; développement d’un appareil sécuritaire pour répondre à une paranoïa savamment entretenue vis-à-vis des « ennemis extérieurs et intérieurs » ; institutionnalisation d’une réalité alternative sur laquelle les faits n’ont plus de prise…
Plongée stupéfiante au cœur des logiques de radicalisation des régimes autoritaires, cette comparaison aiguisée entre l’Iran, la Russie et la Turquie de ce début de XXIe siècle est un puissant avertissement pour nos démocraties qui doutent d’elles-mêmes.