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C'était comme si Matt ne l'avait plus revue depuis un temps interminable. Elle était plus grande que dans son souvenir, plus fine aussi, les joues creusées par la fatigue. Malgré les cernes, la saleté et l'état de ses vêtements, Matt la trouvait sublime.
Ambre était le monde. Elle était le sens et la matière de la vie. Matt comprit en cet instant que même s'il ne l'avait jamais rencontrée, elle lui aurait manqué. C'était au-delà de la logique, de la raison. Une pure question de complétude.
Afficher en entierMatt en écoutant le récit de son ami, tout autant qu'en le regardant se gaver avec avidité.
Lorsqu'ils furent rassasiés, Tobias repoussa son assiette et lâcha un rot sonore.
- Toby ! s'exclama Ambre, plus surprise qu'indignée.
- Pardon, mais c'était tellement bon, fallait fêter ça.
Les autres s'esclaffèrent en observant le petit bonhomme balafré à la coupe de cheveux afro trop longue.
Afficher en entier« Sous la lune et sous l'astre d'or,
Nous allons le pas fier et lourd,
Montrez vos courages et soyez forts,
Car le cœur de nos parents est sourd.
Que roule le cri de tous nos tambours,
Nous voilà guerriers sans amour.
Nous venons comme des fantômes,
Implacables et sans rien lâcher,
Prêts à tuer tous les monstres et les hommes,
Nous sommes tous des enfants gâchés.
Partis nos rêves, partis nos espoirs,
Chut à l'océan et les vents,
Il ne nous reste que le soir,
Chut à l'âge, nous ne serons plus innocents. »
Afficher en entierLe ronronnement du monstre emplissait toute la pièce, couvrant par moments le fracas de l'orage contre les vitres, et Matt devinait une excitation de chasseur plus qu'une manifestation de joie.
Dans quoi est-ce que je me suis encore fourré?
Il n'avait aucune arme, seulement son esprit et son altération de force pour s'en tirer, et si tous les chats s'associaient pour l'empêcher de fuir, il n'avait aucune chance! Et c'était sans compter la chose dans son dos!
Le ronronnement se rapprocha de son oreille et un frisson fit trembler Matt. Il ne se laisserait pas attaquer sans répliquer. Déjà il commençait à fléchir les jambes pour bondir et se retourner, faire face à la menace.
Soudain tous les chats s'écartèrent du centre de la pièce, et Matt réalisa que quelque chose se mouvait tout au fond, dans la pénombre. Une forme arrondie... Une méridienne! Dessus, une silhouette, Matt en était certain. Il plissa les yeux pour essayer de voir, mais tout ce qu'il distingua fut une sorte de voile évanescent qui tombait sur la forme humaine.
Le ronronnement s'intensifia et Matt sursauta en sentant une moustache lui frôler la nuque.
-Hensel! s'écria une voix féminine depuis la méridienne. Laisse-le.
Afficher en entierLa chaleur du Cœur de la Terre se mit à grossir en quelques secondes, elle envahit tout le corps d’Ambre et un frisson presque électrique la traversa de la tête aux pieds. C’était comme se plonger dans un bain chaud après être resté une heure sous la neige. Une vague de bien-être l’avait envahie et la berçait doucement. Ambre ne s’était pas sentie aussi bien depuis une éternité. Depuis la dernière fois que Matt l’avait embrassée, se souvint-elle, un flash à la fois doux et amer, nostalgique.
Afficher en entier- Je ne m’opposerai pas aux miens. Je respecte les décisions collectives, je ne suis pas un tyran ou un héros solitaire.
- Mais s’il s’avère que le plus grand nombre a tort? s’énerva Matt. Est-ce qu’au nom de la démocratie il faut les laisser périr?
-Si je prends le pouvoir et que je les entraîne vers un massacre, qui serais-je? Un fou sanguinaire qui aura sacrifié bien des vies au nom de ses convictions !
- Toi et moi savons que rester c’est la mort.
Gaspar poussa un long soupir.
-C’est le choix que nous avons fait : écouter la voix du plus grand nombre. Même si cela doit nous coûter cher. C’est notre apprentissage de la démocratie, je suppose
- Il n’y aura plus aucune leçon à retenir, Gaspar, quand tout ça sera terminé, vous n’existerez plus.
- Et qu’est-ce que tu veux ? Que je fasse un putsch ? C’est ça notre modèle de vie en société ? Un coup d’Etat ?
- Nous sommes en guerre, Gaspar. Et en état de guerre, il faut parfois des chefs pour prendre les décisions que les autres refusent de prendre. Il faut faire des sacrifices, parfois avoir le mauvais rôle, et peut-être même, une fois tout cela terminé, ne pas être vu comme un héros mais comme un traître et en subir les conséquences, mais si c’est le prix à payer pour sauver le plus grand nombre, n’est-ce pas là une obligation morale que nous avons? Je suis comme toi, je déteste cette idée, je hais ce rôle, mais si personne ne l’endosse alors quel avenir pour notre peuple?
