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Extrait

Extrait ajouté par babaOM 2012-02-08T13:23:08+01:00

1

Un simple accident

James Choke détestait les cours de chimie. Avant d'entrer au collège, il s'imaginait que cette discipline consistait à manier des tubes à essai afin de provoquer des jets de gaz et des gerbes d'étincelles. En réalité, il passait chaque leçon, assis sur un tabouret, à recopier les formules que Miss Voolt gribouillait sur le tableau noir, quarante ans après l'invention de la photocopieuse.

C'était l'avant-dernier cours de la journée. Dehors, la pluie tombait et le jour commençait à décliner. James somnolait. Le laboratoire était surchauffé, et il avait passé une grande partie de la nuit précédente à jouer à Grand Theft Auto.

Samantha Jennings était assise à ses côtés. Les professeurs adoraient son caractère volontaire, son uniforme impeccable et ses ongles vernis. Elle prenait ses notes avec trois stylos de couleurs différentes et couvrait ses cahiers pour les garder en bon état. Mais dès qu'ils avaient le dos tourné, elle se comportait comme une vraie peau de vache. James la haïssait. Elle ne cessait de se moquer ouvertement de l'aspect physique de sa mère.

— La mère de James est si grosse qu'elle doit beurrer les bords de sa baignoire pour ne pas rester coincée.

Les filles de sa bande éclatèrent de rire, comme à leur habitude.

À la vérité, la mère de James était énorme. Elle commandait ses vêtements dans un catalogue de vente à distance réservé aux personnes souffrant d'obésité. Faire les courses en sa compagnie était un véritable cauchemar. Les gens la montraient du doigt, ou la dévisageaient avec insistance. Les enfants imitaient sa démarche maladroite. James l'aimait, mais il s'arrangeait toujours pour trouver un moyen de ne pas se montrer en sa compagnie.

— Hier, j'ai fait un footing de huit kilomètres, dit Samantha. Deux fois le tour de la mère de James.

Ce dernier leva la tête de son cahier d'exercices et plongea ses yeux bleus dans ceux de la jeune fille.

— Cette vanne est à crever de rire, Samantha. Encore plus drôle que les trois premières fois où tu nous l'as servie.

James était l'un des élèves les plus bagarreurs du collège. Si un garçon s'était permis de dire quoi que ce soit sur sa mère, il lui aurait flanqué une dérouillée mémorable. Mais comment devait-il réagir devant une fille ? Il prit la décision de s'asseoir aussi loin que possible de cette vipère dès le cours suivant.

— Essaie de te mettre à notre place, James. Ta mère est un monstre.

James était à bout de nerfs. Il se dressa d'un bond, si brutalement qu'il renversa son tabouret.

— C'est quoi ton problème, Samantha ? cria-t-il.

Un silence pesant régnait dans le laboratoire. Tous les regards étaient braqués sur lui.

— Qu'est-ce qui ne va pas, James ? demanda Samantha, tout sourire. Tu as perdu ton sens de l'humour ?

— Monsieur Choke, veuillez vous rasseoir et vous remettre au travail immédiatement, ordonna Miss Voolt.

— Si tu ajoutes quoi que ce soit, Samantha, je te...

James n'avait jamais brillé par sa repartie.

— ... je te jure que je...

Un gloussement stupide jaillit de la gorge de la jeune fille.

— Qu'est-ce que tu vas faire, James ? Rentrer à la maison pour faire un gros câlin à maman baleine ?

James voulait voir ce sourire stupide disparaître du visage de Samantha. Il la saisit par le col, la souleva de son tabouret, la plaqua face contre le mur puis la fit pivoter pour lui dire droit dans les yeux ce qu'il pensait de son attitude. Alors, il se figea. Un flot de sang ruisselait sur le visage de la jeune fille, jaillissant d'une longue coupure à la joue. Puis il aperçut le clou rouillé qui dépassait du mur.

Terrorisé, il fit un pas en arrière. Samantha porta une main à sa joue, puis se mit à hurler à pleins poumons.

— James Choke ! s'exclama Miss Voolt. Cette fois, tu as été trop loin !

Les élèves présents dans la salle murmurèrent. James n'eut pas le courage d'affronter l'acte qu'il venait de commettre. Personne ne croirait qu'il s'agissait d'un accident. Il se précipita vers la porte.

Miss Voolt le retint par le bras.

— Eh, où vas-tu, comme ça ?

— Poussez-vous ! cria James en lui administrant un violent coup d'épaule.

Stupéfaite et choquée, la femme chancela vers l'arrière en battant vainement des bras.

James détala dans le couloir. Les grilles du collège étaient closes. Il les franchit d'un bond et quitta l'établissement par le parking des professeurs .

*

* * *

Il marchait sous la bruine comme un automate. Sa colère avait peu à peu cédé la place à l'anxiété. Jamais il ne s'était fourré dans une situation aussi dramatique.

Son douzième anniversaire approchait, et il se demandait s'il vivrait assez longtemps pour le célébrer. Il allait être exclu du collège, car ce qu'il avait commis était impardonnable. En outre, il était certain que sa mère allait l'étrangler.

