Extraits

- Ça me déborde, tu me débordes, petite fille sage, tu me rends addict d'une drogue plus violente que le rhum. Tu ronges mes croyances, en construis de nouvelles, me donnes envie de plus. Tu me rends le souffle que je croyais perdu. Tu me sauves la vie, Sasha.

J’approche lentement la main de sa tête comme si j’avais affaire à un animal sauvage et blessé. Prudemment, je lui caresse les cheveux avec une douceur dont je ne me souvenais pas d’avoir un jour était capable. Sûrement parce que je n’avais jamais eu de raison de l’être. Je n’ai jamais rencontré une personne comme Sasha, si meurtrie, si désespérément seule, tellement persuadée d’être une fille qu’elle n’est pas, en réalité, affreuse et pathétique, tel que son connard de frère l’a modelée pour l’en convaincre. J’ai l’impression que si je vais trop vite, elle risque de se briser sous mes doigts comme un morceau de verre fragile.

Ton frère avait peur que je puisse t'aimer et il avait raison, parce qu'il est impossible de ne pas tomber fou amoureux de toi

- Je suis une ordure.

- Oui surement, c'est ce que tu es.

- Tu vas rester quand même ?

- Je ne peux pas m'en aller, je crois que je t'aime.

Et puis je me dis que je l'aime. Que c'est ça l'amour, tout vouloir, même si ça fait mal.

Oak Mansion représente toute mon existence, ce passé qui me ronge aussi bien que l’avenir dont on m’a privé. Pourtant, je ne peux plus dire avec certitude si je l’aime ou si je le déteste. Un peu comme mon frère. Beaucoup comme ma vie.

Elle, elle veut me réconcilier avec mon frère, ça se voit tout de suite. Elle ne sait pas que c’est impossible, que ma colère est tellement ancrée qu’elle en sera éclaboussée, que je vais la détruire elle aussi si elle s’immisce ou me gangrène.

La plupart des gens n’aiment pas vivre dans le passé, moi je prends mon pied à m’y attarder, je m’y conforte, m’y noie parfois. Le passé, c’est tout ce qu’il me reste. On m’a volé mon avenir.

J’avais toujours trouvé ça étrange que l’on donne des noms humains à des monstres qui ravagent tout sur leur passage. Mais maintenant, c’est devenu terriblement logique. Les humains sont plus dangereux que n’importe quelle tempête. Ils sont plus vicieux, plus aptes à masquer leurs péchés, leurs défauts. Au moins, Katrina ne dissimule pas la menace qu’elle porte. Elle va dévaster des arbres, des toitures, emporter des gens avec elle.

Nouvelle tarte dans la mâchoire qui commence sérieusement à m'elancer.

- Je vais finir par croire que t'aimes quand je te caresse le visage, se moque-t-il.

- Profite, ce doit être la seule façon dont tu sais te servir de tes mains.

Je pourrais presque voir son sourire s'effacer de sa figure. Il grommelle, se tourne vers Sam.

- Je te le laisse, ce type me gonfle à la vitesse de la lumière. Je vais l'user avant même que Sonny se ramène.