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Mais une femme pouvait-elle jamais connaître véritablement l'homme dont elle était tombée amoureuse? Ou ne voyait-elle que ce qu'elle voulait voir ?

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** Extrait offert par B.J. Daniels **

Chapitre 3

Dillon regarda la jeune femme s’éloigner sur la route et rejoindre l’endroit où elle avait laissé sa voiture, d’un modèle tout récent. Apparemment, elle avait voulu le prendre par surprise. De ce point de vue, aucun doute, elle avait réussi son coup !

De l’endroit où il se trouvait, il ne pouvait distinguer son numéro d’immatriculation, mais c’était apparemment une plaque minéralogique de Californie. Son frère avait trouvé la mort en Arizona. Ce n’était pas si loin…

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** Extrait offert par B.J. Daniels **

Chapitre 2

Dillon éleva lentement les mains devant lui et recula d’un pas.

— Doucement. Ne nous énervons pas. Je réitère ma proposition : si vous voulez bien entrer avec moi dans la maison… Je serai en mesure de tout vous expliquer. Mais, d’abord, baissez ce pistolet. Rien ne justifie l’emploi d’une arme à feu.

Elle avait déjà eu à livrer bataille, dans sa vie. Ce n’était pas comme si elle en était à son premier rodéo, songea Tessa Winters en jaugeant le cow-boy. Elle avait parcouru tout ce chemin avec l’intuition qu’Ethan pouvait être dans le Montana, mais elle n’en avait pas moins éprouvé un choc lorsqu’elle s’était effectivement retrouvée nez à nez avec ce salaud — cet abominable menteur.

— Tu ne t’en sortiras pas en me faisant du charme, je te préviens.

Il secoua la tête.

— Ce n’est pas mon intention. Si vous rangez ce pistolet, je suis certain que nous parviendrons à résoudre ce problème.

Elle le considéra avec méfiance, tiraillée entre la colère qui bouillonnait en elle et le calme apparent qu’il lui opposait. A une certaine époque, elle se serait laissé fléchir. Mais ce temps-là était révolu.

Elle plissa les yeux lorsqu’elle se rendit compte qu’il avait dû venir ici, dans le Montana, juste après l’avoir quittée. Ses grandes mains étaient calleuses, et sa peau tannée par le grand air, comme s’il avait véritablement gagné sa vie de façon honnête, en accomplissant des travaux physiques.

En le regardant, elle ne put s’empêcher de penser à la première fois qu’elle l’avait vu. Avec ses cheveux couleur de sable blond et ses grands yeux bleus, c’était certainement le plus beau cow-boy qu’elle eût jamais rencontré. Comme aujourd’hui, il portait ce jour-là une chemise western qui accentuait sa large carrure et ses hanches minces, et un jean qui… Tessa coupa court à ces pensées dangereuses en se remémorant ce pour quoi elle était venue. Il avait peut-être toujours fière allure — le mode de vie du Montana l’avait même rendu encore plus séduisant —, mais elle savait trop bien ce qui se cachait sous la façade : un menteur doublé d’un lâche et d’un voleur.

— S’il vous plaît, dit-il en désignant l’arme du menton. Baissez votre pistolet. Vous me rendez nerveux.

— Tu as bien raison de l’être, riposta-t-elle sèchement.

Mais elle laissa retomber son bras.

— OK, reprit-il, baissant lui aussi les mains. Donnez-moi quelques minutes pour m’occuper de mon cheval et, ensuite, nous monterons jusqu’à la maison pour discuter tranquillement.

D’un mouvement souple, il repassa de l’autre côté de la clôture et s’approcha lentement de la pouliche effarouchée.

Tessa l’entendit parler à voix basse à l’animal tandis qu’il dénouait la longe du licol, puis lui flattait longuement l’encolure, murmurant toujours à son oreille. A le voir faire preuve de tant de douceur et de patience avec le cheval, la colère de Tessa s’en trouva ranimée. Dire qu’il les avait abandonnés, elle et leur enfant, sans même un battement de cils…

Lorsqu’il en eut terminé avec le cheval, il revint vers la barrière, qu’il franchit de nouveau, et se mit en route vers la maison. Tessa lui emboîta le pas, à quelque distance. Ne sachant trop s’il ne mijotait pas quelque coup tordu, elle garda la main enfoncée dans son sac à main, les doigts fermement repliés autour de la crosse de son arme. Il croyait la connaître, mais il n’avait aucune idée de la personne à laquelle il avait affaire aujourd’hui. La grossesse l’avait profondément changée, à bien des égards.

Tessa se faisait l’effet d’être devenue une sorte d’électron libre. C’était en grande partie dû aux hormones, ainsi que le lui avait expliqué son gynécologue. Mais, compte tenu du maelström émotionnel qu’elle traversait, elle était surprise que le nombre de crimes passionnels commis par des femmes enceintes sur la personne de leur conjoint ou compagnon ne soit pas plus élevé.

