Commentaires sur ses livres

Un livre qui date de 1957 (réedité en 1987) que j'ai trouvé dans la bibliothèque de mon beau-père qui m'a plu, c'était à la fois vieillot et moderne, car les polars actuels n'ont rien inventé!

Roman de la fin des années 50. Sans être passionnant il se laisse lire comme beaucoup de cette période. On est bien loin des thrillers et romans fleuves d'aujourd'hui.

Dans le vieux Sud des États-Unis, quelque part dans les années 1950, au sein d'une Amérique profonde et rurale encore sous le coup de la ségrégation, vit Zuba Wilson, un pauvre métayer à la solde d'un riche propriétaire terrien nommé Arbrister, qui croule sous les dettes et le poids des années. Veuf, il exploite sans succès une pauvre ferme en compagnie de ses trois enfants restants, Cara qui joue à la fausse ingénue, Maude qui s'enferme dans le rôle de la mère de substitution, et Clint, le frêle cadet qui refuse de grandir. Il mise ses derniers espoirs sur le retour de son aîné, Lonnie, qui revient au pays après une peine de six années de bagne. Mais ce dernier, bien décidé à profiter de la vie, des femmes et du whisky, a quelques comptes à régler dans la région avant de partir définitivement …

Dans ce roman, on retrouve les ingrédients typiques de la deuxième vague du roman noir américain, celui qui s'écarte de la ville et des histoires de gangsters, de petites pépées et de détectives privés pour s'attarder sur le quotidien de simples anti-héros et s'épanouir dans le grand air de la campagne, un endroit tout aussi miséreux pour les faibles, où le dur soleil assèche autant les gorges que les cultures et brûle aussi bien l'espoir que l'esprit.

Whittington procède ici en utilisant une formule dès plus classiques, qui consiste à mettre en face de l'indolence d'une bourgeoisie de caste la souffrance du prolétariat qui s'épuise et se meurt, créant à mesure que le temps passe des rancunes anciennes, que le retour de Lonnie bouscule et ranime. Et lorsqu'une sombre histoire d'amour, de jalousie et de manipulation arrive, puis que la cupidité, l'arrogance et la folie de pouvoir des puissants, insensibles qu'ils sont à la misère de leurs voisins et aveuglés par leur propre lâcheté à assumer leurs actes, passés et présents, conjugué aux espoirs illusoires et aux petites combines de la famille Wilson, se mêlent au récit, le quotidien de ces pauvres âmes vacille et l'histoire vire dans le drame total.

C'est beau, c'est limpide, c'est fluide, c'est prenant, c'est du grand roman noir, un classique du genre qui a su résisté à l'épreuve du temps et qui, malgré quelques légèretés ça et là, se révèle être un pur plaisir de lecture pour qui aime ce genre. Et comme à son habitude, Whittington livre le tout en a peine plus de deux cents pages, un exercice pas si facile qui se révèle être du très bel ouvrage.