Vous utilisez un bloqueur de publicité

Cher Lecteur,

Nous avons détecté que vous utilisez un bloqueur de publicités (AdBlock) pendant votre navigation sur notre site. Bien que nous comprenions les raisons qui peuvent vous pousser à utiliser ces outils, nous tenons à préciser que notre plateforme se finance principalement grâce à des publicités.

Ces publicités, soigneusement sélectionnées, sont principalement axées sur la littérature et l'art. Elles ne sont pas intrusives et peuvent même vous offrir des opportunités intéressantes dans ces domaines. En bloquant ces publicités, vous limitez nos ressources et risquez de manquer des offres pertinentes.

Afin de pouvoir continuer à naviguer et profiter de nos contenus, nous vous demandons de bien vouloir désactiver votre bloqueur de publicités pour notre site. Cela nous permettra de continuer à vous fournir un contenu de qualité et vous de rester connecté aux dernières nouvelles et tendances de la littérature et de l'art.

Pour continuer à accéder à notre contenu, veuillez désactiver votre bloqueur de publicités et cliquer sur le bouton ci-dessous pour recharger la page.

Recharger la page

Nous vous remercions pour votre compréhension et votre soutien.

Cordialement,

L'équipe BookNode

P.S : Si vous souhaitez profiter d'une navigation sans publicité, nous vous proposons notre option Premium. Avec cette offre, vous pourrez parcourir notre contenu de manière illimitée, sans aucune publicité. Pour découvrir plus sur notre offre Premium et prendre un abonnement, cliquez ici.

Livres
714 814
Membres
1 013 925

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode

Ajouter un extrait


Liste des extraits

Extrait ajouté par Infinite 2014-06-12T07:25:52+02:00

– Juste histoire d’apaiser nos démons, grogne-t-il en me soulevant brusquement pour aller me plaquer contre le mur froid.

Mon gémissement est rapidement étouffé par sa langue entreprenante, qui débute entre mes lèvres, glisse le long de mon menton, dans mon cou, avant de s’aventurer dans mon décolleté. Quand la pulpe de ses doigts remonte le long de ma cuisse, je m’agrippe à ses épaules carrées en retenant une injure et lui susurre à l’oreille :

– Juste pour cette fois, vous pouvez m’appeler Nanny…

Ses yeux fiévreux croisent les miens, il me contemple quelques secondes, la respiration saccadée, puis s’avance doucement pour venir mordiller ma lèvre inférieure. Je gémis de douleur – et de plaisir. Il sourit, comme je ne l’ai encore jamais vu sourire auparavant.

– Baby, tu n’as rien compris… Ce n’est pas la nanny que je veux. C’est Sidonie…

Je n’ai pas le temps de m’inquiéter de ce que je viens d’entendre. Déjà, ses mains remontent brusquement ma robe, exposent mon string en dentelle, alors que sa bouche avide se relance à la conquête de chaque centimètre de peau qui recouvre mon corps. Mes bonnes résolutions se sont définitivement envolées.

Craquement d’allumette. Je suis littéralement en train de prendre feu. C’est la première fois que je m’apprête à m’envoyer en l’air avec un étranger. Car c’est ce qu’il est, en vérité. Je travaille pour lui, je le côtoie depuis six jours, nous vivons sous le même toit, mais je ne sais presque rien de cet homme, si ce n’est qu’il éveille tous mes sens en un regard.

Ses mains, ses lèvres, son souffle chaud, le bruissement de sa chemise contre ma poitrine : chaque particule de mon corps est réceptive. Presque trop. Si je ne me surveille pas, je vais passer pour une… nympho.

Ne pas totalement perdre le contrôle… Ne pas lui laisser tout le pouvoir…

Afficher en entier
Extrait ajouté par Clelia1506 2014-05-27T16:01:43+02:00

1. Milliardaire cherche nanny

_____

Mr X recherche une nourrice à temps plein pour prendre en charge sa fille de 2 ans.

Cette mission consistera à veiller méticuleusement sur l’enfant, sa santé, sa sécurité et son bien-être.

Expérience significative exigée.

Lieu : Mayfair, Londres.

Rémunération : attractive, en fonction du profil.

Personnes irresponsables, susceptibles ou indiscrètes, s’abstenir.

_____

Je fais claquer mes talons jusqu’au salon en tirant sur le col de mon tailleur strict. Pas franchement confortable, mais comme le disait ma mère : « Avoir fière allure, ça se mérite. » Je m’inspecte quelques secondes dans le grand miroir fixé au mur, rajoute un peu de rouge cerise sur mes lèvres, place quelques mèches blondes derrière mes oreilles, puis réalise enfin que je ne suis pas seule. Mon sosie aux cheveux noir corbeau – en short en jean et débardeur imprimé tête de loup – m’observe, assise en tailleur, à même le parquet.

– Sid, oublie ce foutu entretien. Tu n’as pas l’expérience demandée, ils vont te recaler direct ! Tu t’apprêtes à perdre deux heures de ta vie ! Et de la mienne. On est censées ranger tout ce bordel, soupire Joe en s’attaquant – au cutter – à un innocent carton qui avait le malheur de traîner là.

– Ils ont reçu mon CV et accepté de me rencontrer, c’est tout ce qui compte. Ah, et deux mots magiques : « rémunération attractive ».

Je lui décoche l’un de mes sourires les plus agaçants, elle me balance une Converse trouée – qui manque de justesse mon visage.

– Je te parie que tu vas t’enfuir au bout de dix minutes ! La mioche va faire un caprice parce que sa nouvelle dînette n’est pas incrustée de diamants mais de Swarovski, sa mère maniaco-dépressive va s’enfiler une poignée de Lexomil en douce, pendant que Mr X – encore un vieux beau qui te fera les yeux doux – tendra un billet de 100 à sa petite princesse. C’est tout ce qu’il aura trouvé pour la faire taire… Ça marche aussi avec « Môman », d’ailleurs, ça coûte cher, la cure botox, champagne et antidépresseurs…

– Qu’est-ce qui te fait croire que ce Mr X est richissime ?