A dire vrai, elle était tellement furieuse contre Ethan qu’elle ne savait même pas ce qu’elle allait faire. Elle avait passé les six derniers mois à remâcher sa rancœur, tout en s’exhortant à laisser tomber. A oublier une bonne fois pour toutes la façon dont il l’avait flouée. Finalement, elle avait cessé de se mentir. Elle avait besoin de le regarder en face une dernière fois, avant de tourner définitivement la page sur ce funeste épisode de sa vie. Cela étant, se munir d’une arme n’avait sûrement pas été une brillante idée. Mais elle voulait qu’il se rende compte qu’elle ne plaisantait pas.

Il gravit les marches du perron et poussa la porte d’entrée avant de s’effacer pour la laisser passer. Voilà qu’il se comportait en gentleman, maintenant… Encore une nouveauté ! Elle lui jeta un regard torve tandis qu’elle passait devant lui. Elle l’entendit refermer la porte derrière eux.

— Que diriez-vous de discuter de tout ça devant une tasse de café ? s’enquit-il.

Sans attendre sa réponse, il poursuivit son chemin vers ce qui devait être la cuisine.

Elle soupira, se demandant combien de temps encore il s’imaginait pouvoir atermoyer avant qu’elle ne perde réellement son sang-froid. Depuis qu’elle était enceinte, elle était sujette à de fréquentes sautes d’humeur. Elle vivait en permanence sur des montagnes russes, passant en alternance des larmes à la colère, ce qui, à la longue, se révélait épuisant. Mais elle n’en était pas moins déterminée. Comme si le fait qu’Ethan se soit joué d’elle en l’abreuvant de mensonges, en la séduisant pour l’abandonner lâchement du jour au lendemain n’avait pas suffi, il avait fallu qu’il la vole ! Ç’avait été la goutte d’eau qui avait fait déborder le vase.

Tessa promena son regard autour d’elle, surprise de découvrir la vieille maison du ranch nette et propre, tout en se disant qu’une fois la question réglée avec Ethan, elle retrouverait son calme, sa confiance en elle, et redeviendrait enfin elle-même. Du moins… elle l’espérait.

— Qui se charge de faire le ménage, chez toi ? demanda-t-elle d’un ton soupçonneux, en s’approchant du seuil de la cuisine.

— Moi, répondit-il par-dessus son épaule.

Elle le regarda s’affairer devant le plan de travail. Tiens donc… Quand avait-il appris à préparer le café ? A moins qu’il ne l’ait toujours su et, comme pour le reste, qu’il se soit moqué d’elle. Juste au moment où elle en était à se dire qu’il ne pouvait pas la faire enrager plus qu’il ne l’avait déjà fait !

Détournant les yeux pour se retenir de sortir l’arme de son sac et de lui tirer dessus, elle s’aperçut que la cuisine était aussi bien rangée que le reste de la maison. Ça ne ressemblait pas du tout à l’Ethan Lawson qu’elle avait connu.

Jusqu’à ce moment, il ne lui était pas venu à l’esprit qu’il ait pu les quitter, elle et le bébé qu’elle portait, parce qu’il avait une autre famille dans le Montana. Cette pensée, tout à coup, pesa très lourd sur son cœur. Elle lutta pour reprendre son souffle — et, surtout, pour réprimer l’envie de pleurer qu’elle sentait monter en elle.

Etait-ce possible ? Se pouvait-il qu’il ait été perpétuellement à court d’argent parce qu’il envoyait ce qu’il gagnait à sa famille ? Elle n’aurait jamais cru qu’il pourrait lui faire plus de mal qu’il ne l’avait fait, mais, manifestement, elle s’était trompée.

— Qui vit ici, avec toi ? demanda-t-elle en faisant de son mieux pour affermir sa voix, sur le point de se briser.

Il se retourna pour la regarder.

— Simplement moi et deux chiens de travail. Prenez un siège. Avez-vous petit-déjeuné ? Je peux faire…

— Ça ira.

Elle n’avait même pas envie de boire du café. Et depuis quand Ethan avait-il appris à cuisiner ? Tout ce qu’elle voulait, c’était récupérer son argent et s’en aller. Enfin… pas tout à fait. Il y avait une autre petite question, songea-t-elle, plongeant de nouveau la main dans son sac.

Il lui avança l’une des chaises qui se trouvaient autour de la table, l’invitant à s’asseoir, et déposa une tasse de café devant elle.

— J’ai fait du décaféiné, étant donné que vous attendez un…

D’un geste de la main, il montra son ventre rond.

— Un bébé. C’est un bébé, Ethan. Tourner autour du pot ne servira à rien, tu sais. Tout ce que je veux, c’est que tu arrêtes de jouer la comédie, que tu me rendes mon argent et, ensuite…

— Attendez une seconde.

Il quitta la pièce et, l’espace d’un instant, elle s’attendit presque à entendre le bruit du moteur de son pick-up tandis qu’il prenait une fois de plus la poudre d’escampette — comme il savait si bien le faire.

Mais non. A sa surprise, elle le vit reparaître quelques minutes plus tard avec, à la main, des photos et ce qui ressemblait à des coupures de journaux.