Lorsqu'il atteignit le petit parc de jeux situé près de chez lui, il sentit la nausée le gagner. Il consulta sa montre. Il était trop tôt pour rentrer à la maison sans risque d'éveiller les soupçons. Il n'avait pas un sou en poche pour s'offrir un coca à l'épicerie du coin. Il n'avait d'autre solution que de se réfugier dans le parc et se mettre à l'abri sous le tunnel en béton.

Celui-ci était plus étroit que dans ses souvenirs. Les parois étaient recouvertes de tags, et il exhalait une révoltante odeur d'urine canine. James s'en moquait. Il avait le sentiment de mériter ce séjour dans une cachette glacée et malodorante. Il frotta ses mains pour les réchauffer. Alors, des images du passé lui revinrent en mémoire.

Il revit le visage de sa mère, mince, éclairé d'un sourire, apparaissant à l'extrémité du tunnel. Je vais te manger, James, grondait-elle. Les mots résonnaient sous la voûte de béton. C'était chouette.

— Je ne suis qu'un pauvre minable, murmura James.

Ses paroles résonnèrent en écho. Il remonta la fermeture Éclair de son blouson et y enfouit son visage.

Une heure plus tard, James parvint à la conclusion que deux possibilités s'offraient à lui : il devait se résoudre à croupir dans ce tunnel jusqu'à la fin de ses jours, ou rentrer à la maison pour affronter la fureur de sa mère.

*

* * *

Dans le vestibule, il jeta un œil au téléphone posé sur la tablette.

12 appels en absence

À l'évidence, le directeur de l'école s'était acharné à joindre sa mère. James se félicita qu'il n'y soit pas parvenu, mais il se demandait pourquoi elle n'avait pas décroché. Puis il remarqua la veste de l'oncle Ron suspendue au portemanteau.

Ce type avait surgi dans sa vie alors qu'il n'était encore qu'un bébé. C'était un véritable boulet qui fumait, buvait et ne quittait la maison que pour picoler au pub. Il avait eu un job, une fois, mais s'était fait virer au bout de deux semaines.

Si James avait toujours su que Ron était un bon à rien, sa mère avait mis du temps à en prendre conscience et à se résoudre à le mettre à la porte. Hélas, il avait eu le temps de l'épouser et de lui faire un enfant. Pour quelque raison étrange, elle conservait de l'affection pour lui et n'avait jamais demandé le divorce. Ron se pointait une fois par semaine, sous prétexte de voir sa fille Lauren. En réalité, il faisait son apparition lorsqu'elle se trouvait à l'école, dans le seul but de soutirer quelques billets.

Sa mère, Gwen, était affalée sur le sofa du salon. Ses pieds étaient posés sur un tabouret. Elle portait un bandage à la cheville gauche. Ron, lui, était avachi dans un fauteuil, les talons sur la table basse, les orteils saillant de ses chaussettes trouées. Ils étaient tous deux ivres morts.

— Maman, tu sais bien que tu n'as pas le droit de boire, avec ton traitement, protesta James, oubliant aussitôt tous ses problèmes.

Ron se redressa péniblement en tirant sur sa cigarette.

— Salut, mon petit, dit-il en exhibant ses dents déchaussées. Papa est de retour à la maison,

James et Ron se jaugèrent en silence.

— Tu n'es pas mon père.

— Exact, fiston. Ton père a pris ses cliques et ses claques le jour où il a aperçu ta sale petite face de rat.

James hésita à évoquer devant son beau-père l'incident qui s'était produit au collège, mais sa faute était un poids trop lourd à porter.

— Maman, il m'est arrivé un truc au bahut. C'était un accident.

— Tu as encore mouillé ton pantalon ? ricana Ron.

James resta sourd à cette provocation.

— Écoute, mon chéri, dit Gwen d'une voix pâteuse, nous discuterons de tout ça plus tard. Pour le moment, va chercher ta sœur à l'école. J'ai bu quelques verres de trop et je ne devrais pas conduire dans cet état.

— Maman, c'est vraiment sérieux. Il faut qu'on en parle.

— Fais ce que je te demande, James. J'ai une migraine abominable.

— Lauren est assez grande pour rentrer toute seule.

— Obéis, pour une fois ! aboya Ron. Gwen, si tu veux mon avis, ce petit con a besoin d'un bon coup de pied où je pense.

— Maman, il t'a piqué combien, aujourd'hui ? demanda James d'un ton acide.

Gwen secoua une main devant son visage. Elle détestait ces disputes incessantes.

— Bon sang, est-ce que vous ne pouvez pas passer cinq minutes dans la même pièce sans vous faire la guerre ? James, va voir dans mon porte-monnaie. Achetez-vous quelque chose pour dîner en rentrant. Je n'ai pas envie de cuisiner, ce soir.

— Mais...

— Débarrasse-nous le plancher avant que je perde patience, gronda Ron.

James était impatient d'être de taille à flanquer une raclée à son beau-père et de débarrasser une bonne fois pour toutes sa mère de ce parasite.

Il se retira dans la cuisine et inspecta le contenu du porte-monnaie. Un billet de dix livres aurait largement fait l'affaire, mais il en prit quatre. Ron avait la désagréable habitude de dérober tout l'argent qui passait à sa portée, et il savait qu'il ne serait pas soupçonné. Il fourra les quarante livres dans une poche arrière de son pantalon. Gwen ne se faisait aucune illusion sur les espèces qu'elle laissait traîner. Elle gardait ses économies dans un coffre, à l'étage.

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