– À ton avis, Einstein ? Mayfair, ça t’inspire quoi à part le fric, le fric et encore le fric ?

– Ça tombe bien, c’est justement pour le fric que j’ai postulé. Parce que ce n’est pas avec ton boulot de barmaid à mi-temps qu’on va payer le loyer… On a suffisamment galéré avant de trouver cet appart' tout juste médiocre. J’ai eu ma dose d’hôtels miteux et d'auberges de jeunesse crasseuses, je ne compte pas me faire expulser le mois prochain ! Compris, Coyote Girl ?

– Ouais, bon, je m’incline, rit-elle de sa voix grave. Va vendre ton âme, je gère les cartons.

Je promène mon regard aux quatre coins du salon. Un cimetière. Tous les cartons qui se trouvaient à sa portée ont fini éventrés. Je ne donne pas cher des autres…

Joséphine. Ma sœur jumelle. La délicatesse incarnée.

Je m’engouffre dans le métro – ou underground, version british – un quart d’heure plus tard et constate immédiatement que je fais tache. Mon tailleur étouffant et moi, nous nous creusons une petite place au milieu des Londoniens en tenues estivales et des touristes aux casquettes vissées sur la tête. Il fait une chaleur écrasante en ce début juillet, je rêverais d’être en terrasse, en train de siroter un soda bien frais dans une robe bain de soleil. Mauvaise pioche. Je suis dans un costume de clown triste, pressée contre un mur dans cette rame bondée, entourée de gens dont la politesse et l’hygiène ne semblent pas être des priorités. Et je m’apprête à baiser les pieds d’un certain Mr X, à sourire niaisement à une petite peste, juste pour empocher un job dont j’ai désespérément besoin. Mais qui ne m’enchante guère.

Quitter Paris, la pire idée que j’ai jamais eue ? Non, c’était vital.

Bienvenue dans le quartier le plus recherché, le plus élitiste de Londres. La case la plus chère du Monopoly anglais. Bordé par Hyde Park à l’ouest et l’ultra-tendance West End à l’est, sa situation est plus qu’idéale. C’est en tout cas ce que radote le vieux Guide vert Michelin des années 1990 qui traîne sur ma table de nuit.

Après avoir écrabouillé une demi-douzaine de pieds en m’extirpant du wagon, je sors à l’air libre, essoufflée, les joues cramoisies, mais ravie. Depuis mon arrivée au Royaume-Uni, un mois plus tôt, je ne me suis jamais promenée dans ce quartier à mes heures perdues. Ma sœur et moi, nous nous sommes cantonnées aux coins plus populaires – et plus adaptés à nos goûts modestes – tels que Camden Town ou Soho. C’était une erreur.

Sur mon petit bout de trottoir, je lève la tête et contemple mon environnement. Coup de foudre instantané – ce n’est pas mon genre, pourtant. Le ravissement coule dans mes veines. Tout ce que je prends le temps d’observer semble avoir été préservé dans un écrin de velours. Ici, pas de pubs sinistres ou de boîtes bruyantes, mais des bars à vin au charme désuet et des fumoirs intimistes. Les restaurants se veulent discrets mais subtilement décadents, les façades d’immeubles rivalisent de beauté et les rues sont d’une propreté éclatante.

Et ce sourire qui traîne nonchalamment sur toutes les lèvres…

Un coup d’œil à ma montre et je dégringole de mon nuage. Dans six minutes, il sera 15 heures. Dans sept minutes, le job me passera sous le nez. J’accélère le pas sur Bond Street, admirant sans m’arrêter les boutiques de luxe qui se suivent et ne se ressemblent pas – du moins, pas toutes. Chanel, Prada, Miu Miu, Cartier, Alexander McQueen, Louis Vuitton... Joe avait probablement raison. À moins d’habiter dans un studio insalubre et situé au dernier sous-sol, il faut être millionnaire pour se payer le luxe d’être propriétaire, par ici. Et ce constat ne me dit rien qui vaille. Je n’ai rien contre les gens riches, mais je préfère ne pas avoir à leur rendre de comptes. Surtout quand leurs moyens dépassent l’entendement. Et le PIB d’un petit pays.

Pense à ton salaire, pense à ton salaire, pense à ton…

Rue : St George Street. Numéro : 30. Étage : pas indiqué. Je comprends vite pourquoi. Mr X n’habite pas dans un appartement, comme le commun des mortels, mais dans une sublime maison victorienne à quatre niveaux. Une « townhouse », comme disent les Londoniens – avec une pointe de jalousie dans la voix.

14 h 59. Je tente de redescendre en température et fais une rapide vérification : tenue professionnelle – coiffure irréprochable – haleine fraîche. Tentée de faire demi-tour, je sonne précipitamment pour que ce ne soit plus une option. Face à cette porte probablement centenaire, je patiente en prenant la pause. Dos droit, tête haute, jambes serrées, mains jointes devant moi, posées sur mon petit attaché-case. La parfaite potiche. Pardon, nanny.

D’abord, je ne distingue que sa chevelure d’un blanc immaculé, comme on en voit rarement. Mes yeux descendent et rencontrent les siens, plissés, d’un bleu profond. Puis je m’arrête sur sa bouche pincée et délicatement ridée. Cette femme doit avoir une soixantaine d’années, peut-être plus et mériterait de figurer sur un tableau de maître. Son visage est marqué, mais ses yeux, eux, ont gardé la fougue, l’impétuosité de sa jeunesse. Mon cœur se serre alors que des images de ma mère défilent dans mon esprit.

– Quand vous aurez terminé de me détailler sous toutes les coutures, vous me ferez le plaisir d’entrer ? me demande sèchement mon interlocutrice.

Même son accent, sa voix sont d’une distinction incroyable... et froide.

Je la suis silencieusement jusqu’à un petit salon cossu, situé à l’entrée de la demeure, et m’assieds dans le fauteuil qu’elle me désigne. Je me sens toute petite, subitement. Je réponds à chacune de ses questions pendant presque une demi-heure, sans jamais savoir si mes réponses lui conviennent ou non. Par chance, je maîtrise parfaitement l’anglais – même si mon accent français trahit mes origines. L’Anglaise ne sourit pas, ne hausse pas le ton, se contente de m’interroger sans relâche en prenant quelques notes. Puis elle se lève et je l’imite. À ce stade, je ne sais toujours rien d’elle. Je m’attends à être mise à la porte, mais elle prend la direction inverse : les escaliers.