Il posa le tout sur la table, à côté de sa tasse de café, et tira une chaise, face à elle, qu’il tourna pour s’asseoir dessus à califourchon, les bras calés sur le dossier.

Elle ne jeta même pas un coup d’œil aux documents placés devant elle, se demandant ce qu’il avait en tête. Comment diable avait-elle pu croire un instant qu’elle pourrait régler la question en venant ici et en le mettant au pied du mur ? Jurant intérieurement, elle esquissa un mouvement pour se lever, la main serrée autour de l’arme.

— Attendez… S’il vous plaît. Je pense que ceci devrait aider à clarifier la situation, dit-il d’une voix presque aussi douce que celle qu’il avait employée pour parler à sa pouliche.

Tendant la main, il écarta les coupures de journaux pour exposer l’une des photos.

Elle lui adressa un regard impatienté. Puis, se calant contre le dossier de son siège avec un soupir exaspéré, elle baissa les yeux et contempla le cliché qu’il avait poussé vers elle. Une onde de choc la traversa. Elle releva vivement les yeux. Il attendait patiemment. Elle regarda de nouveau la photo. Ses doigts tremblaient lorsqu’elle s’en saisit et l’approcha de son visage pour être certaine qu’elle n’avait pas la berlue.

Les deux garçonnets devaient avoir une dizaine d’années. Tous deux souriaient à l’objectif, leurs chapeaux de cow-boy repoussés en arrière. Vêtus de chemises western, de jeans et de bottes, ils se tenaient devant une dépendance de ranch — une grange, probablement.

Son regard dériva vers l’autre cliché, qui les représentait plus âgés. Elle le prit, toujours aussi stupéfaite de voir les deux mêmes visages côte à côte. Ils étaient adolescents, sur cette photo-là. Ils étaient à peu de chose près habillés de la même façon que sur la première mais, sur celle-ci, aucun d’eux ne souriait à l’appareil.

— Nous sommes de vrais jumeaux, dit-il, comme si elle n’avait pas déjà compris toute seule à la vue de ces clichés.

Elle reposa les photos sur la table et lui jeta un regard courroucé. Pensait-il vraiment qu’elle allait avaler ça ? Certes, les photos semblaient authentiques — elle n’avait décelé aucun signe de trucage. Mais elle ne l’aurait jamais confondu avec un autre cow-boy, fût-il son frère jumeau !

— D’accord. Alors, faisons comme si vous n’étiez pas Ethan, faisons comme si vous étiez son frère. Etant donné ce qu’on dit des vrais jumeaux et du lien indéfectible qui les unit, vous êtes certainement en mesure de me dire où il est, n’est-ce pas ?

— Oui, acquiesça-t-il en suivant du regard sa main qui se posait de nouveau sur son ventre.

Il avait l’air inquiet, comme s’il craignait qu’elle n’ait un nouveau malaise.

— Peut-être devriez-vous jeter un coup d’œil aux coupures de journaux, reprit-il.

Un mauvais pressentiment s’empara d’elle. A contrecœur, elle prit la première des deux coupures et la déplia.

Le sang se mit à pulser bruyamment dans ses oreilles.

— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda-t-elle, alors même qu’il sautait aux yeux que ce qu’elle tenait entre les mains était un avis de décès.

Celui d’Ethan.

Sans un mot, il poussa l’autre page de journal vers elle et attendit.

Tessa déglutit avec peine, se disant confusément qu’il devait y avoir un piège quelque part. D’une main tremblante, elle prit l’autre coupure et l’ouvrit. La première chose qu’elle vit fut la photo qui illustrait l’article. C’était un cliché de ce qui restait d’une voiture accidentée, qui avait visiblement pris feu après être tombée au fond d’un ravin — apparemment en plein désert.

— Regardez la date imprimée sur le journal, commenta-t-il.

Le cœur de Tessa se mit à palpiter lorsqu’elle la vit. L’article datait de l’année précédente — il y aurait un an jour pour jour le lendemain. Comment cela était-il possible ? Elle était enceinte de huit mois ! L’espace d’un moment, elle ne sut que penser.

Puis elle reporta les yeux sur l’homme qui lui faisait face.

— Est-ce que c’est une mauvaise plaisanterie ?

— La mort de mon frère n’a rien d’une plaisanterie. Du moins, pas à mes yeux.

Tessa secoua la tête en contemplant de nouveau les jumeaux, enfants, puis adolescents. Il était impossible de les distinguer. Elle n’aurait su dire avec certitude lequel des deux était Ethan.

Relevant la tête, elle plissa les paupières et le regarda droit dans les yeux.

— Si votre frère est vraiment mort, à moins que vous n’ayez été une fratrie de triplés…

Sa main se posa une nouvelle fois sur son abdomen rebondi.

— On en revient là ? demanda-t-il tristement.

Tessa se leva d’un bond.

