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Le 19 juillet 1870, Monet est à Trouville où il passe l'été. Il y apprend que la guerre est déclarée entre la France et la Prusse. Monet n'a pas la tête politique. Seule la peinture lui importe et il ne se voit pas se réengager dans l'armée. Au contraire de Bazille, qui s'est engagé comme sous-lieutenant du 3e régiment de zouaves pour défendre la France et qui croyait en la vie : "Pour moi, je suis bien sûr de ne pas être tué, j'ai trop de choses à faire dans la vie..." Pourtant, à vingt-neuf ans, les balles prussiennes l'arrachent à la vie. Un 28 novembre 1870, à Beaune-la-Rolande. Le bon Samaritain de Monet s'éteint comme il a vécu. Généreusement.

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Si Clemenceau et Monet disposent dès leur enfance d'un caractère affirmé, ils sont néanmoins fort différents. L'un est travailleur et a fait des études de médecine, l'autre est dilettante et ne se reconnaît aucun maître. Le premier s'intéresse à tout, le second seulement à la peinture. L'un admire son père, l'autre est en conflit avec le sien.

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"Si tu veux me venger, travaille !" Benjamin Clemenceau a les menottes au poignet. Il répond à son fils, Georges, âgé alors de seize ans, qui vient de lui dire "Je te vengerai !". En janvier 1858, le père de Clemenceau a été arrêté en vertu de la loi de sûreté générale. Napoléon III vient d'échapper à Paris à un attentat de Felice Orsini, un révolutionnaire et patriote italien. Le prétexte est tout trouvé pour faire le ménage chez les républicains. Le père du Tigre n'en est d'ailleurs pas à sa première arrestation. Déjà, au lendemain du coup d'Etat du 2 décembre 1851, il avait passé un mois à la prison de Nantes. Benjamin Clemenceau a le tort d'être un républicain et de ne pas s'en cacher. Ce qui n'est pas la position la plus confortable sous le régime impérial de Napoléon III. Les Clemenceau sont des bleus dans la blanche Vendée.

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Le 19 septembre, le décret de grâce est signé par le président Loubet. Néanmoins, le pourvoi demeure. Clemenceau rappelle le sens du combat qu'il mène depuis cinq longues années déjà : "Je n'ignore pas qu'on va poursuivre la réhabilitation de Dreyfus devant la Cour de cassation. Nos juges civils finiront, après je ne sais quelle procédure, par mettre en morceaux la prétendue justice qui, par le mensonge des circonstances atténuantes, et par l'abaissement de deux degrés de la peine, s'est infligé à elle-même le plus éclatant démenti. Cela peut être excellent pour Dreyfus, et après l'expérience qu'il a faite des Conseils de guerre, il est excusable de chercher dans la justice civile une sécurité supérieure. Mais au-dessus de Dreyfus - je l'ai dit dès le premier jour - il y a la France, dans l'intérêt de qui nous avons d'abord poursuivi la réparation du crime judiciaire. La France à qui les condamnations de 1894 et de 1899 ont fait plus de mal qu'à Dreyfus lui-même. La France qui ne peut vivre en dehors des conditions ordinaires de la vie civilisée. La France qui ne peut vivre sans l'idéal de justice et de charité humaine qui fut sien." Clemenceau refuse pour ces mêmes raisons de voter la loi d'amnistie du 14 décembre pour tous les faits relatifs à cette affaire.

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Pour une fois, Monet ne reste pas en dehors de la politique. Par trois fois, il écrit à Emile Zola pour le féliciter de son combat dans l'affaire Dreyfus. Il regrette de ne pouvoir le soutenir davantage : "Je suis de loin et avec passion cet ignoble procès. [...] Comme je voudrais y être. [...] J'admire de plus en plus Zola pour son courage." Monet signe également le "Manifeste des intellectuels", qui est publié le lendemain du "J'accuse... ! " dans L'Aurore. Sans doute était-ce le maximum de son engagement. Il écrit, en effet, quand on lui demande de faire partie de la Ligue des droits de l'homme : "J'ai signé la protestation de L'Aurore, j'ai directement écrit à mon ami Zola ce que je pensais de sa courageuse et belle conduite. Quant à faire partie d'un comité quelconque, ce n'est pas du tout mon affaire."

