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« Pourquoi être le mouton quand tu peux être le loup ? »

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Je suis une servante de la Mort. Je marche dans son ombre et obéis à ses ordres. Je n’ai pour seul but dans la vie que de la servir et j’ai laissé mon agacement prendre le pas sur mon devoir. Ça n’arrivera plus.

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— Alors, tu ne pourrais pas être présente à la cour, ce qui représente justement le but de l’exercice.

— Sauf, fait remarquer Duval, que je n’ai pas la répu­tation d’avoir des maîtresses. Sans mentionner que, si je le faisais, je ne prendrais certainement pas une fille aussi inexpérimentée.

Je serre les dents à ses paroles. Je ne manque pas à ce point d’éducation.

La révérende mère s’appuie contre le dossier de sa chaise et émet de petits sons de réprobation.

— Vous exagérez, messire. Ismae a été bien formée en toutes matières, y compris sur la façon d’agir en tant que maîtresse.

De toute évidence, ce n’est pas le moment d’avouer que j’ai manqué plusieurs cours de sœur Béatrix.

— Mais, fait plus important encore, poursuit Duval, de la façon dont les choses se passent à la cour, je ne peux pas assurer sa protection.

— Je n’ai pas besoin d’être protégée, dis-je, offensée.

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— Par deux fois, déclare-t-il en pointant un doigt dans ma direction, elle a contrecarré mes plans. Le couvent ne peut pas continuer à envoyer des agents qui éliminent de précieuses sources d’information.

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Avant qu’il puisse se rendre compte de ce qui arrive, je le passe autour de son cou, me défais de son étreinte, le contourne et tire de toutes mes forces en un mouvement que j’ai pratiqué une centaine de fois avec Annith.

Il porte les mains à son cou en essayant de desserrer le fil d’argent.

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Je pénètre dans les quartiers de la prophétesse, qui sont sombres et chauds comme un utérus. Un brasero de charbon émet une faible lueur rougeoyante. Sœur Vereda n’a pas besoin de lumière, mais ses vieilles jointures adorent la chaleur. Je plisse les yeux dans l’obscurité pour essayer de mieux la voir. Elle penche sa tête de côté, rehaussée d’une guimpe, et m’examine de ses yeux aveugles. C’est troublant.

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Si nécessaire, tu peux même le faire dans un coin sombre d’une pièce pleine de gens.

Elle enroule de nouveau le bracelet et me le tend. Je le glisse à mon poignet.

Sœur Béatrix m’examine d’un air songeur.

— Je devrais peut-être farder ses mamelons avec de l’ocre rouge.

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Derrière le paravent, je me débarrasse rapidement de mon habit.

— Tiens, dit sœur Béatrix en me passant un sous-vêtement de lin par-dessus le paravent. Tu auras besoin d’une chemise plus fine sous ça.

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Nous étudions le corps humain aussi minutieusement que les médecins des grandes universités, examinant des dessins de l’anatomie humaine qui nous font rougir.

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— Oh, tu es à la hauteur. Tu as déjà réussi la première épreuve.

Quelque chose dans son sourire me rend mal à l’aise.

— Vraiment ?

L’abbesse hoche la tête vers le gobelet brisé sur le sol.

— Ton vin était empoisonné. Suffisamment pour tuer un homme de deux fois ta taille. Tu as éprouvé un léger malaise, rien de plus.

Je reste bouche bée devant le fait qu’elle ait si facilement avoué m’avoir empoisonnée et je me souviens de la sensation de chaleur et d’étourdissement que j’ai éprouvée plus tôt.

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