— Si ce n’est pas Ethan que j’ai rencontré l’an dernier, alors c’était forcément vous qui vous faisiez passer pour lui. Ce qui signifie que c’est vous, le responsable de ceci, décréta-t-elle, les deux mains appliquées sur son ventre. Et vous aussi qui m’avez volé de l’argent.

Il secoua la tête.

— Je m’appelle Dillon. Dillon Lawson. Et je vous garantis que vous et moi ne nous sommes jamais rencontrés avant que je lève les yeux, tout à l’heure, et que je vous voie en train de grimper sur la clôture.

Les yeux de Dillon s’abaissèrent vers son ventre rond et le bébé qu’il abritait. Tessa vit son regard s’adoucir.

— Mais si je pensais ne fût-ce qu’une seconde que vous portez vraiment l’enfant de mon frère…

Une immense tristesse envahit Tessa. Elle avait réellement voulu croire qu’il aurait un sursaut de décence lorsqu’il la verrait, enceinte comme elle l’était.

— C’est ma faute. J’ai su quel genre d’homme tu étais à la minute où j’ai fait ta connaissance. Un vagabond charmeur, à peu près aussi fiable que le temps peut l’être dans ton cher Montana. Tu prétendais vouloir changer. J’aurais dû faire preuve d’un peu plus de lucidité, au lieu de te croire, naïvement. Car il s’avère que tu es plus méprisable encore que je n’aurais jamais pu l’imaginer.

Les yeux la piquaient, mais la colère l’aida à lutter contre les larmes qui menaçaient. Si son frère était mort, alors elle avait en face d’elle l’homme dont elle était tombée amoureuse, celui qui lui avait promis la lune et lui avait menti sur toute la ligne. Ethan n’était pas son vrai nom. Il avait utilisé le prénom de son frère décédé, pensant sans doute qu’elle ne pourrait pas retrouver sa trace, vu qu’il lui avait également dissimulé son véritable patronyme.

Les mains toujours plaquées sur le ventre en un geste protecteur, elle proféra d’une voix chargée — bien malgré elle — d’émotion :

— Très bien. Je vois que tu as décidé de t’en tenir à ta version. Puisque tu prétends que tu ne me connais pas et que cet enfant n’est pas de toi, alors signe-moi ceci et nous en aurons terminé.

Elle tira le document de son sac et le poussa sur la table devant lui.

Il s’en saisit et prit quelques minutes pour lire attentivement le formulaire stipulant qu’il renonçait à ses droits sur leur enfant. Lorsqu’il eut terminé, il leva les yeux et la regarda.

— Je ne peux pas signer ça. Je croyais m’être fait clairement comprendre. Je ne suis pas le père de votre bébé. Croyez-moi, je n’aurais pas oublié, si nous avions…

Il s’interrompit, soutenant son regard pendant quelques instants. Elle crut même le voir rougir.

— Si nous nous étions déjà rencontrés, acheva-t-il. Et, étant donné qu’il y aura un an demain, jour pour jour, qu’Ethan est mort…

Il éleva la main pour couper court à ses protestations.

— Je dois aussi vous avertir que je suis shérif adjoint du comté de Sweet Grass. Donc, si tout ceci n’est qu’une mascarade destinée à me soutirer de l’argent ou à vous approprier l’assurance-vie contractée par mon frère…

Il repoussa le document de l’autre côté de la table et abaissa son regard jusqu’à sa main, toujours enfouie dans les profondeurs de son sac besace.

— Je vous suggère aussi d’y réfléchir à deux fois avant de persister à vouloir brandir sous mon nez ce calibre .45 que vous promenez.

— Shérif adjoint ? répéta-t-elle, interdite, en sortant lentement la main de son sac.

Il confirma d’un hochement de tête.

— Si vous voulez, je me ferai un plaisir de vous montrer l’étoile qui l’atteste.

Elle secoua la tête, se reprochant d’avoir été la reine des idiotes — de l’être encore. Oh ! bien sûr, elle n’avait pas espéré grand-chose de ce voyage. Connaissant Ethan, elle s’était bien doutée qu’elle aurait peu de chances de récupérer la somme qu’il lui avait subtilisée. Mais elle s’était dit qu’il aurait au moins l’humanité de signer sans discuter le document qu’elle lui avait présenté.

En partant sans prévenir comme il l’avait fait, il avait clairement signifié qu’il ne voulait pas entendre parler de leur enfant. C’était cela, le plus douloureux. Plus douloureux encore que le fait qu’il l’ait quittée, elle. Car il savait très bien ce que représentait pour elle le fait de fonder une famille, étant donné qu’elle n’en avait jamais eu.

Mais, apparemment, rien de tout cela ne comptait à ses yeux. Il n’avait jamais eu l’intention de faire amende honorable, conscient qu’il était depuis le début que rien, jamais, ne pourrait l’y contraindre. Sa parole à elle, citoyenne lambda, ne pèserait pas lourd face à celle d’un représentant de la loi.

D’un geste vif, elle récupéra le document et le fourra dans son sac, faisant de son mieux pour réprimer ses larmes.