L’ancien et le moderne font bon ménage, j’en ai la preuve incontestable. Si l’extérieur de la townhouse était impressionnant, l’intérieur est saisissant. Je trottine derrière la Reine des Glaces – en manquant plusieurs fois de lui rentrer dedans – et tente de ne rien louper du décor sur mon chemin. Les grands espaces de vie, la très belle hauteur sous plafond, la décoration épurée mais design, ce que je devine être une salle multimédia, sur ma droite, puis une salle de sports, sur ma gauche. Les murs clairs et la lumière qui traverse les larges fenêtres contrebalancent les notes plus sombres du mobilier. Nous n’avons pas encore traversé tout le premier étage, j’ai l’impression d’arpenter les couloirs interminables d’un château. Ici et là, les plantes, fleurs, sculptures et tableaux abstraits ajoutent de la couleur à l’ensemble, apportant à cette maison une âme, une impression de vie et d’unité.

Finalement, la femme s’immobilise devant une grande porte blanche, derrière laquelle je perçois des pleurs. Elle pose la main sur la poignée et se retourne vers moi.

– Mon nom est Imogen Price. J’étais la nanny de Birdie jusque-là, mais ma santé ne me permet plus d’assumer cette responsabilité. Reste à savoir si vous, Miss Merlin, vous en serez capable. Vous avez une heure pour me prouver que vous êtes à la hauteur.

– Vous ne comptez pas me laisser observer d’abord ? Pour que je sache comment tout fonctionne et pour ne pas effrayer la petite ? paniqué-je à moitié.

– Non, ce serait une perte de temps. Vous êtes mise à l’épreuve, aujourd’hui, et Birdie est le meilleur test qui soit. Bon courage…

Imogen ouvre une première porte et m’invite à pénétrer dans la pièce. Pas de doute, l’enfant qui habite entre ces quatre murs ne manque de rien. À part d’une nanny dotée d’un cœur et d’un certain sens de l’humour, semble-t-il. Mes yeux survolent la moquette impeccable – que je devine ultra-douce et moelleuse, rien qu’au regard –, se posent sur les photos en noir et blanc et les illustrations colorées accrochées aux murs, puis sur les piles de jouets.

– Mr X a dévalisé un Toys'R'Us ? lâché-je bêtement, en tentant de faire sourire Mrs Price.

Échec cuisant. Elle lève les yeux au ciel, puis se rend jusqu’à la porte suivante. La petite voix aiguë de Birdie est de plus en plus audible – ou insupportable, question de point de vue.

– Sa sieste est maintenant terminée, reprend l’ex-nounou. Vous allez la changer, lui donner son goûter et jouer avec elle. Soyez attentive, ne laissez rien au hasard ou vous pourrez dire adieu à ce poste.

– Entendu, dis-je, peu rassurée.

– Miss Merlin, j’ai oublié de vous demander votre âge…

– Appelez-moi Sidonie, je vous en prie, souris-je avant de croiser son regard noir. Hum, j’ai 25 ans.

– C’est bien ce qui me semblait… soupire-t-elle en ouvrant enfin cette fichue porte.

Birdie ne pleure plus, elle hurle. Si cette mise en scène est un test de compatibilité, c’est raté. J’avance dans sa direction, en lui parlant d’une voix douce et apaisante. Rien n’y fait. Les joues de la petite rouquine à bouclettes sont de plus en plus rouges, ses cris de plus en plus perçants. Debout dans son lit, elle s’accroche aux barreaux, la bouche grande ouverte. Je lui tends les bras, elle monte encore d’une octave. Finalement, une idée surgit dans ma tête : je m’empare de son doudou – un lapin poilu et… humide à force d’être mâchouillé – et l’agite sous ses yeux. Les pleurs cessent, mais la petite mal lunée me défie maintenant du regard. Ses yeux marron – presque noirs – m’ordonnent de lui rendre sa peluche ou cela sera fini pour moi. Je capitule, elle gazouille gaiement et accepte enfin que je la sorte du lit. À peine dans mes bras, elle éternue violemment, me faisant gracieusement cadeau de sa morve. Derrière moi, Imogen ne rate rien du spectacle. C’est la première fois que je discerne un sourire sur son visage…

Attention à vous, Imogen. Cette substance gluante dans mon cou, j’en ai largement pour deux…

La suite du test n’est pas plus glorieuse, loin de là. Un caprice au moment du changement de couche – je découvre qu’elle a mangé des carottes à midi. Des hurlements au moment du goûter – et la quasi-totalité de la compote dans mes cheveux. Une bataille de cubes – en bois, bien durs, aux angles pointus – avec pour cible… mon nez.

Deux ans… L’âge terrible.

Après avoir tout répertorié dans son petit calepin, Imogen m’annonce que l’heure est terminée. Je lui tends le petit monstre, qui se jette dans les bras de son ancienne nounou, puis lui dis que ce n’est pas la peine de me raccompagner. Je connais le chemin. Et l’issue de cet entretien.

Ça n’aurait pas pu se passer plus mal. Quoi que… personne n’a été blessé. Si ce n’est mon nez… Espérons que Joe pourra me trouver un boulot.

***

Direction Camden Town, le quartier le plus rock et jazzy de Londres. Un coin à la fois branché et populaire où tous les mondes, les aspirations, les envies se mélangent, loin, très loin du calme et du luxe de Mayfair. Un coin où ma sœur bosse lorsqu’elle n’a rien de mieux à faire… Je la retrouve en plein inventaire, accroupie derrière son comptoir. L’« happy hour » ne va pas tarder à commencer, elle ne va pas avoir beaucoup de temps à m’accorder.

– Bienvenue au Crazy Monkey, je vous sers quelque cho… lâche-t-elle en se relevant, avant de me voir… Désolée Sid, ça va bientôt être le coup d’envoi.

