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« — Vous ne voulez pas savoir ce que c'était ?
Mon regard passe de sa fossette à ses yeux. Je suis incapable de parler. Non, je n'en ai aucune envie. C'était la mort. C'était quelque chose que je ne souhaite jamais revoir. C'était la nuit après un jour ensoleillé. Une nuit glacée qui ne se terminera jamais, bordée d'une lune malade qui se moque de ceux qui ont froid. »
Afficher en entierAprès plusieurs efforts, j'arrive à déloger la fenêtre que je pose elle aussi délicatement sur le sol. Puis j'entreprends de grimper. Heureusement, le plafond est bas; je n'ai pas besoin d'aller chercher de quoi me faire la courte échelle. J'agrippe le cadre et me hisse. Je ne ressens toujours pas de douleur, et je n'ai jamais eu autant conscience du moindre muscle roulant sous ma peau tandis que je bouge. Si je n'avais pas vu mon reflet quelques minutes plus tôt, je croirais que je suis dans une forme olympique.
Afficher en entierOn me caresse doucement le visage. J'ai envie d'ouvrir les yeux, mais je n'en ai pas la force. Je me rends vite compte que c'est mieux ainsi. Personne ne me caresse. C'est une serviette humide qui passe sur ma peau, et les deux ombres de la ruelle sont là.
— Ça ne sert à rien, dit l'un d'eux.
Ce n'est pas celui qui s'occupe de moi, et sa voix est hostile. L'autre homme ne répond rien, mais il y a une certaine douceur dans ses gestes. Mon front me donne l'impression de brûler, mais c'est le cadet de mes soucis. Je ne me suis pas morte, la douleur qui rayonne dans tout mon corps en est la meilleure preuve qui soit. Je n'essaie pas de bouger pour ne pas attirer leur attention, mais je ne suis pas sûre que j'en serais capable, même si j'en avais envie.
— On n'aurait jamais dû l'emmener, continue-t-il. C'était un risque, maintenant c’est un fardeau.
— Je n'ai pas trouvé de marque de morsure.
Cette fois-ci, c'est mon infirmier qui parle. Sa voix est profonde et rebondit sur ma peau. Il est très proche de moi.
— Et maintenant, quoi ? On la garde en observation, et elle complique tout. Tu n'es même pas sûr qu'elle va survivre. On aurait dû abréger ses souffrances.
— Il ne s'agit pas d'un animal, Marat.
Il a parlé fermement, cependant il n'a pas haussé le ton. Ça aurait été inutile. Il rayonne d'autorité et n'a pas besoin de s'énerver pour asseoir son pouvoir. Même moi, j'en frissonne. Je ne sais pas comment réagit l'autre homme, mais il garde le silence tandis que la serviette descend dans mon cou. Je comprends qu'il est en train de me nettoyer quand je l'entends la serrer après l'avoir humidifiée encore une fois. Lorsque le tissu touche ma peau à nouveau, je dois faire un effort pour ne pas frissonner. Celui qui s'occupe de moi semble attentionné, mais je ne m'y trompe pas. Je les ai vus dans la ruelle, je sais qu’ils sont dangereux. Peut-être différemment des créatures qui nous ont attaquées, mais pas moins. J’ignore où je suis, j’ignore qui ils sont. J'ai juste cruellement conscience que, quelles que soient les réponses, je suis dans un sacré pétrin.
— Comme tu voudras, dit finalement le dénommé Marat. Mais quand elle causera des problèmes, tu t'en occuperas tout seul.
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