— Moi qui croyais avoir décelé quelque chose de… bon, tout au fond de toi.

Elle croisa son regard, s’abîmant pendant une minute dans la contemplation de ces deux miroirs bleu pâle. Sa vision se brouilla. Elle secoua rageusement la tête. Non, elle ne lui donnerait pas — en plus — la satisfaction de savoir à quel point il l’avait blessée.

— Je ne veux plus jamais te revoir. Si jamais tu tentes d’approcher de mon bébé…

Sa main s’abaissa de façon éloquente vers le sac.

— Je vous conseille de ne pas menacer pour la deuxième fois un représentant de la loi avec cette arme.

— C’est juste histoire de m’assurer que nous nous sommes bien compris. Tu peux garder mon argent et me faire autant de mal que tu voudras, mais ne t’avise pas de toucher à mon bébé. Jamais. Shérif adjoint ou pas.

Lui lançant un dernier regard haineux, elle se détourna et quitta la pièce.

Il ne fit rien pour la retenir.

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** Extrait offert par B.J. Daniels **

Chapitre 1

Debout au milieu du corral, Dillon Lawson tira doucement sur la longe pour obliger la pouliche à tourner en rond autour de lui. C’était une belle bête, et il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine fierté en la voyant. Elle était intelligente, de surcroît, ce qui ne gâchait rien. Il l’avait compris à l’instant où il l’avait regardée dans les yeux, juste après sa naissance.

Il l’avait appelée Bright Beauty en référence à ces qualités, émerveillé par le miracle de la naissance, et par le courage qu’il avait perçu chez l’animal, alors qu’il le regardait se dresser maladroitement sur ses jambes pour la première fois.

Tandis que la pouliche trottait et qu’il resserrait progressivement le cercle qu’elle décrivait, il la vit poser le regard sur lui. Le vent soulevait sa crinière rousse et elle semblait parader, comme si elle s’efforçait de le satisfaire.

Son cœur se gonfla d’affection. Son père n’aurait pas approuvé la façon dont il s’y prenait pour débourrer la pouliche. Burt Lawson avait toujours dressé ses chevaux « à la dure », méthode qu’il s’était fait fort d’appliquer également à ses fils. Cette pensée en amena aussitôt une autre, douloureuse. Sans qu’il puisse s’expliquer pourquoi, son père s’était toujours montré particulièrement inflexible vis-à-vis d’Ethan. C’était pour cette raison que Dillon avait passé des années à tenter de protéger son frère — mais, en fin de compte, il n’avait pas réussi.

En dépit du plaisir qu’il prenait à faire travailler cette pouliche, et malgré la perfection de cette claire journée de printemps dans le Montana, son humeur s’assombrit subitement à la pensée d’Ethan — et du premier anniversaire de sa mort, tout proche. Presque un an qu’Ethan était parti. Dillon n’aurait su dire ce qui était le pire, de la culpabilité d’avoir fait faux bond à son frère, ou du chagrin d’avoir perdu le dernier membre de sa famille.

— Ethan !

Son esprit étant tout entier occupé par son frère, Dillon songea, l’espace d’une seconde, qu’il était le jouet de son imagination. Il tourna la tête et eut la surprise de découvrir, de l’autre côté de la clôture du corral, une femme qu’il ne connaissait pas. Il vivait tellement à l’écart de la ville qu’il lui arrivait rarement d’avoir la visite d’étrangers. Et puis, il n’avait pas entendu de bruit de moteur. Il jeta un bref coup d’œil dans la cour. Pas de véhicule. D’où sortait-elle ?

Il reporta son regard sur la femme. Elle avait grimpé sur la clôture et s’y maintenait en équilibre, cramponnée à la planche supérieure. Une crinière de boucles brunes flottait autour d’un visage mangé par d’immenses yeux bleus. Ce fut tout ce qu’il eut le temps de remarquer avant qu’elle reprenne la parole.

— Ethan…

Elle prononçait ce nom comme s’il s’agissait d’une malédiction. Il avait cru avoir mal entendu, la première fois. Cette fois, le doute n’était plus permis. Il y avait de la colère dans ce mot, tellement douloureux à ses oreilles. De la colère et de la tristesse.

Un frisson courut le long de son échine.

Elle le prenait pour son frère.

Cette méprise lui fit l’effet d’un coup de poing dans l’estomac. Il ralentit l’allure de la pouliche, jusqu’à ce que celle-ci s’arrête, et repoussa en arrière son chapeau de paille. Le soleil tiède amorçait sa descente vers l’ouest, si bien que la fraîcheur du vent qui soufflait des monts Crazy, aux cimes encore enneigées, était tout à coup plus perceptible, venant rappeler que le temps était sujet à de brusques variations, à cette période de l’année, et que, à l’image de la vie, il pouvait changer sans préavis, d’un instant à l’autre.

Laissant retomber sa main qui tenait la longe, il ôta son chapeau et s’avança d’un pas hésitant dans la direction de l’inconnue. Tant bien que mal, il s’éclaircit la gorge pour déloger la boule qui s’y était formée. Si cette femme l’avait confondu avec Ethan, c’est qu’elle ignorait qu’il était mort.