– Je sais, je ne reste pas longtemps.

– Alors ? Tu as touché le jackpot ?

– Non, j’ai tout foiré. Mais je crois que ça vaut mieux. Tu aurais vu la baraque… Et les gens qui y habitent… Pas pour moi ! soupiré-je en attrapant le verre qu’elle me tend.

Je suis en train de grimacer – je ne m’attendais pas à un shot de vodka pure – quand Jasper nous rejoint et s’assied sur le tabouret à côté du mien.

– Ne pose pas trop vite tes fesses, toi ! lui balance Joe. On n’a pas assez de glace et je ne trouve pas les olives.

– Pas mon problème, ma brune, sourit insolemment le collègue de ma sœur. C’est toi qui gères ce soir, moi je suis juste venu en extra.

– Ça marche peut-être avec tes petites poufs, ton sourire de Casanova, mais pas avec moi. De la glace, tout de suite ! ordonne-t-elle en serrant les dents.

Le grand brun, hipster converti – il faudra m’expliquer le concept du bonnet en plein mois de juillet – lâche un rire franc et guttural, m’embrasse rapidement sur la joue, puis s’en va en direction de la machine à glace. Ma jumelle a toujours le dernier mot. Toujours.

– Joe, c’est le seul ami qu’on a ici. Si tu pouvais éviter de le faire fuir…

– Tu parles, il nous adore, il veut même venir vivre avec nous ! murmure-t-elle en me faisant un clin d’œil.

– Hum, vu le nombre de bimbos qu’il se tape et ramène chez lui, non merci.

– Il est mannequin, que veux-tu, c’est dans son ADN, blague ma sœur.

L’intéressé revient, tend le seau à sa collègue et passe derrière le comptoir.

– Alors, ma blonde, cet entretien ? me lance-t-il en essuyant un verre. Joe m’a dit que tu allais bientôt pouvoir nous payer des vacances au soleil !

– Non seulement je ne vais rien vous payer, mais en plus je vais peut-être devoir vous demander de me pistonner…

– Tu rêves, on est au complet ici, répond Joe. Et puis tu vaux mieux que ça, toi…

– Si ça t’intéresse, je pourrais parler de toi autour de moi, propose gentiment Jasper. Mon agent m’a parlé d’un casting pour des photos de lingerie. Il y a bien un corps de déesse, sous ce tailleur de mamie, non ?

– Sid, se mettre en soutif devant des inconnus ? Je donnerais cher pour voir ça ! se marre ma peste de sœur.

– Je ne suis pas aussi chiante que tu le penses, Joe !

– Ah ouais ? Prouve-le, Super Nounou !

– Bon, les clients commencent à arriver, je file, grogné-je en quittant mon tabouret.

Je suis sur le pas de la porte, prête à sortir du bar qui se remplit à toute allure, quand Joe me rattrape.

– Désolée, tu sais que je t’aime… glisse-t-elle à mon oreille.

– Ouais. Tu as parfois de drôles de façons de le montrer, mais je le sais.

Joséphine et moi, c’est le jour et la nuit. Nos visages sont identiques, mais ça s’arrête là. Notre couleur de cheveux est la première chose qui nous différencie, mais ce n’est rien comparé à nos personnalités. Elle porte à merveille son look grunge – quoique féminin et étudié. J’arbore un look passe-partout, sans grande recherche. Elle est tatouée, je tourne de l’œil à la vue d’une aiguille. Elle est instinctive, imprévisible, je préfère utiliser mon cerveau avant d’agir. Elle aime les hommes, ils le lui rendent bien, mais elle se lasse trop vite pour construire quoi que ce soit. Je me méfie des hommes, mais finis toujours par jeter mon dévolu sur le pire d’entre eux. Elle est grande gueule, rentre-dedans, casse-cou – voire plus… – je suis la même, mais en version très édulcorée. Trop, selon elle. Ma jumelle passe son temps à me dire que je suis bourrée de qualités, que mon avenir est tout tracé, que je devrais avoir le monde à mes pieds, mais que je ne sais pas saisir les opportunités. Par manque de confiance en moi. À cause de mes démons du passé. Elle a sans doute raison…

Pas totalement tort, disons…

Notre point commun : un chagrin immense, qui ne nous quitte plus depuis presque quatre mois. La disparition de notre mère, Hélène. Une fée aux yeux rieurs, au sourire mutin qui a passé sa vie à prendre soin des autres. Son métier d'infirmière, elle disait que c'était tout ce qu'elle savait faire. Joe et moi n’étions pas dupes, on savait qu’elle était bien plus que ça. Que malgré sa petite existence modeste, notre mère était un être exceptionnel. La seule personne au monde qui savait garder le sourire en toute occasion, même dans les pires moments, même à l’article de la mort. Elle qui nous a élevées seule, sans jamais nous faire payer la lâcheté de notre père. Elle dont nous étions le portrait craché et qui n’a jamais cherché à nous formater. Libre, forte, aimante, Hélène Merlin était tout pour moi. Le cancer l’a emportée, elle n’avait pas 50 ans.

Un nouveau départ dans une ville vivante, bruyante, anesthésiante, voilà ce qui a motivé notre arrivée à Londres. C’était ça ou laisser la tristesse nous ronger… jusqu’à ce qu’il n’y ait plus rien.

Laisser Mathias sur le carreau, je dois avouer que ça ne m’a pas déplu. J’avais besoin d’un déclic, je l’ai eu en achetant un billet aller, sans retour. Le grand, le réputé, le décrié Mathias Prevost. L’homme charismatique et manipulateur qui a tenté par tous les moyens de me retenir, mais à qui j’ai finalement échappé. Après six ans de relation avec un égoïste de première, pour qui seuls la notoriété et l’argent comptent, il était temps. Un écrivain qui gagne des fortunes en étalant, ridiculisant, brisant la vie des gens ? Ça aurait dû me mettre la puce à l’oreille. J’étais faible, naïve, un peu perdue et je me suis laissée éblouir par cette vie « de la haute ». Aujourd’hui, j’ai repris ma liberté et l’ai abandonné à ses livres-scandales, à son public de voyeurs, à ses interviews télévisées, à ses articles fielleux dans la presse. De lui, je ne veux rien garder.