Un rictus fatigué et désabusé souleva le coin des lèvres de Gaspar.
-J’imagine que c’est exactement ce discours qu’ont tenu les hommes qui sont devenus des dictateurs autrefois, dit-il sans méchanceté.
-Mais c’est aussi celui qu’ont tenu certains héros et la frontière entre les deux est mince, je te l’accorde. Je sais qu’au fond de toi tu es d’accord avec moi, insista Matt. Je le sens. Je le vois, toi et moi nous sommes pareils, faits du même bois, le même caractère. Je me retrouve en toi. C’est juste que refuses d’être celui que tu dois être pour protéger les tiens.
Afficher en entierMorkovin hésita à monter au sommet de la tour pour vérifier l’heure. La position du soleil et de la lune au-dessus d’une des douze collines qui enserraient Bruneville faisait office de chronographe. Chaque terril avait un nom qui correspondait à une heure du jour ou de la nuit. Puis il réalisa qu’avec les nuages orageux qui s’étaient amoncelés au-dessus des toits, il ne verrait rien.
Le Maester était pris d’un curieux sentiment d’urgence.
Était-ce bien prudent d’attendre le lendemain pour s’occuper de la petite ? Après tout, il pouvait tout aussi bien l’accompagner lui-même dès à présent à son usine ! Bien sûr, c’était risqué s’il tombait sur une des patrouilles entropiques…
Morkovin hésitait.
Monsieur Judas sauta sur un fauteuil proche et se roula en boule en soupirant, ivre de bonheur à l’idée de voir son maître boire l’Élixir de la fille.
Morkovin attrapa une carafe en cristal et se servit un verre de son liquide ambré et capiteux. La brûlure de l’alcool lui réchauffa la gorge, avant de gagner sa poitrine.
Afficher en entierMatt fit un imperceptible signe de la tête pour signifier qu'il acceptait, et Chen lui sauta dans les bras, suivi de Tania.
- Idiot! dit enfin celui qu'on surnommait Gluant à cause de son altération. Tu as vraiment cru que tu allais filer à l'indienne? ON te connait pas coeur! Tania et moi on se relaye pour jeter un oeil sur les écuries. ON sait que tu as la bougeotte, alors on se doutait que tu préparais un mauvais coup, surtout que le temps passe et qu'il n'y a pas de nouvelles de Tobias et Ambre. Alors on surveille PLume. Tu ne partirais jamais sans elle, et elle est quand même plus facile à espionner que toi!
- Espèce de traîtres, plaisant Matt. Vous êtes les meilleurs traîtres qu'on puisse avoir pour amis.
Afficher en entierLe ciel s'obscurcit pendant près de cinq jours. Des nuages gris,lourds, menaçants, s'accumulèrent au-dessus de la vallée au point de faire craindre à Matt qu'Entropia était aux portes de leur domaine, lorsque plusieurs d'entre eux s'éventrèrent contre les montagnes pour libérer des orages d'une violence inouïe. Heureusement, ils demeurèrent sur les flancs des pics, et ne couvrirent Neverland que de pluies intenses.
L'après-midi du dernier jour, tandis que les gouttes se faisaient moins nombreuses, Matt se reposait dans le petit salon de l'aile nord après avoir longuement brossé Plume, lorsque Chen et Tania entrèrent avec précipitation pour sauter sur les fauteuils.
- Il parait que tu envisages de partir bientôt? rapporta Chen.
- Léo t'a vu en train d'aiguiser ton épée sur une meule, ajouta Tania.
- Et Archi dit que tu as pris un grand sac à dos dans les réserves d'équipement et que tu le remplissait de matériel d'exploration, c'est vrai?
Matt posa le livre qu'il avait emprunté à la bibliothèque et se releva.
- TU étais à la bibliothèque hier toute la journée, ajouta Tania. Apparemment, tu étudiais les cartes de l'Italie et du bassin méditerranéen.
Matt leva les paumes devant lui :
- OK, c'est bon assez de preuves je plaide coupable.
- Mais tu vas aller où? s'étonna Chen.
- ET tu ne nous en parles même pas? insista Tania, faussement outrée.
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Matt s'émerveilla comme un gamin lorsqu'il surprit deux papillons de plus de deux mètres d'envergure en train de voler ensemble, tourbillonnant au milieu des jonquilles et des marguerites géantes, offrant le ballet féerique de leurs immenses ailes aux couleurs vives et aux dégradés improbables.
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