Alors qu’il s’approchait d’elle, il vit ses yeux se rétrécir jusqu’à ressembler à deux rayons laser. La colère qui l’animait le troubla. Qui sait ce qu’avait bien pu faire son frère, avant sa mort ? De tout temps, Ethan avait attiré les ennuis comme un aimant attire le métal, et Dillon n’avait aucune idée de ce qu’avait pu être sa vie au cours des dernières années.

Il n’était plus qu’à quelques pas d’elle lorsqu’il vit ses yeux se remplir de larmes. Puis, subitement, son visage perdit toute couleur. Elle chancela sur la barrière du corral pendant quelques secondes, avant de commencer à basculer en arrière… Bonté divine, elle était en train de tourner de l’œil !

En deux foulées, Dillon combla la distance qui les séparait. D’un bond souple, il sauta par-dessus la barrière et réussit à la rattraper à temps, avant qu’elle ne s’écroule sur le sol. Tandis qu’il la tenait dans ses bras, son regard se promena sur elle. Malgré lui, il sentit ses yeux s’écarquiller.

Elle était enceinte. Jusqu’aux yeux.

La frange de cils épais de la jeune femme papillota. Les grands yeux bleus se rouvrirent et son regard se focalisa sur lui.

Il ne vit pas venir la gifle qu’elle lui administra à toute volée.

— Espèce de salaud !

— Hé, doucement, protesta Dillon, portant une main à sa joue en feu. Vous faites erreur…

— Je suis bien d’accord. Mon erreur, ça a été de tomber amoureuse de toi !

Il secoua tristement la tête.

— Je ne suis pas la personne que vous pensez.

— Ça, c’est le moins qu’on puisse dire ! Lâche-moi. Je veux redescendre.

Dillon obtempéra et la regarda batailler pour se remettre sur ses jambes. Se trouver face à lui avait été un vrai choc pour elle, c’était clair. Et pourtant, si elle avait atterri ici, chez lui, c’était bien parce qu’elle était venue l’y chercher, non ?

Il fronça les sourcils, s’efforçant de démêler cet imbroglio. Il y aurait un an demain qu’Ethan était mort. Dans ces conditions, comment pouvait-elle le prendre pour son frère ? Sans parler… Ses yeux s’abaissèrent de nouveau vers son abdomen généreusement bombé. Sa grossesse touchait visiblement à son terme. Elle semblait prête à accoucher d’une minute à l’autre.

— Vous connaissiez mon frère ? demanda-t-il, sur ses gardes.

La bandoulière de son grand sac à main avait glissé de son épaule quand elle avait failli tomber. Elle se pencha pour le ramasser, l’épousseta d’un geste sec, se redressa et le fusilla du regard.

— Tout ce que je veux, c’est que tu me rendes mon argent, déclara-t-elle en raccrochant son sac besace à l’épaule droite.

— Votre argent ? Quel argent ? Vous voulez parler de l’assurance ?

Le chèque lui était parvenu quelques jours plus tôt seulement. Apparemment, son frère avait souscrit une assurance sur la vie d’un demi-million de dollars, dont Dillon était l’unique bénéficiaire. Ethan avait toujours été le genre de personne à réserver toutes sortes de surprises. La femme qui se tenait devant lui en était une preuve supplémentaire.

— L’assurance ? C’est comme ça que tu appelles ça ? Ecoute, contente-toi de me rendre ce qui m’appartient et je te laisserai tranquille, assena-t-elle avant de tourner les yeux vers les montagnes, comme si le simple fait de le regarder lui était insupportable.

Le comté de Sweet Grass était cerné de tous côtés par des sommets montagneux enneigés, donnant à certains l’image d’un petit paradis. A l’instant où Dillon avait vu les monts Crazy, il avait su que c’était là qu’il voulait s’installer — plutôt que de rester dans la petite ville d’exploitation forestière de l’ouest du Montana où ils avaient grandi. Son frère, Ethan, l’avait fuie sitôt qu’il avait eu dix-huit ans, et n’y avait selon toute vraisemblance jamais remis les pieds.

Lorsqu’elle reporta son regard sur lui, Dillon se rendit compte que si elle avait détourné les yeux, ce n’était pas tant pour admirer le splendide panorama du Montana que pour s’efforcer de contenir sa colère — mais en vain.

— Je vous propose de me suivre à l’intérieur, suggéra-t-il en désignant d’un geste la maison. Je pense que nous devrions pouvoir régler ce problème sans trop de difficulté. Accordez-moi juste deux minutes, le temps que j’enlève la longe de mon cheval et…

— Si tu espères pouvoir m’endormir avec de belles paroles, autant te dire tout de suite que tu te trompes. Et inutile d’essayer de jouer la carte de la séduction. Ça ne marchera pas… Plus maintenant — plus jamais. Une fois m’a suffi.