***

6 h 58. Mon téléphone vibre sur la chaise qui me sert de table de nuit, me sortant brusquement de mes songes – dans lesquels une sorcière, au visage étrangement similaire à celui d’Imogen, me traînait par les cheveux le long d’un interminable couloir. Numéro masqué. Je déglutis difficilement en me redressant dans mon lit.

Mathias ? Non, il ne connaît pas mon nouveau numéro. Impossible.

Quelques secondes plus tard, je suis au bord de la crise de panique lorsque mon smartphone cabossé vibre à nouveau. Deux coups seulement. Message vocal. Je retiens ma respiration en plaçant l’engin contre mon oreille…

– Miss Merlin, Imogen Price à l’appareil. Mr Rochester souhaite vous rencontrer sur le champ. 8 heures. Soyez ponctuelle ou ne prenez pas la peine de vous déplacer. À 8 h 01, nous contacterons le candidat suivant.

Quelle idiote… Évidemment que ce n’était pas Mathias… 8 heures pétantes ? Challenge accepté, Miss Marple !

Je me rue jusqu’à la salle de bains, me prends les pieds dans le cordon du sèche-cheveux – laissé branché toute la nuit par ma chère sœur – et lâche un nom d’oiseau suffisamment fort pour la réveiller. Ou du moins, pour réveiller une personne lambda. Ce qui veut dire que Joe n’est pas concernée. Mme la Marmotte roupille toujours lorsque je franchis le pas de la porte, vingt-deux minutes plus tard. Pantalon noir et chemisier rose pâle, maquillage léger, queue de cheval lissée : pas d’effort superflu, juste le strict minimum.

7 h 29. Le temps était orageux hier soir et vu les flaques qui jonchent la rue, je devine que le ciel s’est défoulé pendant la nuit. Je m’éloigne de Cleveland Way – cette rue où je commence à me sentir chez moi – pour rejoindre une plus grosse artère. Mon timing est serré, je vais devoir me payer le luxe d’un taxi. Jusqu’à Mayfair, en prévoyant la circulation, le trajet devrait prendre une bonne vingtaine de minutes. Ce qui m’en laisse cinq pour arrêter un véhicule.

Le quartier est déjà en ébullition, le grand marché s’installe, les visages sont fatigués mais les corps s’activent. Ce coin de Londres n’a pas très bonne réputation, mais il nous a tout de suite plu, à Joe et moi. Nous ne sommes qu’à une dizaine de minutes de Whitechapel, le quartier de prédilection de Jack l’Éventreur. C’est ça qui a séduit ma jumelle, plus que tout le reste – allez savoir pourquoi... Moi, c’est le loyer qui m’a convaincue. Presque abordable : un miracle, dans cette ville. J’ai tout de suite apprécié le côté cosmopolite de ce « borough », toutes ces langues chantantes qu’on entend à chaque croisement de rue, tous ces artistes qu’on croise, ces restaurants exotiques qui font voyager vos papilles – sans creuser un trou dans votre porte-monnaie. Les galeries d’art qui exposent des toiles incompréhensibles mais captivantes, les magasins vintage, les bric-à-brac, les fresques de rue. Ce quartier est à l’image de notre vie, dernièrement. Un bordel perpétuel mais vivant, que vous apprenez à aimer avec le temps, un peu malgré vous.

Perdue dans mes pensées, je ne réalise pas qu’un taxi a vu ma main levée et se dirige vers moi à vive allure. Je n’ai pas le réflexe de reculer, il roule dans la mare sombre qui déferle le long du caniveau. Je me retrouve trempée, de la tête aux pieds. Mon chemisier rose est devenu… grisâtre.

Pas le temps de repasser chez moi pour me changer !

Je saute dans le « black cab » en me mordant les joues pour ne pas hurler ma fureur, le chauffeur bourru me jette un coup d’œil dans le rétroviseur et s’excuse à demi-mot. Puis me demande de faire attention à ne pas tremper la banquette. Je serre les poings, me retiens de l'éventrer – Jack, un petit coup de main ? – et lui balance l'adresse en beuglant.

7 h 58. Je sonne au 30 St George Street, un peu fébrile mais fière de ma ponctualité – moins de mon look de rat mouillé. Pas le temps de m’émerveiller une fois encore sur la façade blanche immaculée et ses baies vitrées avancées. Sourire poliment et ignorer le tissu qui me colle à la peau.

La grande porte couine légèrement en s’ouvrant. Je m’attends à me retrouver face à Imogen – gravure de mode du troisième âge – mais c’est un homme qui apparaît. Un homme d’une virilité et d’un magnétisme tels que j’en perds mon latin. « Good Lord ! » – Mon Dieu ! – sort de ma bouche, remplaçant le traditionnel « Good morning ». Ses pupilles noires me fixent sans détour, puis ses yeux me détaillent rapidement de la tête aux pieds. Il hoche soudainement la tête, puis m’invite à entrer. Il n’a pas prononcé un mot jusque-là.

«Good Lord » ? Quelle conne…

Je suis Mr Rochester jusqu’au grand salon, somptueux et intimidant – comme son propriétaire – et admire la vue directe sur le jardin verdoyant tondu au millimètre près. L’homme aux épaules colossales se retourne vers moi et me fait signe de m’asseoir sur le canapé Chesterfield en cuir marron. Je m’exécute, sans parvenir à le quitter des yeux. Il doit avoir une trentaine d’années. Son costume griffé bleu marine fait ressortir la blondeur cendrée de ses cheveux. Ils sont courts, coiffés à la va-vite. Je continue mon inspection alors qu’il se plonge dans la lecture de mon CV. Ses yeux sont sombres, perçants et vifs, entourés de longs cils qui confèrent un peu plus de douceur à son regard. Son nez est fin, à peine busqué, sa mâchoire carrée, ses lèvres pleines, une barbe de trois jours recouvre son menton, achevant de faire de lui mon fantasme personnifié.