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Clemenceau s'était plus battu pour ses idéaux que pour Dreyfus ; ce qu'il dira à ce dernier dans une lettre du 15 octobre 1899 : "Combattre pour vous c'était combattre pour la France." Il confie son sentiment sur Dreyfus : "[Il] a été inférieur à l'affaire Dreyfus de je ne sais combien d'abîmes. C'est beaucoup mieux comme ça, d'ailleurs. On ne pourra pas nous reprocher de nous être laissé entraîner par son fluide. Il n'en avait pas pour deux sous. Pauvre Dreyfus !" Et de rappeler la force de ses convictions : "Rien à attendre du peuple, oublieux de son idéal, désenchanté de ses espérances. Rien à attendre de ses représentants occupés à se disputer les bénéfices du pouvoir. Rien à attendre que de la conscience humaine révoltée. Rien que de possible que l'insurrection de l'individu. Par son gant jeté à la face de toutes les puissances qui sont, Zola, superbement rebelle, a fait l'acte sauveur."

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Il n'y aura finalement pas de troisième procès. Le12 juillet 1906, la Cour de cassation casse sans renvoi le jugement de Rennes. La "victime" Dreyfus est réhabilitée. Il réintègre l'armée. Le "héros" Picquart est nommé de son côté général de brigade. Il deviendra en 1906 le ministre de la Guerre de Clemenceau. En juin 1908, Zola entrera au Panthéon grâce à l'action de Clemenceau. Péguy écrit sur la transformation qu'a opérée l'Affaire sur ses plus farouches défenseurs, et au premier rang Clemenceau : "Il est certain que depuis le commencement de l'affaire Dreyfus, le colonel Picquart, Zola, Clemenceau [...] tant d'autres, sont devenus des hommes nouveaux, non pas nouveaux en ce sens qu'ils seraient devenus différents de ce qu'ils étaient avant, mais nouveaux en ce sens que des parties entières de leur talent, de leur génie, de leur caractère, de leur âme, insoupçonnées jusqu'alors, et qui pouvaient rester insoupçonnées toujours, se sont soudain révélées avec un éclat incomparable."

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Trois hommes vont convaincre Clemenceau de l'illégalité et de l'injustice du procès ; l'innocence viendra après : son ami Scheurer-Kestner, Mathieu Dreyfus et Lucien Herre, le bibliothécaire de l'Ecole normale supérieure de la rue d'Ulm. Après la faillite de La Justice, dont il paiera les dettes jusqu'en 1920, Clemenceau est devenu rédacteur en chef de L'Aurore en octobre 1897. Le 1er novembre, il publie son premier article sur l'affaire Dreyfus. Suivront, jusqu'en 1903, plus de 665 articles, représentant plus de 4 000 pages en sept volumes. "Dreyfus a été jugé par ses pairs, et déclaré coupable. Nous devons tenir le jugement pour bon jusqu'à nouvel ordre. Ce qui fait évidemment l'hésitation de quelques consciences, c'est que certaines pièces du procès ont été soustraites au regard de tous, dans l'intérêt supérieur de la France, a-t-on dit. C'est aussi que l'expertise en écriture sur laquelle se fonde la condamnation a parfois été reconnue de certitude devant les tribunaux. C'est qu'enfin Dreyfus est juif, et qu'une campagne antisémite prolongée a créé dans une partie de l'opinion française un préjugé violent contre le peuple de qui nous vint Jésus. La bonne foi des juges ne saurait être mise en question. Mais les hommes sont faillibles." Ce n'est que quelques semaines plus tard, grâce à Matthieu Dreyfus, Clemenceau est convaincu de l'innocence de Dreyfus. Les articles se succèdent alors. Désormais, l'Affaire commence. Et Zola lance le combat dans Le Figaro du 25 novembre : "La vérité est en marche, et rien ne l'arrêtera."

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De son côté, Clemenceau a beaucoup appris du théâtre politique. Son intransigeance a bousculé une majorité républicaine devenue conservatrice et prudente. Il affronte le temps de l'ingratitude et de la solitude des grands hommes. Sa force de caractère et d'âme lui permet alors de vivre une autre vie, une vie de journaliste, une vie de combat aussi au service du droit et de la justice, dont la France n'est jamais totalement absente.

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Dans les années 1880, Monet ne s'est pas laissé déborder, ni par sa peinture ni par les néo-impressionnistes. Au contraire. Il a relevé avec talent le défi de la maturité. Alors que dans les années 1860 et 1870, il avait surtout peint Paris et ses environs, il ouvre maintenant sa peinture à la France et au monde. Face à la contestation de sa peinture et à une nouvelle école qui annonce l'art moderne, Monet revendique et assure la supériorité de sa peinture en renouvelant ses paysages et ses effets. C'est désormais au service d'une France aux paysages divers et merveilleux que Monet va mettre sa force et son génie esthétiques.

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