La main de la jeune femme vint se poser sur son estomac, et il sentit tout à coup son cœur manquer un battement.

Elle n’allait tout de même pas tenter de le convaincre qu’elle portait le bébé d’Ethan ? Dillon n’avait jamais été l’élève le plus brillant de la classe en mathématiques, mais il n’était pas nécessaire d’être un as en calcul mental pour résoudre ce problème-là : même si cette femme semblait sur le point d’accoucher à tout moment, son frère était mort depuis douze mois.

— Ecoutez, je ne sais pas quelle est votre histoire, mais ce bébé… Ce n’est pas…

— Si tu oses dire que ce n’est pas le tien…

Il vit sa main droite plonger dans le sac. L’instant suivant, il se retrouvait face au canon d’un calibre .45.

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** Extrait offert par B.J. Daniels **

Prologue

C’est donc comme ça que tout va se terminer…

Telle fut sa première pensée lorsqu’il ouvrit les yeux et découvrit qu’il était attaché au volant d’une voiture lancée à pleine vitesse, empestant l’alcool — pire que cela, complètement ivre — et sur le point de mourir.

Regardant à travers le pare-brise, il vit qu’il dévalait une route déserte, creusée d’ornières et bordée de cactus dont les silhouettes fantomatiques se découpaient dans le clair de lune. Subitement dégrisé, il enfonça la pédale de frein. Rien ! La panique le submergea d’un seul coup, telle une douche glacée.

Il déplaça le pied pour tester la pédale d’accélérateur, mais elle non plus ne répondait pas, et pour cause : elle était bloquée au plancher.

Avec les mains liées au volant comme elles l’étaient, impossible de dévier la voiture de sa trajectoire pour tenter de ralentir sa course folle. Il ne pouvait pas non plus actionner le frein à main, ni ouvrir la portière et s’échapper.

Se sauver, se tirer d’affaire… Sa spécialité. L’unique domaine dans lequel il avait excellé sa vie durant. Mais cette pensée ne fit que traverser fugitivement son esprit, car une ornière plus profonde que les autres le secoua violemment. Le compteur de vitesse indiquait cent trente kilomètres à l’heure.

Ethan songea à toutes les erreurs qu’il avait commises, aux gens qu’il n’aurait jamais dû doubler, et aux quelques rares personnes auxquelles il avait véritablement tenu. Mais il n’avait pas le temps de s’appesantir sur sa jeunesse dévoyée. Droit devant, le chemin tournait à quatre-vingt-dix degrés sur la gauche pour contourner un profond ravin. La voiture ne pourrait pas prendre ce virage-là. Pas à cette vitesse.

C’est alors qu’il s’aperçut qu’il n’était pas seul dans le véhicule. Ses cheveux se dressèrent sur sa nuque. Il connaissait l’odeur de la mort ; il l’aurait sentie plus tôt, si l’effroi ne l’avait saisi dès qu’il avait ouvert les yeux et pris conscience de sa situation désespérée.

Comme la voiture décollait du sol au passage d’une nouvelle bosse, le corps qui se trouvait à l’arrière se souleva. Il vit le visage de l’homme et poussa un gémissement de regret et de douleur. Buck Morgan… Le cow-boy à l’allure dégingandée n’avait pas su où il mettait les pieds. Le corps de Buck retomba avec un bruit sourd, écœurant, en même temps que la voiture.

Ethan sentit quelque chose céder brutalement sous le choc, au moment où les roues touchaient terre. Les liens qui lui entravaient les poignets semblèrent soudain plus lâches. Remuant fiévreusement les mains, il réussit à libérer l’une d’elles. Mais il ne pouvait toujours pas atteindre le frein à main, ni le levier de vitesse. Il se souvint du canif qu’il gardait toujours dans sa poche avant droite. Mais ils le lui avaient certainement pris. Et même, à supposer qu’ils ne l’aient pas fait, il avait peu de chances de réussir à l’extraire du fond de sa poche avant que…

Il était là ! En un quart de seconde, il l’eut en main. Du pouce, il déplia la lame et se mit à scier frénétiquement la corde qui bloquait le volant et son autre main, tandis que la voiture fonçait droit vers l’abîme.

En rebondissant hors d’une ornière, les roues se déportèrent légèrement vers le bord du chemin, écrasant plusieurs gros cactus. Le gouffre sombre se rapprochait, droit devant lui. Un cri de désespoir s’étrangla dans sa gorge au moment où le couteau rompait les derniers brins de la corde. Fébrilement, il attrapa la poignée de la portière.

Quelques secondes plus tard, la voiture quittait la piste et s’envolait dans la nuit baignée par le clair de lune. Elle demeura un instant comme en suspens dans le vide, avant de plonger dans le ravin. Mû par une espèce de fascination morbide, il contempla la scène, les jambes flageolantes, haletant. Une irrépressible envie de rire monta en lui, mais l’instant d’euphorie ne dura pas.

Il aurait fallu qu’il soit complètement stupide pour imaginer qu’il pouvait tromper la mort comme il avait trompé tout le monde, autour de lui, durant sa vie.