De toute ma vie, je n’ai jamais croisé un homme tel que lui. Qui dégage autant de force, d’assurance. Il a quelque chose d’animal. Une petite cicatrice trace une ligne blanche au coin de son œil gauche. Je meurs d’envie de la toucher, du bout des doigts. Je tente de fixer mon attention sur autre chose. Ses mains. Immenses, tendues, à la peau légèrement hâlée. En un éclair de folie, je les visualise sur moi. Parcourant ma peau. Caressant ma nuque. Mon ventre. Mon…

– Vous avez peu d’expérience, mais Imogen m’a dit que vous ne vous étiez pas laissée démonter, lors de votre face-à-face avec Birdie.

Sa voix grave vient de traverser les airs, de percuter les murs, de résonner en moi… tout en bas. Il ne manquait plus que ça. Je papillonne bêtement des yeux, croise les jambes pour me donner une contenance.

Reprends-toi, Sid.

– Vous êtes ici chez moi, reprend-il en reportant son attention sur la feuille désormais posée sur la table basse laquée. Emmett Rochester.

Son ton ne s’adoucit pas, il reste glacial. Je suis totalement déstabilisée. Comme une adolescente en émoi, je détourne les yeux à chaque fois que nos regards se croisent. Il doit prendre ça pour de la faiblesse.

– J’élève ma fille seul et lorsque ma carrière m’oblige à la délaisser, je tiens à ce qu’elle soit entre les meilleures mains. Je ne cherche pas une personne surqualifiée, une nourrice qui a traversé le monde pour veiller sur des petites têtes couronnées. Je cherche une personne responsable, qui a des valeurs, les pieds sur terre et qui fera en sorte que Birdie grandisse le plus normalement possible. Bénéficier d’un train de vie privilégié n’est pas toujours une bénédiction pour un enfant. Je compte embaucher la personne qui saura lui prodiguer de l’amour, mais aussi toutes sortes d’attentions qui lui permettront de s’épanouir, comme toutes les petites filles de son âge.

– Je vois, dis-je d’une voix timide.

– Avez-vous déjà été en contact avec un enfant qui a perdu sa mère ? demande-t-il soudain, en plongeant ses yeux noirs dans mon bleu pétrifié.

« Perdu sa mère ? » Il n'est pas divorcé ? Il est... veuf ?

– Non… avoué-je en soutenant son regard. Mais je l’ai vécu moi-même.

Mais pourquoi est-ce que je me sens obligée de vider mon sac ?

Un ange passe, nos yeux restent liés, traversés par une intensité nouvelle.

– Vous comptez rester longtemps à Londres, Miss Merlin ? Vous n'allez pas rentrer à Paris sur un coup de tête ? Ma fille a besoin de stabilité, m'interroge-t-il soudain, en remontant ses manches.

C'est vraiment nécessaire, ce sex-appeal ? Comme si j'avais besoin de ça...

– Je suis bien à Londres et je compte y rester.

– Six mois, un an, cinq ans...? insiste-t-il, un peu agacé par ma réponse évasive.

– Dix ans. Minimum.

Cela semble lui convenir. Ses pupilles insondables font le tour de mon visage et commencent leur descente. Mon chemisier – aïe… – mon pantalon moulant et mes sandales noires à talons.

– Vous vous êtes dit qu’avant un entretien, c’était une bonne idée de participer à un concours de tee-shirts mouillés ? fait-il d’une voix moins sévère, mais sans esquisser le moindre sourire.

– Non ! Il a plu cette nuit… Le taxi… Je…

– Vous prenez toujours tout au premier degré ?

– Je ne sais pas. Vous vous amusez souvent à embarrasser vos futurs employés ?

Être respectueuse, oui. Se faire marcher dessus, non.

– « Futurs employés » ? Vous êtes bien sûre de vous… Et l’annonce était claire. Pas de personnes susceptibles.

– Je ne le suis pas.

– Bien. Je peux donc énoncer les règles sans craindre de vous offenser, fait-il en se levant.

– Je vous écoute.

– Vous ne les notez pas ?

– Je n’ai pas pensé à…

– Premier tiroir, me coupe-t-il en désignant la commode à ma droite. Servez-vous.

Je m’empare d’un petit cahier vierge et d’un stylo noir. Nos regards se croisent à nouveau, le sien semble plus détendu. Je me retiens de soupirer en étudiant sa silhouette de profil. Il se lance :

– Si vous êtes retenue pour ce poste, vous dormirez ici quatre nuits par semaine. Samedi et dimanche seront vos deux jours de repos.

– Dormir… ici ? bredouillé-je bêtement.

– Oui. Vous aurez votre intimité, tout le dernier étage vous sera réservé. Mais c’est un boulot qui requiert une attention constante et une disponibilité vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Un enfant ne s’arrête pas de vivre au coucher du soleil, vous savez… Pas de bouton off.

Un micro-sourire s’esquisse sur ses lèvres, puis disparaît avant que j’aie le temps de l’admirer.

– Entendu, indiqué-je en dessinant vaguement son visage sur un coin de ma page.

– Vous devrez également être prête à partir en déplacement aussi souvent que nécessaire. Je ne laisse jamais ma fille plus de deux jours.

– C’est noté. Voyager, je n’appelle pas ça une contrainte.

– Vous n’avez jamais voyagé avec ma fille… commente-t-il en souriant – pour de bon, cette fois.

Ses dents sont parfaitement alignées et d’une blancheur irréprochable – son dentiste doit le compter parmi ses plus fidèles patients. Mais son sourire a beau me faire monter le rose aux joues, il est moqueur… et éphémère. Règle suivante.

– Personne n’aura le droit de mettre les pieds dans cette maison. Sans exception. Pas de petit ami, pas de membre de la famille, de meilleure copine, d’animal domestique : personne.

– Ok.

– L’uniforme, maintenant…

– L’uni quoi ? répété-je d’une voix aiguë.

– Pas la peine de me sortir que nous ne sommes plus au XVIIIe siècle, que c’est sexiste, dégradant ou autre. C’est l’une de mes conditions et ça ne changera pas.

– Je vous écoute… dis-je, méfiante.

