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- Prouve-le-moi, Laura, me dit-il, la voix douce. Prouve-moi que Nicholas a menti.
Je retins une exclamation car je ne pouvais me tromper sur le sens de cette demande, bien qu'elle me parût incroyable. Toutefois, je n'avais pas d'autre moyen de me disculper. Si je me refusais à lui, il risquait de me rejeter avec mépris, de dire qu'il ne voulait pas des restes de son frère. Si telle était la rançon demandée, je devais la payer parce que je n'avais pas le choix.
Afficher en entierAngelique souriait, ravie de constater qu'elle avait deviné l'origine de ma détresse.
- Je ne suis pas aveugle, Laura. N'essaie pas de m'induire en erreur. J'ai bien vu comment Nicholas te regarde quand il croit que personne ne l'observe. Et il en va de même pour toi. Les jumeaux sont particulièrement intuitifs, tu sais, et il y a longtemps que je te soupçonne d'être follement amoureuse de lui. Si j'ai raison, alors, laisse-moi te dire que tu es une vraie dinde... Evidemment, cela ne me regarde pas. De plus, je n'ai pas l'habitude de m'occuper des affaires des autres. Pourtant, j'ai envie de te prodiguer quelques... conseils. Parce que je t'aime bien... Ensuite, je tiendrai ma langue. Tu peux me faire confiance. Les jumeaux savent garder un secret. Ils partagent tant de choses dont ils ne parlent à personne d'autre.
Elle posa sa main sur mon bras puis enchaîna :
- Alors, écoute-moi : Christopher vaut dix fois Ni- cholas, et en outre il n'aime pas que l'on se moque de lui. Je préfère ne pas imaginer sa réaction s'il apprenait que Nicholas te rend rêveuse. Alors, si c'est Nicholas que tu veux, Laura, tu n'as qu'une seule chose à faire : rompre tes fiançailles avec Christopher avant qu'il ne soit trop tard.
Soudain, je m'affolai ;
- Oh, tais-toi, Angelique, tais-toi ! Je refuse d'entendre des choses pareilles.
Afficher en entierL'âge apporte la sagesse
Et les regrets, dit-on,
Et les souvenirs, tels de pâles intrus ;
Pourant, que je le revois avec clarté
Mon passé. Comme des étoiles argentées,
Il brille, scintille dans ma mémoire.
Sans doute est-ce l'heure crépusculaire...
Je me rappelle un certain automne
Sous un ciel de minuit, embrasé et cruel,
Quand tout s'en allait à vau-l'eau
Et se jugeait à la hâte.
Quand, esprit du mal -
Oh, détestable chose ! -
Avec délices, tu lâchas tes démons,
Démons avides de se satisfaire.
Ouragan déchaîné qui souffla sur nos vies,
Aux quatre vents, sans raison,
Tu éparpillas nos espoirs et nos coeurs,
Comme des cendres...
Ce fut folie ! Folie sauvage, sans merci
Qui nous conduisit au crime,
Aux actes dictés par des coeurs meurtris,
Durcis, glacés, pierres de l'hiver.
Mais, cependant, quel ravissement !
Et quelle splendeur fut ma honte !
Je ne peux le nier. Une telle passion...
Oh, je rougis en évoquant
Ma totale soumission,
Celle que demandait mon amour.
Je n'ai à blâmer que moi-même.
Audacieux voleur de ma virginité,
Toi qui me dérobas en un festin charnel
Ma pureté et ma jeunesse,
Comme tu m'arrachas à mes jeux puérils
Pour mettre à nu la vérité d'une femme !
Oh, créature sublime.
Merveilleux gredin !
Tendre fut la douleur que tu m'infligeas
En me transperçant de tes flèches,
En me dérobant mon innocence,
Avant de piétiner mon amour,
Sans pour autant te satisfaire.
Ta cruauté en devint plus vive,
Tes yeux brillèrent de rancoeur,
Je n'étais qu'un pion sur ton échiquier,
Un pion auquel tu ne laissais aucune chance.
Puis vint la déraison de la jeunesse !
Aujourd'hui, je ne peux que pleurer et me repentir.
Ah, ce terrible jour voué à la vilenie !
Tous ces mots atroces que j'ai lancés
A celui qui restait muré dans le silence
Bien qu'il sût que je mentais.
Oh, qu'ai-je fait ce jour-là !
Car la vengeance n'engendre que la vengeance.
Jamais plus nous ne serons réunis,
Comme nous l'étions avant que celui qui fut doublement
[accusé
Ne s'en allât, au loin, sur une mer étoilée.
Au soir de ma vie, je te maudis encore,
Toi qui bafouas mes rêves
Et tout ce que je chérissais
Autrefois... Cependant, ils furent radieux,
Ces jours d'abandon sauvage,
Que nous gaspillâmes, enchaînés au malheur,
Oui, il y a longtemps que je t'aime.
Afficher en entierEn juin de cette année 1846, la situation explosive contraignit le Parlement à abroger les "Corn Laws". Les taxes sur les céréales importées furent pratiquement supprimées ainsi que celles qui pesaient sur l'importation du bétail. Ces dispositions nouvelles encouragèrent les grands propriétaires irlandais à abandonner la culture du blé pour l'élevage du bétail et, dans ce but, à renvoyer leurs métayers devenus inutiles sur les terres transformées en pâturages. L'on vit donc une nouvelle vague d'immigrants aborder les rivages d'Angleterre.
P. 271.
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