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_ oh ! je comprends. Vous aviez envie d'en découdre avec eux, c'est ça ?

Elle ne comprendrait jamais les hommes, décidément. Il protesta mollement, mais elle avait vu juste, elle en était certaine. Il était tellement en colère contre son frère, tellement furieux que celui-ci se soit déchargé sur lui de la femme enceinte qu'il avait abandonnée, qu'il avait sauté sur l'occasion de passer ses nerfs sur ces hommes quand ils s'en étaient pris à lui. Elle ne se gêna pas pour lui faire savoir le fond de sa pensée. Il ne nia pas, mais rectifia la partie concernant le fait qu'Ethan la lui avait envoyée.

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_ J'aimerai tellement pouvoir me racheter... déclara Ethan. Je voulais vraiment changer, tu sais, pour toi et pour le bébé...

Le bruit d'un verrou qu'on tirait résonna dans la pièce. La porte s'ouvrit et une silhouette masculine se profila sur le seuil. Tessa vit briller le canon d'une arme dans les mains de leur geôlier.

_ Le patron veut te voir, annonça l'homme en faisant un signe de tête à Ethan.

Il acquiesça, comme s'il n'était pas surpris. Mais, avant de sortir, il se dirigea vers elle et déposa un baiser sur sa joue, sans qu'elle ait eu le temps de s'écarter.

_ Je t'aimerai toujours et je vais faire tout ce que je peux pour que tu n'aies plus rien à craindre, murmura-t-il.

Puis il se retourna en souriant vers l'homme.

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1

Debout au milieu du corral, Dillon Lawson tira doucement sur la longe pour obliger la pouliche à tourner en rond autour de lui. C’était une belle bête, et il ne pouvait s’empêcher d’éprouver une certaine fierté en la voyant.

Elle était intelligente, de surcroît, ce qui ne gâchait rien.

Il l’avait compris à l’instant où il l’avait regardée dans les yeux, juste après sa naissance.

Il l’avait appelée Bright Beauty en référence à ces qualités, émerveillé par le miracle de la naissance, et par le courage qu’il avait perçu chez l’animal, alors qu’il le regardait se dresser maladroitement sur ses jambes pour la première fois.

Tandis que la pouliche trottait et qu’il resserrait progressivement le cercle qu’elle décrivait, il la vit poser le regard sur lui. Le vent soulevait sa crinière rousse et elle semblait parader, comme si elle s’efforçait de le satisfaire.

Son cœur se gonfla d’affection. Son père n’aurait pas approuvé la façon dont il s’y prenait pour débourrer la pouliche. Burt Lawson avait toujours dressé ses chevaux

« à la dure », méthode qu’il s’était fait fort d’appliquer

également à ses fils. Cette pensée en amena aussitôt une autre, douloureuse. Sans qu’il puisse s’expliquer pourquoi, son père s’était toujours montré particulièrement inflexible vis-à-vis d’Ethan. C’était pour cette raison que Dillon avait passé des années à tenter de protéger son frère — mais, en fin de compte, il n’avait pas réussi.

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En le regardant, elle ne put s’empêcher de penser à la première fois qu’elle l’avait vu. Avec ses cheveux couleur de sable blond et ses grands yeux bleus, c’était certainement le plus beau cow-boy qu’elle eût jamais rencontré. Comme aujourd’hui, il portait ce jour-là une chemise western qui accentuait sa large carrure et ses hanches minces, et un jean qui… Tessa coupa court à ces pensées dangereuses en se remémorant ce pour quoi elle était venue. Il avait peut-être toujours fière allure — le mode de vie du Montana l’avait même rendu encore plus séduisant —, mais elle savait trop bien ce qui se cachait sous la façade : un menteur doublé d’un lâche et d’un voleur.

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Dillon éleva lentement les mains devant lui et recula d’un pas.

— Doucement. Ne nous énervons pas. Je réitère ma proposition : si vous voulez bien entrer avec moi dans la maison… Je serai en mesure de tout vous expliquer. Mais, d’abord, baissez ce pistolet. Rien ne justifie l’emploi d’une arme à feu.

Elle avait déjà eu à livrer bataille, dans sa vie. Ce n’était pas comme si elle en était à son premier rodéo, songea Tessa Winters en jaugeant le cow-boy. Elle avait parcouru tout ce chemin avec l’intuition qu’Ethan pouvait être dans le Montana, mais elle n’en avait pas moins éprouvé un choc lorsqu’elle s’était effectivement retrouvée nez à nez avec ce salaud — cet abominable menteur.

— Tu ne t’en sortiras pas en me faisant du charme, je te préviens.

Il secoua la tête.

— Ce n’est pas mon intention. Si vous rangez ce pistolet, je suis certain que nous parviendrons à résoudre ce problème.

Elle le considéra avec méfiance, tiraillée entre la colère qui bouillonnait en elle et le calme apparent qu’il lui opposait. A une certaine époque, elle se serait laissé fléchir. Mais ce temps-là était révolu.

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