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Commentaires de livres faits par Christophe-96

Extraits de livres par Christophe-96

Commentaires de livres appréciés par Christophe-96

Extraits de livres appréciés par Christophe-96

C’était un faire-part glissé sous la porte d’entrée, que je déchiffrais posément dans l’ombre du patio. Bientôt je ne pensais plus à rien, caressais simplement du pouce les enluminures, le petit ange gaufré, et le texte paisible qui venait de m’apprendre la mort de mon premier amour.

“Nous avons le regret de vous annoncer le décès de Mme GUNZ Marie, née GUILLEMOT, ce 29 octobre. Sur son lit de souffrance, Marie aura nommé ses amis éternels, que sa famille accablée convie par la présente à un dernier pèlerinage discret, organisé ce 12 novembre à 10 heures du matin, partant de la place du Laveu, pour finir en prières aux serres du Jardin botanique.”

J’ai du mal à dissocier Marie Guillemot de la période de ma vie où nous avions 20 ans. Un lac insouciant d’où surgissent dans mon esprit des scènes disparates. Marie y apparait toujours en couleur, tandis que les silhouettes d’hommes jeunes qui faisaient autour d’elle un barrage de leur corps tracent un mouvement de tension en niveaux de gris. J’étais une écaille de ce bouclier, les bras déployés comme ceux de mes comparses à la façon de l’aigle, une mêlée qui finissait par se refermer tel un dôme au-dessus de son carré châtain. De ce surplomb subsiste aujourd’hui encore la formidable image du galbe de son dos nu et chaud, bâillant au col d’un chemisier ample dont je pourrais dire la marque. Émus dans notre contorsion, enivrés ainsi de son parfum de femme, comme un châtiment mérité nous acceptions sur l’arrière du crâne la grêle et les coups. C’était l’époque des amours confinés, dont l’expression ne passait que par le nez — les arômes et les pleurs.
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J’avais demandé un jour à Michel, par une curiosité toute informelle, quel était son instrument favori entre tous. Mais, ça… il m’avait répondu qu’il ne m’en dirait rien. Comme je m’étais arrêtée de jouer pour le dévisager, il m’avait prévenue que si je pressais le sujet, au mieux obtiendrais-je un mensonge. J’avais rabattu le couvercle du clavier et avais exigé de savoir pourquoi diable il cachait cette information anodine. Il avait passé une main dans ses cheveux.
— Parce que les jeunes filles parlent à leur mère, au moins jusqu’à leurs quinze ans, et que votre mère me renverrait sans ménagement si je vous en disais quoi que ce soit. »
J’avais promis de n’en rien faire, mais il avait posé un doigt sur sa bouche. En relevant le couvercle, un temps j’avais essayé d’imaginer un instrument de ceux qu’on cache, un instrument honteux. Mais après quelques gammes, ça n’avait toujours pas de sens.
— Il n’y a tout simplement pas d’instrument honteux, » avais-je dit platement. Michel avait souri sans vraiment sourire.
— C’est précisément la raison pour laquelle Mademoiselle Déborah a besoin d’être éduquée musicalement quelques années encore. »

Je m’étais dit que c’était ça, alors : mon éducation musicale devait me mener à trouver un instrument honteux ; et je lui avais demandé, un peu affolée, ce qu’il se passerait si je persistais à ne jamais trouver aucun instrument honteux.

Il avait ri, et moi je ne riais pas, j’avais répété la question en allongeant le ton, j’étais prise pour une buse. Il m’avait répondu, voyant que je n’en démordrais pas, que tout le monde n’est pas obligé d’être musicien ; tenez, ce que je vous apprends, ce n’est pas tant la musique que la vie ; l’important n’est pas qu’au final vous trouviez votre « instrument honteux » — en musique, s’entend —, mais que vous trouviez votre moyen d’expression, quel qu’il soit ; et croyez bien que si vous le maîtrisez, il sera honteux selon votre mère et, avec un peu de chance, selon l’établissement — pour peu que vous vous mettiez un jour à leur dire leurs quatre vérités depuis les profondeurs de la sincérité.
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Cette histoire remonte aussi loin que St-Jean Bosco. À l’enfant que j’y étais. Ce garçon calme ; peut-être trop calme ; assis à son pupitre, perdu la langue aux commissures dans ses petites considérations mathématiques, appliqué sur sa feuille gommée comme face à l’intégralité des problèmes du monde. J’arrive parfois à me remettre dans les conditions d’alors ; j’avais déjà, je le ressens encore, un intérêt pour tout ; j’avais 7 ans, si l’on veut, comme on a 7 ans. Je me dis ça et pourtant, je sais maintenant que peu de gens ont eu 7 ans.
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C’était mon quotidien, mes petits évènements personnels, qui avaient sensibilisé mon intérêt pour lui. Sa proximité, aussi — son nom m’a toujours été connu, j’entendais « Daniel Bertolini » dans la cour de récréation de St-Jean Bosco ; comme si, lui, comme d’autres bien sûr, faisait partie du folklore local. Il était donc très tôt entré dans mes habitudes. Je vais essayer d’être exhaustive.

