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Extrait

Extrait ajouté par carly359 2019-06-20T16:43:19+02:00

Banlieue de Freetown

Sierra Leone, Afrique de l’Ouest

1999

Des balles traçantes filèrent dans la nuit opaque, zébrant l’obscurité d’éclairs rouges, jaunes et verts. À leur passage, Gabe Jones pensa aux feux d’artifice de la Fête Nationale. Ou à de mauvais effets spéciaux d’un film d’horreur.

Il s’accroupit au moment où un tir de mortier dessinait un arc dans le ciel, ajoutant un flash de lumière, de la fumée et des boums cinglants au tableau surréaliste qu’il avait sous les yeux. Ce spectacle surgissait trop fréquemment ces derniers temps. Derrière lui, les arbres tremblèrent sous les tirs de shrapnel et de Kalachnikov. La graisse des armes, la sueur, et l’odeur du sang et de la mort se mêlaient aux relents aigres de la pourriture tropicale. La chaleur étouffante grimpa encore de quelques degrés quand il songea à ce qui arriverait si un mortier de 60 mm atterrissait sur ses cuisses. Voilà qui serait un moyen infaillible de boucler cette journée parfaitement merdique.

La Fête Nationale, les films d’horreur, et la moisissure tropicale. Le trio de dingue, se dit Gabe en survolant des yeux les visages moites et barrés de salissures des hommes accroupis autour de lui, terrés dans des tranchées creusées à la hâte par les Rangers. Après tout, cette guerre entière était dingue. Rectification : ce « conflit » était dingue. Toujours respecter le jargon politique à la lettre. Aucune nation, souveraine ou non, ne devait s’imaginer que les États-Unis étaient venus au Sierra Leone faire la guerre – même si cette ordure de Foday Sankoh, leader du Front Révolutionnaire Uni, et sa milice meurtrière du FRU devaient être évincés du pouvoir.

Donc, non. Les Américains n’étaient pas là pour faire la guerre. Oncle Sam, œuvrer pour le bien ? Sûrement pas ! Si quelqu’un s’aventurait à poser la question, le Groupe d’Intervention d’Urgence n’existait même pas. En théorie, la petite unité intégrée des forces d’Opérations Spéciales aurait dû autant subir les attaques des FRU que les fantômes.

Ça tombait bien, se dit Gabe, parce qu’avant le lever du soleil, chacun risquait d’être réduit à l’état de fantôme. N’importe lequel d’entre eux pouvait mourir dans ce trou perdu et étouffant, où la vie avait moins de valeur qu’un bout de charbon poli qui finirait à l’annulaire d’une quelconque starlette. Où la pitié était un concept aussi étranger aux autochtones que la paix et la satiété.

De l’avant-bras, il essuya la sueur qui ruisselait sur son visage au moment où un tir de mortier projetait une nouvelle série d’éclairs aveuglants. Leur lueur illumina les visages familiers des hommes plaqués au sol, qui venaient d’échapper de justesse à une patrouille-surprise des FRU.

L’équipe était censée mener l’assaut. Aucune milice n’aurait dû se trouver à moins de deux kilomètres de leur position actuelle, et pourtant ils se faisaient canarder par une troupe du FRU à grand renfort de tirs. Ce qui signifiait que quelqu’un avait royalement foiré. Quelqu’un qui était tranquillement assis au quartier général, totalement hors d’atteinte, et qui se servait de l’imagerie par satellite à infrarouge pour transmettre des informations erronées.

Quelqu’un qui n’appartenait pas aux Opérations Spéciales mais qui avait obtenu cette place de régisseur. Quelqu’un qui avait mal saisi les raisons pour esquelles les membres du Groupe d’Intervention d’Urgence avaient besoin d’agir avec la précision chirurgicale d’un scalpel, et pas à coups de massue.

Quelqu’un, se dit Gabe, qui était bien à l’abri tandis que la boue et les débris d’un tir proche lui retombaient dessus, et qui, de toute évidence, n’y connaissait que dalle. Sans quoi l’unité ne se serait jamais retrouvée coincée dans cette embuscade.

Le cliquetis reconnaissable entre mille d’un M-60, une mitrailleuse à chargement par bandes, vint s’ajouter aux bruits ambiants tandis qu’il scrutait les visages qui l’entouraient. Malgré leurs peintures de camouflage, il pouvait mettre un nom sur chacun d’eux.

Moins de deux mètres à droite de Gabe, l’adjudant Sam Lang, Delta, allongé sur le ventre, son fusil à lunette M-24 prêt à tirer. Son visage n’exprimait absolument rien, mais Gabe savait malgré tout ce que Lang pensait. La même chose que Gabe : Arrêtons de faire les marioles.

Lang était le sang-froid incarné. Formé à l’école des soldats Teddy Roosevelt, il marchait en affichant un air dissuasif. Sous les tirs, il restait de marbre et agissait mécaniquement. Une vraie machine. Et comme à tous les hommes de l’unité, Gabe faisait confiance à Lang pour l’accompagner en enfer, et en revenir. Car c’était précisément là que les menait cette nuit.

Allongé à côté de Lang, leurs hanches se touchant presque, l’observateur de Lang, Johnny Duane Reed. Marine confirmé et orgueilleux, le cow-boy avait rejoint l’unité après avoir été viré de son groupe de reconnaissance. Mais comme tout bon Marine, il avait encaissé – bien qu’il soit resté prétentieux et aussi insolent qu’un coq dans une basse-cour pleine de jeunes poulettes.

Le regard de Gabe passa à Mendoza, Ranger de la Compagnie Aéroportée ; à Colter, soldat de la Marine Américaine ; à Tompkins, également membre de l’élite et à une demi-douzaine d’autres. Pris individuellement, ils étaient tous des spécialistes dans leurs domaines, que ce soit les explosifs, le tir d’élite, la démolition, la logistique, la radio et la communication, la médecine, ou la reconnaissance. Dans le cas de Gabe, c’était le couteau. Son Arc Angel Butterfly en acier ne le quittait jamais, à moins que quelqu’un soit en danger de mort.

D’un point de vue collectif, ils composaient une force qui dépassait l’entendement. L’éventail complet des arts militaires, des guerriers super entraînés dans chaque branche du service, auxquels venaient s’ajouter deux agents de la CIA, Savage et Green.

Ils représentaient la crème de la crème. Un entraînement intense associé aux missions des trois dernières années avait mis fin à une rivalité naturelle entre différentes spécialités pour faire d’eux une équipe soudée. Ils étaient bien plus que les membres d’une même équipe. Ils avaient dépassé ce stade. Ils avaient traversé trop de moments cruciaux pour en arriver là.

Il aventura ses yeux vers Bryan Tompkins et sa tête de gamin. Comme si Bry avait lu dans ses pensées, il lui rendit son regard en secouant la tête, semblant dire ils ont encore merdé, puis fit sa fameuse moue de bébé, et ils s’en retournèrent à leurs préoccupations respectives qui consistaient à rester en vie.

Non, se dit Gabe en tournant la tête vers la source des tirs de mitrailleuse. Ils n’avaient rien d’une banale équipe. Ils étaient frères. Dans l’âme. Dans les faits. Pour de bon.

Il y avait cependant un problème de taille : le Groupe d’Intervention d’Urgence n’existait pas. Pas pour l’administration. Dans aucun fichier, dossier ou rapport, sur aucun bureau, CD-ROM ou disque dur du Pentagone.

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