Tous les livres de Tiziano Scarpa
De son écriture précise et acérée, Tiziano Scarpa propose un guide personnel de Venise, sa ville natale, connue pour attiser les convoitises touristiques. Composant une véritable invitation à la découverte et à l'errance, il ne nous entraîne ni dans une banale excursion ni dans une navigation rêveuse. Le corps urbain qu'il décortique est de pierre et de sang, avec ses pieux déchaussés enfoncés dans la vase, sur laquelle repose le poisson mirobolant à nul autre pareil. Avec Scarpa, on déambule dans l'intimité viscérale, minérale, aquatique, de la plus mirifique des cités lagunaires, dont les feux et les langueurs n'en finissent pas de brasser l'Orient et l'Occident confondus.
Cecilia, la narratrice, est orpheline. Elle a été abandonnée à sa naissance et recueillie par l'hospice de la Pietà, à Venise. Chaque jour, masquée et dérobée au regard du public, Cecilia joue du violon. Dans cet univers confiné et reclus, la musique est sa seule source de joie et de réconfort, tandis que chaque nuit elle parle et écrit à cette mère inconnue dont l’absence la fait cruellement souffrir. L'année de ses seize ans, un nouveau professeur de musique vient remplacer le vieil abbé qui officiait auparavant : un jeune prêtre aux cheveux roux, Antonio Vivaldi.
AMOUR® avec une estampille commerciale (registered), l'amour est un brevet, une marque de fabrique, une marchandise aussi définie que l'aspirine ou le Coca-Cola. Qui a inventé l'amour ? Comment faire pour le reconnaître au premier coup d'œil quand on le rencontre en soi et hors de soi ? L'amour est un lieu commun à la communauté humaine. Mais tout le monde est persuadé de vivre quelque chose d'unique, qui n'a jamais été vécu ou raconté. L'amour bouleverse l'ordre social, transforme l'identité, change littéralement le signalement, refaçonne les corps. Dans ces huit nouvelles il y a des individus qui pensent réinventer l'amour alors que c'est l'amour qui les réinvente.
La verve, un côté " loufdingue ", pince-sans-rire à la Buster Keaton, de Tiziano Scarpa frappe de nouveau. Des nouvelles grinçantes qui composent ce recueil émergent des personnages hallucinés et nuls. Un pape rescapé, à la poursuite d'un amour sénescent, un homme qui se masturbe dans le dentier de sa défunte épouse, l'irrésistible ascension d'un vendeur de caleçons qui se retrouve avec armes et bagages dans son propre pénis (on ne révèlera pas ici l'identité de cet ancêtre imaginaire pour ne pas gâcher le plaisir du lecteur.)… La drôlerie de Tiziano Scarpa c'est, peut-être, aussi sérieux que le rire des oiseaux chez Leopardi.