– Juste une tenue sobre, distinguée, qui montrera l’exemple à Birdie. Sans tache de boue, cela va sans dire, ajoute-t-il d'un air supérieur... et insolent. Pas de vulgarité, pas d’accessoires inappropriés. Un haut blanc, un bas noir. De votre choix. Certains éléments pourront évidemment varier : jupe et pantalon, par exemple. Mais toutes vos tenues devront être approuvées par Imogen lors de votre période d’essai.

– Hmm… acquiescé-je de la tête en continuant mon dessin – seul moyen que j’ai trouvé pour ne pas le bouffer outrageusement des yeux.

Une chose est sûre : il est plus agréable à regarder qu’à écouter… Quoi que… Cette voix…

– Vous êtes toujours avec moi ? m’interroge-t-il soudain en revenant s’asseoir. Vous ne m’avez pas l’air très concentré…

– Je le suis. Disponibilité totale, déplacements, pas d’invités, uniforme. Quoi d’autre ? récité-je d’une voix de première de la classe.

– J’aurais dû préciser « personnes insolentes s’abstenir » dans l’annonce… grogne-t-il en essayant de retenir un sourire.

– J’aurais postulé quand même, murmuré-je.

Il s’installe plus confortablement sur son fauteuil en cuir, pose nonchalamment la cheville droite sur son genou gauche et étend les bras derrière lui.

Si c’est une opération séduction, c’est réussi…

Ignore-le. Regarde ta feuille, nympho !

– Règle suivante, énonce-t-il après s’être raclé la gorge. Qui va de pair avec celle de l’uniforme. Pas de piercing apparent, de tatouage, de maquillage trop voyant, de bijoux clinquants ou de coiffure fantaisiste. Un chignon est largement recommandé. Voire de rigueur.

– Vous plaisantez ?

– J’ai l’air de plaisanter ? me reprend-il sans sourciller.

– Vous cherchez une nonne, en fait. C’est le couvent qu’il fallait appeler, pas moi.

– Non, je cherche une jeune femme qui fera passer l’éducation de mon enfant avant sa vanité ou ses goûts personnels. Mis à part votre vernis à ongles rouge et l’incident qui a fait que vous êtes arrivée trempée, je n’ai pas grand-chose à vous reprocher. Pas sur ce plan-là, en tout cas.

– Je ne sais pas comment je dois le prendre… grommelé-je.

– Je peux continuer ou votre ego ne le supportera pas ? s’amuse-t-il.

– Allez-y…

– Ne pas fumer et ne pas boire pendant vos heures de travail. C'est-à-dire toute la semaine. Et évitez les abus pendant les week-ends, aussi. Vous devrez être au top de votre forme à la reprise du travail, le lundi matin.

Aller à confesse chaque soir, c’est obligatoire ?

– Noté, me forcé-je à répondre.

– Je suis exigeant, ça ne fait aucun doute. Et je ne tolérerai pas un seul écart de conduite. En retour, vous bénéficierez d’un salaire plus que conséquent et d’un confort optimal.

– Conséquent ? insisté-je.

– 1500 livres par semaine.

Soit environ 1800 euros. Par semaine ???

– Très bien… soufflé-je en me retenant de sauter au plafond.

Il passe doucement la paume sur sa barbe naissante, puis se lève. Je l’imite, glissant le cahier dans mon sac à main. Nous nous fixons pendant quelques secondes, mes yeux clairs se perdant dans les siens, plus foncés. Ce noir… Ce n’est pas juste une question de couleur. Ses yeux sont… froids. Je les ai vus s’illuminer à deux ou trois reprises durant notre entretien, mais de manière presque imperceptible. Cet homme a souffert, ça ne fait aucun doute. Il porte les stigmates d’un mal lancinant. Celui du deuil.

Est-ce vraiment une bonne idée, ce job ? Je suis venue ici pour combattre mes démons, pas pour les réveiller…

– Quand pensez-vous prendre votre décision ? demandé-je soudain, impatiente de retrouver l’air libre et parfumé des rues de Mayfair.

– Elle est prise. Vous commencez demain matin. 7 heures.

– Pourquoi moi ?! m’écrié-je bêtement, les yeux écarquillés.

– Pourquoi pas vous… ? souffle-t-il entre ses dents. Et puis votre accent est charmant. Il me tarde de l’entendre tous les jours.

Beau comme un dieu, autoritaire ET sarcastique. De mieux en mieux, Mr Rochester.

Un nouveau sourire se dessine sur son visage. Cette fois, j’ai le temps de le détailler – de l’imprimer dans ma mémoire – avant que le géant blond retrouve son masque glacial et tourne les talons en lâchant « Vous connaissez la sortie, Miss Merlin… »

Afficher en entier
Extrait ajouté par Infinite 2014-06-12T07:13:43+02:00

Sa mâchoire se crispe. Il n'est pas indifférent, je le sens au plus profond de moi. Mais cet homme est trop buté pour revenir en arrière. Alors je capitule. Je rassemble tout mon courage, fais deux pas en avant et embrasse Birdie sur la joue. Un long baiser, empreint d’émotions. Un baiser d’adieu. Je ne sais pas si elle le ressent, mais j’ai à peine tourné les talons qu’elle se met à me réclamer.

Dos à eux, je peux enfin ouvrir mes vannes. Les larmes déferlent sur mes joues, alors qu’au loin, j’entends la rouquine prononcer mon nom – ou du moins, ce qui y ressemble :

– Donie ! Donie ! Pas partir ! Donie !

Je quitte l’hôpital, hantée par les cris de la petite. Et par les images de son père. Ses yeux noirs et envoûtants. Ses lèvres que j’aurais tant aimé frôler, au moins une dernière fois. Son magnétisme, son côté obscur, sauvage, qui font encore trembler tout mon corps.

Moi qui voulais prendre un nouveau départ, c’est réussi… Trouver un job en or et le conserver : raté. Ne pas faire ressurgir les démons du passé : raté. Ne pas tomber amoureuse : raté ! ! !

Afficher en entier
Extrait ajouté par clary-bouquineuse 2016-03-13T20:44:50+01:00

– Tu es toujours là ?

