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« Au fond, Aurélie a toujours eu du mal à supporter les Bordelais. Des caricatures de bourgeois, hautains et méprisants. Provinciaux incapables de s’assumer, ils veulent sans cesse rivaliser avec les Parisiens. Noble objectif… Aurélie connaît bien la capitale, c’était la ville de sa première affectation dans un commissariat du quinzième arrondissement. La petite limougeaude avait adoré cette expérience professionnelle exigeante, pleine de découvertes et de rencontres, au milieu d’autres déracinés. Elle aimait aussi l’impression grisante d’évoluer tous les jours dans une gigantesque œuvre d’art, un décor entièrement composé de monuments historiques. Elle avait beaucoup moins apprécié le rythme infernal d’une vie entassée dans les embouteillages ou le métro, et aujourd’hui elle n’éprouve aucune gêne à vivre dans une ville plus petite, plus sereine, et simplement plus respirable. »
Afficher en entier« Limoges. Il prendrait facilement racine dans cette nouvelle ville, pourtant si solidement arrimée à la terre. Débarqué ici il y a un an faute de poste intéressant sur un terrain plus prestigieux, il pensait poser ses valises seulement pour quelques mois. Peu à peu, il a apprécié l’endroit. La campagne aux portes de la ville, le ballet chatoyant des saisons, l’humanisme des habitants qui ont choisi une vie sereine loin de la foule et des embouteillages… »
Afficher en entierA-t-il rêvé cette visite ? A-t-il rêvé ce danger ? Pour la première fois depuis son arrivée à l’hôpital, il s'est senti menacé par autre chose que sa maladie. Il vient de prendre conscience de sa faiblesse. Il ne peut plus se défendre. Un sentiment de médiocrité, un vide immense. Ses lugubres réflexions reviennent, toujours accentuées par la nuit, dans un calme seulement troublé par la rumeur glaçante des machines.
Afficher en entierUn lundi, s'il y a suffisamment de place et si l'emploi du temps n'est pas trop chargé, on le prend dans le service. S'il a de la famille autour qui pleure et qui insiste, on peut même arriver à le sauver. Et bien, maintenant, imaginez que les pompiers emmènent aux urgences un patient identique un vendredi soir, et qu'ils le laissent tout seul. Il n'y a pas de proche pour l'accompagner. Le type est en surpoids, et n'a pas une bonne hygiène. Un moment où le service de réa est un peu engorgé. Dans ce cas, quand les urgences nous appellent, nous leur disons que non, nous n'avons pas assez de place pour ce monsieur. Le gros patient doit attendre. Et il va rester aux urgences pendant des heures, avant de mourir tranquillement, sur son brancard. Des fois, on doit un peu l'aider à partir. On appelle ça " sortir les outils de jardin "... Alors qui vit, qui meurt? Les dieux de la réa décident...
Afficher en entierA l'accueil, une salle d'attente est réservée aux familles. Devant les sièges, sur de petites tables, des dépliants vantant le don d'organe rappellent que de nombreux patients ne sortent pas d'ici sur leurs deux pieds.
Afficher en entierDepuis qu'il côtoie des blouses blanches vingt-quatre heures sur vingt-quatre, les médecins sont banalisés. Démystifiés. Ils vaquent à leurs occupations comme les employés de n'importe quelle entreprise, parfois avec ardeur, parfois avec lassitude.
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