Tous les livres de Yamen Manai
Dans la bonne ville de Santa Clara, celle qui produit le meilleur rhum du pays, personne n’est au courant de la Révolution que le dictateur Alvaro Benitez a menée il y a une vingtaine d’années. Les habitants vivent et cultivent au gré des sérénades d’Ibrahim Santos, musicien météorologue. Alors forcément, l’intrusion des troupes armées révolutionnaires, et plus encore, l’arrivée d’un jeune ingénieur agronome brillantissime, vont quelque peu bousculer les habitudes...
Sur le mode du conte, avec une pincée de réalisme magique, Yamen Manai moque ici les prouesses de nos avancées technologiques et parodie allègrement ces dictatures modernes qui souvent perdurent.
"En octobre 2007, j’ai décidé de rendre à ma façon le bras d’honneur que Big Brother m’adressait avec son sourire de joueur de flûte depuis son portrait partout affiché, et j’ai entamé l’écriture de La sérénade d'Ibrahim Santos. Trois ans plus tard, en décembre 2010, j’en écrivais le chapitre final et je planifiais sa sortie avec mon éditrice pour le premier trimestre 2011. Mais l’improbable s’est produit un 14 janvier, bousculant tous les projets, laissant bouche bée une bonne partie de la planète. L’homme qui ne prenait pas une ride s’envola à la hâte avec sa dulcinée, trouvant refuge chez les parrains d’Arabie. Je ne sais quel accueil aurait eu ce livre si le pays était toujours entre les mains de Bonnie and Clyde..."
Comment le hasard a-t-il choisi l’univers rigoureux des mathématiques pour réunir ceux qu’il a séparés onze ans auparavant à cause d’un œuf ? Comment un ouvrier sourd a-t-il fait pour aider une mère à retrouver son enfant qu’elle pensait perdu à jamais ? Et qu’est venu faire ce chat de Sidi Bou Saïd dans tout ça ?
Aux abords de Nawa, village de l'arrière-pays, le Don, apiculteur, mène une vie d'ascète auprès de ses abeilles, à l'écart de l'actualité. Pourtant, lorsqu'il découvre les corps mutilés de ses « filles », il doit se rendre à l'évidence : la marche du monde l'a rattrapé, le mettant face à un redoutable adversaire. Pour sauver ce qu'il a de plus cher, il lui faudra conduire son enquête dans une contrée quelque peu chamboulée par sa toute récente révolution, et aller chercher la lueur au loin, jusqu'au pays du Soleil-Levant.
"Le 17 décembre 2010, un garçon brun comme les blés, frêle comme un roseau, souriant comme la lune, et aux yeux clairs comme l'eau de certains lacs qu'il n'avait jamais eu la chance de contempler, criant sa détresse et défiant le mal qui assassinait son pays, créa l'espoir chez tout un peuple de jeunes et de moins jeunes. Il leur fit découvrir qu'ils étaient bien capables de dire NON et de s'opposer à leur sort.
Ce jour-là, Lina-Leena-Linah-Leenah-La Nôtre n'eut pas à réfléchir et se refusa à toute discussion. Sans hésitation, elle prit son bâton de pèlerin, son appareil photo et partit vers le sud", écrit Linah Ben Mhenni dans Le Soleil au cœur, l'une des cinq nouvelles de ce volume.
Le "Printemps tunisien" déclenché par l'immolation de Mohamed Bouazizi, qui est aussi devenu le "Printemps arabe", est également un printemps littéraire. Une aspiration à la liberté de parole et d'écriture, qui ne s'était pas exprimée avec autant de force depuis longtemps, s'est emparée de beaucoup sur un axe allant de Casablanca à Sanaa.
Au centre, la Tunisie a ouvert la voie. Et des voix se sont élevées de ce beau pays méditerranéen. trop longtemps réduit à une image de carte postale.
Un adolescent tunisien de 15 ans est révolté par la violence de la société. Dans un monologue haletant, il s'adresse tour à tour à son avocat et à un expert psychiatrique venus lui rendre visite en prison. Car oui, le meurtre de sa chienne Bella, amour de sa vie, ne pouvait pas rester impuni.