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En un certain sens, à bien y réfléchir, c'est idiot qu'on n'ait jamais pensé au vent pour transporter la musique d'un endroit à un autre.On pourrait facilement construire des moulins qui, un peu modifiés, pourraient filtrer le vent et récupérer les sons qu'il emporte dans un instrument idoine qui permettrait ensuite aux gens de les entendre. Je lui ai dit, à Caspar. Mais il dit que les moulins c'est pour la farine. Il n'a aucune poésie dans la tête, Caspar. C'est un brave garçon, mais il lui manque la poésie.
Afficher en entierLa vérité c'est qu'on voit et qu'on entend et qu'on touche tellement de choses ... c'est comme si l'on avait en soi un vieux narrateur qui tout le temps nous raconte une histoire, jamais finie, et pleine de milliers de détails. Il raconte, jamais il ne s'arrête, et c'est ça la vie. Le narrateur que Mormy avait dans le ventre, peut-être quelque chose en lui s'était cassé, ou une douleur cachée qui lui avait collé cette espèce de fatigue qui lui permettait de raconter seulement des bouts d'histoire. Et entre-temps, le silence.
Afficher en entierParce que la vie, c'est comme ça qu'elle te roule. Elle te saute dessus quand tu as l'âme encore tout endormie, et elle t'y fait germer une image, ou une odeur, ou un son qu'ensuite tu ne peux plus ôter de là. Et le bonheur, c'était ça. Tu le découvres après, quand il est trop tard. Quand tu es déjà, pour toujours, un exilé : à des milliers de kilomètres de cette image, de ce son, de cette odeur. À la dérive.
Afficher en entierUn livre ouvert c'est toujours la présence assurée d'un lâche - les yeux cloués sur ces lignes pour ne pas se laisser voler le regard par la brûlure du monde (...) le moyen le plus raffiné de battre en retraite, voilà la vérité. Une obscénité. Mais cependant : la plus douce. C'est ça le plus important (...) : lire est une obscénité bien douce.
Afficher en entierCe ne serait rien si seulement on n'avait pas en face de soi l'infini.
Afficher en entierDes choses arrivent, qui sont comme des questions. Une minute se passe, ou bien des années, puis la vie répond.
Afficher en entierAvoir une note, je veux dire : une note rien qu'à soi. La reconnaître, entre mille, et l'emporter en soi, à l'intérieur de soi, avec soi. Vous ne me croirez peut-être pas, mais je vous le dis, quand vous respirez elle respire, quand vous dormez elle vous attend, elle vous suit partout où vous allez, et je vous jure qu'elle ne vous lâchera pas, aussi longtemps que vous ne vous serez pas décidés à crever, et ce jour-là elle crèvera avec vous.
Afficher en entierMais toi... toi on dirait que tu dois la vaincre, la vie, comme si c'était un défi... on dirait que tu dois la battre à plate couture... quelque chose dans le genre. Un drôle de truc. C'est un peu comme si tu faisais plein de boules de cristal... des grandes... tôt ou tard t'en auras une qui explose... qui sait combien il t'en est déjà explosé, à toi, et combien il t'en explosera encore..... Pourtant...
Afficher en entierLa bouche de Jun Reihl ne te laissait pas en paix. Elle te transperçait les rêves, tout simplement. Elle poissait tes pensées. « Un jour, Dieu dessina la bouche de Jun Reihl. C'est alors qu'il lui vint cette idée tordue du péché. »
Afficher en entierIl y a une dignité immense, chez les gens, quand ils portent leurs propres peurs sur eux, sans tricher, comme des médailles de leur médiocrité. Et je suis un de ceux-là.
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