Extraits

Pendant ce temps, Émilie se dirigeait aussi vite que possible vers le bureau mais ne trouva pas l’arme dans le tiroir du bas, et s’affola en repensant aux paroles de Yiánnis : elle n’avait pas dû bien comprendre ! ?

– Mon Dieu, mon Dieu… Elle est où…

Elle fouillait encore, dans la précipitation et le désordre de ses mouvements difficilement contrôlables tant elle tremblait. Soudain, des coups de feu étaient échangés et elle fut statufiée par une angoisse violente et oppressante. Encore un, puis un autre. Le silence quelques secondes, puis un cinquième… Et le bruit d’un corps qui s’effondre lourdement.

Elle s’était abaissée derrière le bureau, la tête dépassant à moitié pour regarder qui descendrait et suppliait pour que ce soit Yiánnis. Mais aux bruits des chaussures qui claquaient sur les marches, elle comprit que ce n’était pas lui et s’accroupit encore plus, mettant la main sur sa bouche pour retenir le cri de terreur qu’elle avait failli pousser. Il ne fallait pas faire de bruit, l’homme la cherchait en l’appelant… Des phrases qu’elle ne comprenait pas toutes mais avait bien saisi certains mots qu’il avait dits en anglais et de façon très agressive :

« Bitch… Slut… You will die ! »

Elle percevait sa fureur quand il ouvrait les portes, cherchant partout où elle aurait pu se cacher, jetant et cassant tout ce qu’il avait sous la main. Elle l’entendait se rapprocher, et là elle crut mourir… Il allait la trouver !

Elle le fixait avec des yeux très étonnés, s’interrogeant sur les raisons d’une telle haine envers eux. Il hésita à en dire plus, mais lui devait des explications. Alors il raconta comment un jour, lors d’une mission, Nikola avait fait la rencontre d’une jeune femme dont il s’était ensuite fortement épris. Elle ne savait rien de ce qu’il était, ni de ce qu’il devait accomplir.

– Un peu comme toi et moi… dit-il en la fixant avec attention. Il est resté longtemps sur place, sa mission était délicate et devait être minutieusement préparée. Et quand il l’a remplie, il ne voulait plus quitter cette femme… Ils étaient très amoureux l’un de l’autre. Mais même s’il ne lui avait rien dit de… Son métier, tout comme moi il devait en informer l’organisation.

Elle se tut en voyant son visage devenir orageux et prenant peur qu’il ne se fâche maintenant, s’enfuit dans sa chambre en le laissant planté au beau milieu de la pièce. Mais elle l’entendait fort bien lui dire de revenir, et d’une voix très ferme.

Elle ne lui obéit pas et claqua la porte avant de se diriger vers la fenêtre, mais se retourna tout de suite en entendant un grand boum. Marko venait de l’ouvrir en la claquant contre le mur et avançait sur elle d’un air menaçant.

– Je t’interdis de me tourner le dos et de ne pas m’écouter !

Elle était toute tremblante après sa prouesse de l’avoir encore irrité et ne savait pas comment réagir, ni ce qu’il lui ferait car il semblait vraiment en colère. Mais en voyant ses larmes couler rapidement sur ses joues, tout comme les spasmes qui agitaient son corps, il ravala son irritation, soupira et lui dit d’une voix plus calme

Elle avala sa salive, ses yeux étaient brillants mais lui la regardait sans un mot, alors elle continua :

« Au lieu de me dire tout de suite que tu avais rendez-vous avec cette femme et que tu ne savais pas à quelle heure tu allais rentrer ! Tu étais tellement occupé que tu n’as pas eu une seule petite minute pour me prévenir ! J’en ai marre que tu me traites comme si j’étais quelqu’un sans importance ou qu’un meuble dans ta maison… »

– Tu oses me demander si je vais bien alors que je t’attends depuis des heures ! ? Tu ne devais être absent que deux heures tout au plus et… Tu as vu l’heure ! Je me suis inquiétée moi, et toi tu t’en fiches ! Ça ne te viendrait même pas à l’idée que je pouvais me faire du souci, que j’imagine que ta maman n’allait pas bien, que tu avais eu un accident ou quelque chose de plus grave ! ?

Doucement, elle ouvrit la porte pour vérifier si Marko était bien parti. Il n’y avait aucun bruit. Alors lentement, elle avança dans le petit couloir vers la grande pièce centrale. C’était très calme et maintenant qu’elle était seule, s’occupa en fouillant l’appartement, à regarder dans tous les placards, les tiroirs, les meubles…

Tout était rempli et équipé comme s’il venait y habiter régulièrement, et elle se posa un tas de questions à ce sujet. Peut-être était-ce ici qu’il amenait une femme avec qui il avait envie de passer un bon moment ?

C’est vrai qu’il n’était jamais venu à la maison en compagnie d’une amie très proche. Depuis son arrivée, elle l’avait toujours vu célibataire. Enfin, apparemment… Quand il était à l’extérieur, elle n’était pas derrière pour le surveiller ! Et même si Amalia lui avait appris ses sentiments à son égard, et qu’il ne lui avait jamais imposé de relations physiques, il n’empêche que c’était un homme, avec les mêmes besoins et envies… Voyait-il une femme en ce moment ? Hum… Décidément, Marko était quelqu’un sur qui elle se posait beaucoup de questions.