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Maxi s’éloigne avec nos deux gobelets en direction des récipients où chacun peut se servir librement. Ne le quittant pas des yeux un instant, je remarque qu’il tombe — comme par hasard — sur la petite brune aux taches de rousseur. Ils discutent un instant puis finissent même par éclater de rire, sous mon regard désapprobateur. Je n’aime pas ça.
— Mignon ce petit couple, persifle une voix familière près de mon oreille.
J’incline le visage sur ma gauche, découvrant le barbu qui a fait un esclandre pour récupérer sa chambre de l’année passée. Il me tend une poignée de main, un peu plus amicale que la dernière fois.
— Isaac, se présente-t-il.
Dédaignant sa paume, je reste les bras croisés.
— Connor, réponds-je malgré tout.
Je reporte à nouveau mon regard vers le service des boissons, espérant que l’autre comprenne le désintérêt que j’éprouve à son égard.
— Tu étudies les sciences écos, pas vrai ?
Devant mon silence, il précise :
— Je t’ai aperçu dans l’amphi, au cours de la semaine.
Maintenant qu’il en parle, je ne me rappelle pas l’avoir vu, moi. À moins qu’il se soit installé discrètement tout en haut. En général, je prends plutôt les rangées les plus proches du maître de conférences, pour m’assurer de bien rester concentré.
— Tu fais du sport ?
Mon sang bout dans mes veines. Je n’aime pas ce type et je n’ai aucune confiance en lui. Je ne sais pas ce qu’il cherche en venant me parler, mais si ce serpent recherche son Ève, il se trompe de cible. Je n’entrerai pas dans son jeu.
Me tournant vers lui, je plante mon regard dans le sien, toujours plus noir à mesure que la luminosité décroît.
— Écoute Isaac, je ne te connais pas et honnêtement, je n’ai pas envie de te connaître. Ce que t’as dit à mon pote, c’était à gerber. N’essaie pas de la jouer ami-ami avec moi, je vois clair dans ton jeu.
Son air revêche disparaît peu à peu pour laisser place à un sourire plein de fossettes. Sa barbe plutôt fournie ne le vieillit pas beaucoup, contrairement au commun des mortels. Malgré les traits prononcés de son visage, comme son nez imposant et son visage carré, une véritable harmonie s’est créée. Sa beauté semble figée dans le granit. Évidemment, les gens les plus séduisants sont toujours les plus odieux.
Il porte à nouveau un tee-shirt étriqué mettant en relief ses épaules et ses bras puissants.
— Nous sommes partis sur de mauvaises bases, tous les deux. Je te présente mes excuses pour mon attitude, l’autre jour. J’ai été… contrarié par une autre nouvelle et je me suis lâché sur toi et ton pote.
Désarçonné de recevoir des excuses en bonne et due forme, je reste muet. Il me tend à nouveau la main, sûrement en signe de paix. Ne voyant pas de raison de la refuser cette fois, je glisse mes doigts le long des siens. Une décharge électrique remonte le long de mon bras.
En relevant les yeux vers Isaac, je découvre un petit sourire en coin. Lui aussi l’a ressentie.
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