Mon tout premier souvenir d’enfance est un anniversaire. Et je m’en souviens sans doute parce que l’évènement est accompagné, et indissociable, du sentiment d’abandon. Car à cette occasion, mes parents avaient tout simplement décidé de quitter la maison ; nous étions livrés à nous-mêmes, 50 enfants de sept ans et moi, au milieu des courants d’air de la grande demeure. Ma mère avait cette vision-là de l’éducation, et le développement de l’autonomie des enfants devait selon elle passer par ce genre de traitement de choc.
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Pourquoi Déborah Sévigny ? Parce qu’elle est belle comme une star de cinéma des années 30 — je lui ai dit ça, mais ça ne lui suffit pas. Moi, ça me suffit, il ne m’en faut pas plus. Je ne suis pas compliqué. Benoît a fermé le bar, il a passé son petit essuie-mains sur son épaule. Nous sommes à une table, dans la salle vide. Une bouteille surmontée d’un bec en métal est posée devant deux petits verres. Je pose mon dos sur le dossier en Skaï et souffle un peu ; je vois bien où ça va. Je crois que j’aime bien parler des femmes avec Benoît. Ah, attention, il me dit que ce n’est pas une femme, attention ! Je lui souris, espiègle. Il veut savoir — non pas pourquoi, cette fois, mais comment je l’ai choisie, elle. Le premier shot de cet alcool transparent a été le plus difficile de la série qui suivra. J’ai fixé Benoît, il était trop sérieux ; il voulait toute l’histoire — depuis ma tendre enfance ; depuis l’âge de raison. Il m’a resservi.

Alors, j’ai tout déballé.
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Comment avais-je donc fait la connaissance de Daniel Bertolini ? Durant un très court instant, j’ai cru à une question rhétorique — comment avais-je donc pu ? —, que j’allais aisément balayer d’un bruit de nez ; mais Monique s’est levée, en douceur ; lentement les rideaux sont tirés, deux verres ballon sont posés sur la table basse et un cliquetis illumine la porte de la cave à vins. Je comprends alors que c’est l’un de ces soirs, comprends alors que Monique a posé la question comme on plante un décor, une scène de théâtre, un jeu de rôles. Que c’est tout sauf une histoire de bruits de nez ; que c’est une histoire de nuit blanche, et d’alcool. Elle veut savoir, ça semble important ; important à différents niveaux, qui m’échappent encore. Je sais que mon amie a craqué pour lui bien avant moi. La lumière du couloir s’éteint. Le tire-bouchon dans le poing de Monique est une patte de cerf. Le goulot décrit deux arcs de cercle maîtrisés au fil de nos ballons. Un dernier bus passe dans la rue, comme les trois coups d’un régisseur.

