Lisette Lombé

Avec les poèmes compilés dans Brûler brûler brûler, Lisette Lombé lie la poésie à l'engagement féministe et antiraciste. Sa plume est acérée, violente par nécessité. Elle nous rappelle à une réalité assez inédite en poésie.

« Eunice, dix-neuf ans, athlète… » : c’est ainsi que commence la présentation de la 4ème de couverture. Eunice, à l’évocation de ce prénom et de cette activité sportive, je pense immédiatement à Eunice Barber, plusieurs fois championne du monde et de France d’heptathlon et de saut en longueur entre 1992 et 2010. Une athlète olympique franco-sierra-léonaise brillante dont la fin de carrière sera toutefois marquée par des interpellations par la police pour outrage et rébellion. Un parcours de vie compliqué. Serait-ce la vie romancée de cette Eunice – au prénom rare et comme par hasard associé à un sport ?

Je suis donc dans d’excellentes dispositions pour me plonger dans la lecture de ce livre. Hélas pour moi, il n’est point question d’Eunice Barber, le parcours de cette jeune femme m’avait intéressée par le passé. Dommage ! C’est en fait l’histoire d’une jeune femme fragile qui cherche à comprendre pourquoi sa mère s’est noyée. Choquée par cette noyade qui l’intrigue, ce deuil qui la plonge dans un profond désarroi, elle décide d’enquêter. Elle revisite son enfance pour essayer de comprendre qui était cette mère et découvre des pans de son passé qu’elle avait enfouis profondément dans son subconscient. Et cela la perturbe profondément …

La couverture avec des coquelicots sur un fond noir m’interpelle. Pourquoi cette fleur dont la signification est « ardeur fragile à la beauté éphémère » est -elle présente ? Une fleur qui incarne la force qui peut se cacher derrière une apparente vulnérabilité. Quand on l’offre cela signifie que la personne sera capable de surmonter toutes les épreuves. Alors, Eunice arrivera-t-elle à surmonter ce qu’elle découvre de sa vie passée ?

Je reconnais avoir été intriguée par une écriture très rythmée, aux phrases courtes et percutantes, par les titres des parties « couper, recoudre, cicatriser, guérir et soigner », par le choix de la narratrice de tutoyer son personnage, aussi ai-je poursuivi ma lecture.

Mais j’ai assez vite déchanté. J’ai l’impression que l’auteure cherche à choquer son lectorat. Elle surcharge son livre de passages à caractère sexuels, scabreux qui n’apportent selon moi pas grand-chose au récit et à l’intrigue car beaucoup trop nombreux et détaillés. Certes je reconnais qu’Eunice a eu une enfance perturbée et qu’elle a vécu des drames familiaux, certes elle retrouve l’amour entre les bras de Jennah et s’apaise au fil des pages. Mais l’auteure entretemps m’a perdue, j’ai décroché et je me suis noyée moi aussi…

Ce livre n’était pas pour moi. Dommage …

Un roman plutôt étonnant.

Tout d’abord, j’ai bien aimé la forme. La façon dont l’histoire est racontée apporte un rythme plutôt plaisant et addictif, une ambiance un peu particulière. Une écriture forte, qui va droit au but, parfois un peu crue (trop ?), mais efficace au possible.

D’ailleurs, on commence fort : à la fois une rupture amoureuse, qui enchaîne par la mort plutôt mystérieuse de la mère d’Eunice. Enfin, est-elle vraiment mystérieuse cette mort ? C’est ça le vrai mystère. On ne sait pas trop, mais Eunice est convaincue qu’il ne s’agit pas d’un accident.

Elle essaie de résoudre différentes zones d’ombre autour de sa mère, et notamment l’inscription TM retrouvée dans son agenda. Mais qui est ce fameux TM, un amant ? Un meurtrier ? On part à la recherche de la vérité.

On démarre donc avec ce qui ressemble à un thriller, qui prend un départ plutôt simple. Mais ce ne sera finalement plus un prétexte qu’autre chose, car dans le contenu, on reste sur du quotidien, des secrets de famille, de la romance et la gestion du deuil. Bien plus que du véritable thriller. Alors je dois dire que la résolution du “mystère” m’a plutôt déçue.

J’aime les livres courts, les chapitres rythmés, les phrases syncopées. Ça tombe bien, Lisette Lombé est poétesse et slameuse. Son premier roman claque, il est cru et ne fait pas de concessions. Il est aussi écrit à la deuxième personne, ce qui est quand même assez rare. En s’adressant à elle-même, la narratrice s’adresse aussi à sa lectrice, la poussant dans ses retranchements. Et ça marche!

J’ai beaucoup apprécié cette lecture qui m’a pas mal touchée et même bousculée. Un roman définitivement moderne et féministe…

Un joli recueil, qui ne m'a pas forcément parlé sur la forme, mais qui porte un message important.