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Finalement, je sens son torse se coller contre moi et sa main se glisser dans mon cou si fin qu’elle en fait presque le tour. Puis son souffle vient frôler ma nuque.
– Tu étais la plus jolie fille que je connaissais, et tu es devenue la plus belle femme que j’ai jamais vue…
Afficher en entier– Tu veux dire les rencards traditionnels ? Ce n’est pas un art très difficile à maîtriser. Tu invites une jeune fille à sortir, à un bal, par exemple, ajoute-t-elle avec malice. Tu la fais danser, tu vas lui chercher ses boissons, tu restes courtois. Et effectivement, plutôt que de l’attraper dans un buisson, tu l’invites à boire un dernier verre chez toi. Tu vois, c’est pas sorcier, et tu as déjà passé la première étape haut la main.
Cette fois-ci, Beth rougit. Franchement. Avec son air mutin, elle est la femme la plus craquante que le monde ait jamais vue.
– Tu dois retourner au bal ? lui demandé-je sans pouvoir dissimuler une pointe d’espoir.
– Non, ça va, j’en ai assez fait…
– Tu veux venir boire un dernier verre chez moi ?
Afficher en entierJe regarde l’homme qui se tient devant moi. Je le regarde, mais mon esprit ne comprend pas ce que je vois. Je le regarde et le temps semble s’être arrêté, les battements de mon cœur, le sang dans mes veines, tout semble s’être figé en de moi. Il est parfaitement immobile, le corps droit, les yeux fixés sur moi, il ne dit rien. J’observe avec attention les traits de son visage.
Non, ce n’est pas possible.
Je ne peux que me tromper. Je n’arrive pas à détourner le regard et, tandis que mon cerveau redémarre lentement, la panique me prend. Comme un raz-de-marée, elle me terrasse. Je recule de quelque pas tandis que lui avance. Il est maintenant dans ma chambre et un étau enserre ma poitrine. Je recule encore. À chaque pas que je fais en arrière, il en fait un en avant, jusqu’à ce que je heurte mon bureau. Puis il ouvre la bouche.
– Je suis désolé.
Ces mots, si simples, ne font aucun sens. Tout ça ne fait aucun sens. Se pourrait-il que ce soit lui ? Comment se pourrait-il que ce soit lui ? Je vais pour ouvrir la bouche puis la referme.
– Désolé, répète-t-il tout bas.
Et l’homme qui se tient devant moi semble effectivement désolé. Exactement comme le gamin que j’ai connu, il y a des années de ça, la tête haute, mais les yeux pleins d’une culpabilité sincère. J’essaye de reprendre mes esprits et de dire quelque chose, n’importe quoi pour éclaircir cette situation invraisemblable, mais mes lèvres tremblantes ne peuvent formuler une seule phrase complète.
– Oli ? articulé-je finalement avec peine.
Il acquiesce d’un simple signe de la tête et la réalité me frappe avec une intensité qui manque de me faire tomber à la renverse. Oliver se tient au milieu de ma chambre. Mon Oliver. Celui, qui, il y a sept ans, a disparu à tout jamais. Celui dont je visite la tombe au cimetière de la ville. Il est là et pourtant il est mort. C’est lui, et à la fois, ce n’est pas tout à fait lui.
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