Alors, aussi simplement que ça, je raconte ma vie à Monique.
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C’était une enveloppe carrée, un pliage en carton blanc, qui rappelait le faire part. Il l’avait posée sur la table du salon, à l’écart du reste de sa correspondance ; c’était visiblement là une intruse. Les longues lettres rectangulaires de l’administration, elles, froides, impersonnelles, touchaient au portefeuille, c’était un moindre mal ; ici l’intruse avait été manipulée, léchée, serpentait sur ses deux faces une écriture manuelle qui flairait l’émotion, présageait la vraie vie — la tragédie. Michel sentait poindre une sorte de désespoir. On voulait l’extirper de sa vie paisible, on lui proposait un drame social. Il avait pensé à son grand ami Roger, bien sûr ; on lui annonçait sa mort. Ou bien quelqu’un avait trouvé bon de lui souhaiter un bon anniversaire, car c’était peut-être bien son anniversaire, il ne savait plus très bien les dates. Ou alors, invoqués du chaos des embranchements familiaux interminables, arrivaient encore au monde des petits-neveux et des petites-nièces ; peut-être était-il question de leur naissance, de leur mariage ou de leur mort ? Le désespoir perdurait.
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date : 09-07-2019
Michel Montegnée se tient debout dans la pièce isolée du premier étage. Il évalue ce qu’on pourrait en dire. Comment tourner l’annonce. Ce qu’il se doit d’omettre. Étouffer sa première impulsion terrifiante d’en décrire les hivers, ou les étés ; la solitude pesante du quartier en lui-même, les tégénaires soudaines à fleur de papier peint. Le radiateur à bain d’huile qu’il a placé dans un coin ne fait peut-être plus sauter les plombs. Sous l’unique fenêtre, Michel a poussé un bureau d’enfant, un tabouret brut ; à droite, son vieux lit métallique. De l’ampoule qui pend du plafond dégringole un abat-jour en carton jaune à franges.
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À la fin des années 60, l’adolescent effacé que j’étais ne rêvait pas. Je me souviens d’heures longues à attendre mon tour aux tâches familiales, à observer les chats mourir les uns après les autres d’un mal qui semblait toucher le terrain sur lequel la maison était bâtie. Mon quatorzième anniversaire, pareillement, s’annonçait formel ; il y aurait du sucre et de la crème. Ma grand-mère paternelle me fit asseoir dans le divan et me tendit un petit livre relié, en cuir, plutôt lourd. Le nom de l’auteur était étranger, avec des lettres qu’on ne m’avait pas apprises. Je le posai sur la table basse et le feuilletai poliment. Je marquai une pause, mais ne levai pas les yeux quand, gêné, je m'aperçus que le texte était en allemand ; dans toute ma déférence, j’embrassai grand-mère et goûtai mon gâteau. Mon allemand à quatorze ans devait se résumer à cinquante mots basiques, mais que le livre fût en wallon, je ne l’aurais tout de même pas lu. Car je ne lisais pas.
Je ne me souviens pas avoir emporté le roman quand le soir venu je suis monté dans ma chambre, ni pourquoi j’y repensai particulièrement quelques semaines plus tard. Car le cadeau m’avait laissé une im-pression, légèrement lancinante, un peu irréelle, que je n’avais pas tout d’abord attribuée au livre en lui-même. Peut-être était-il simplement incongru d’offrir à son petit-fils francophone une œuvre en allemand. Peut-être aussi subsistait-il une légère frustration de n’avoir point reçu l’inévitable camion de pompier à faire racler aux quatre coins du salon. Mais ce n'était pas ça. Je tardais à réaliser, tout simplement, l’ampleur de cette taquinerie qu’était un livre fermé. Étais-je en train de devenir curieux ? Était-ce donc là le plan échafaudé par ma grand-mère ? À vrai dire, j’aurais peut-être bien pu bouder un livre fermé, j’en avais vu d’autres ; je tentai de me rendormir. Et je m’endormis jusque Pâques ; mais m’y réveillai en sursaut. Je pouvais bien en effet bouder un temps le mystère d’un livre fermé, mais pas celui, double, d’un livre fermé écrit en allemand.
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Il va être 11 heures, je suis chez des gens. Je ne sais pas comment je vais rentrer. Le long pèlerinage silencieux ne s’est dispersé que vers 7 heures. Je pense que j’ai atterri chez l’un des cousins, enfin je sais que je suis rue Saint-Gilles, quelque part sur sa longueur, je n’ai pas fait attention. Quand la procession s’est arrêtée, sous un lampadaire, peut-être voyais-je la rue Trappé sur la droite ; dans les buées quelqu’un a sorti sa clé et tout le monde a basculé à l'intérieur.
Le patio était orangé, il y avait des langues de plastique colorées qui pendaient à la porte du salon où nous nous sommes engouffrés. J’ai bien vu qu’on était à l’arrière d’un commerce, j’apercevais dans la pièce qu’on contournait, derrière une vitrine latérale, un étalage escamoté de chaussures pour femmes. Les « cousins » auront allumé le radiateur, puis le lustre, dans cet ordre, si bien qu’un temps j’ai pu penser qu’on s’en tiendrait à une pénombre moite. Nous nous sommes d’ailleurs accolés machinalement aux coins morts du salon, comme par une force centrifuge, pour éviter de figurer d’une quelconque façon, de nous démarquer ; de voler la vedette à Claudine ce soir.
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