– J’appelle SOS médecin sur l’autre ligne, lâché-je d’une voix rauque.

– Pour qui ?

– Pour toi. Il faut t’interner, tout de suite.

– Je ne signerai rien.

– Tu vas gober deux ou trois Valium et le stylo glissera tout seul en bas de la page…

– Saloperie.

– Malade mentale.

Afficher en entier
Extrait ajouté par fangtasia62 2016-03-12T22:53:12+01:00

"Joe a un coeur qui bat, elle est capable de s'attacher, de s'émouvoir, mais le nier est devenu son jeu préféré. Elle a confiance en elle et ça s'arrête là : Elle n'a confiance en personne d'autre. Et si cette attitude la protège des enfoirés affectifs tels que Mathias qui, d'après elle, en était le roi, elle pourrait aussi la priver du grand amour."

Afficher en entier
Extrait ajouté par MarilouM16 2020-03-15T17:19:37+01:00

– Sid, tu peux tout me dire, tu sais ? me fixe Joe en attrapant sa brosse à dents.

– J’ai couché avec lui... chuchoté-je après un long silence, en sentant mes larmes affluer. – Quoi ? s’écrie-t-elle, la bouche pleine de dentifrice. Attends !

Elle me fait signe de lui laisser dix secondes, s’active en frottant ses dents comme une forcenée, puis se rince la bouche comme un vieux routier.

– Continue... soupire-t-elle en me regardant enfiler une robe débardeur.

– Hier soir. Avant de vous rejoindre au bar, avoué-je.

– Sid...

– Non, je t’arrête tout de suite ! dis-je en posant mon index sur ses lèvres. C’était juste du sexe. Pas de sentiments. Je ne veux pas ton avis, c’est trop tôt, je ne sais moi-même pas quoi en penser. Je voulais juste que tu le saches, c’est tout.

– Mais...

– Un café ? grondé-je en optant pour une solution plus radicale : plaquer toute ma main sur sa bouche. – Hmm hmm ! acquiesce-t-elle en bougeant la tête.

– Ok. Et après ça, mission déco !

Afficher en entier
Extrait ajouté par MarilouM16 2020-03-14T16:59:26+01:00

Je me réveille en sursaut. Un brin paniquée.

– Debout, soleil de mes jours ! me secoue Joe, un mug de café fumant à la main.

Je balance mollement un bras dans sa direction en bougonnant, comme si ça allait suffire à la faire taire. Ou mieux... disparaître.

– Debout, tout de suite, ou ta dose de caféine finit dans l’évier !

– Qu’est-ce que tu fous debout, toi ? ronchonné-je en me tournant face au mur. Il n’est même pas 6 heures.

– Pas dormi. J’attends que tu ailles au front avant de me coucher. Tu n’es pas la seule à avoir une journée chargée ! ricane-t-elle de plus belle en tirant sur ma couette.

Elle a gagné. Je lâche un croassement ridicule – supposé être un cri de rage, digne et percutant – et m’extrais du lit d’un bond.

– Tu vois, quand tu veux ! jubile ma jumelle en me tendant le breuvage noir.

– Cinq jours sans toi... Enfin des vacances ! soupiré-je théâtralement en serrant la tasse chaude entre mes mains.

– Tu dis ça maintenant, mais je te parie que tu vas pleurnicher dans ton lit de duchesse, ce soir.

Son ton était... frisquet. Je l’ai vexée. Pendant quelques secondes, je décide de mettre ma mauvaise humeur – et mon stress – de côté et prends ma sœur dans mes bras. Elle résiste un instant, avant de céder. En réalité, je n’ai aucune envie de la quitter.

Quatre nuits loin d’elle. Rien que d’y penser, ça me fout le cafard.

Afficher en entier
Extrait ajouté par clary-bouquineuse 2016-03-13T20:16:59+01:00

– Entrez, Miss Merlin, se décide-t-elle enfin. Mr Rochester vous attend dans son bureau, dernière porte à droite, après la bibliothèque.

– Ma tenue vous convient ? demandé-je alors qu’elle me tourne déjà le dos.

– Vous n’auriez pas passé le pas de la porte, si ça n’avait pas été le cas, dit-elle froidement en s’éloignant.

Vieille chouette acariâtre…

Afficher en entier
Extrait ajouté par stephy82 2014-05-26T10:41:18+02:00

Il passe doucement la paume sur sa barbe naissante, puis se lève. Je l’imite, glissant le cahier dans mon sac à main. Nous nous fixons pendant quelques secondes, mes yeux clairs se perdant dans les siens, plus foncés. Ce noir… Ce n’est pas juste une question de couleur. Ses yeux sont… froids. Je les ai vus s’illuminer à deux ou trois reprises durant notre entretien, mais de manière presque imperceptible. Cet homme a souffert, ça ne fait aucun doute. Il porte les stigmates d’un mal lancinant. Celui du deuil.

Est-ce vraiment une bonne idée, ce job ? Je suis venue ici pour combattre mes démons, pas pour les réveiller…

– Quand pensez-vous prendre votre décision ? demandé-je soudain, impatiente de retrouver l’air libre et parfumé des rues de

Mayfair.

– Elle est prise. Vous commencez demain matin. 7 heures.

– Pourquoi moi ? ! m’écrié-je bêtement, les yeux écarquillés.

– Pourquoi pas vous… ? soufflet- il entre ses dents. Et puis votre accent est charmant. Il me tarde de l’entendre tous les jours.

Beau comme un dieu, autoritaire ET sarcastique. De mieux en mieux, Mr Rochester.

Afficher en entier
Extrait ajouté par fangtasia62 2016-03-12T22:51:39+01:00

"De toute ma vie, je n'ai jamais croisé un homme tel que lui. Qui dégage autant de force, d'assurance. Il a quelque chose d'animal. Une petite cicatrise trace une ligne blanche au coin de son oeil gauche. Je meurs d'envie de la toucher, du bout des doigts."

Afficher en entier

Nouveau ? Inscrivez-vous, c'est gratuit !


Inscription classique

En cliquant sur "Je m'inscris"
j'accepte les CGU de booknode